AMNEVILLE-LES-THERMES — A nouveau dans le rouge pour les cinq premiers mois de leur exercice, les casinos s'estiment "délaissés" et "victimes d'un manque de considération" de la part des pouvoirs publics.
"Nous sommes les parents pauvres" des jeux d'argent en France, a dit Michel Roger, président de Casinos de France, lors de l'assemblée générale annuelle à Amnéville-les-Thermes (Moselle).
Cette organisation patronale (groupes Barrière, Tranchant et joa et des casinos indépendants) est la première du secteur, représentant 101 des 196 casinos français et 60% du produit brut des jeux (PBJ, différence entre les mises et les gains des joueurs, équivalent du chiffre d'affaires pour les casinos).
Après une timide embellie en 2011, les casinos français, qui emploient 15.500 personnes, ont connu une baisse de leur PBJ de 1,8% en 2012 (1er novembre 2011 - 31 octobre 2012) à 2,275 milliards d'euros. Pour les cinq premiers mois de l'exercice 2013 (novembre 2012 - mars 2013), les casinos enregistrent une baisse globale de 3 à 4%, selon Michel Roger.
Au début de l'année, la profession s'était tournée vers le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour lui demander de "débloquer" l'exploitation de nouveaux jeux et un aménagement de leurs horaires. Ils ont obtenu quelques semaines plus tard seulement un découplage des horaires d'ouverture et de fermeture des salles de jeux de table (roulette, poker ..) et des salles de machines à sous.
Les casinos redemandent donc de pouvoir exploiter de nouveaux jeux "qui ne coûteraient rien à l'Etat et pourraient même lui rapporter de l'argent".
" Lenteur castratrice "
"Car nous sommes collecteurs d'impôts", relève le président de Casinos de France en rappelant que les casinos ont versé en 2012 dans les caisses de Bercy 1,1 milliard d'euros, dont 270 millions d'euros sont revenus dans le budget des communes accueillant des casinos. Le casino de Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime), dirigé par Michel Roger, rapporte ainsi chaque année 700.000 euros au budget de cette commune balnéaire de 4.800 habitants.
Plusieurs nouveaux jeux de cartes (bataille, variantes de poker ...) ou de roulette électronique sont actuellement expérimentés dans des casinos, explique le président de Casinos de France.
Il cite le jeu de la bataille, expérimenté pendant la période légale de six mois dans trois casinos, dont celui de Trouville (Calvados) qui a rencontré un très bon accueil des joueurs. Mais la période d'expérimentation a été fermée et le jeu ne peut plus être proposé, faute d'un décret en Conseil d'Etat qui n'a pas été présenté par le ministère de l'Intérieur, l'une des autorités de tutelle avec celui du Budget.
"Le sentiment général de la profession est celui de l'amertume", résume Michel Roger qui parle du "manque de considération de nos autorités de tutelle".
La procédure pour l'introduction d'un nouveau jeu dans les casinos "est trop longue", assure-t-il, car après les six mois d'expérimentation il faut au moins un "an minimum" d'attente pour la sortie du décret autorisant ce jeu, une "lenteur administrative castratrice".
"Du coup, nous n'avons pas eu d'autorisation de nouveaux jeux depuis longtemps", dit Michel Roger qui souligne qu'une vingtaine de nouveaux jeux de la Française des Jeux sont créés chaque année par un simple avis publié au Journal officiel.
Pour tenter de mettre fin à la sinistrose ambiante, le comédien Francis Huster, invité à Amnéville-les-Thermes par Casinos de France, a proposé de créer une "Fête du jeu" dans les casinos, à l'image de la Fête de la musique ou du cinéma.
(source : google.com/AFP/Pierre-Marie GIRAUD)