Miser sur une formation de croupier pour avoir un emploi à la clef, c'est le pari que font de plus en plus de jeunes en s'inscrivant dans des écoles privées qui forment à ce métier.
Ils sont ainsi chaque année pas moins de 350 à se porter candidat pour suivre une formation à l'école Cerus Casino Academy, qui forme en quelques semaines au métier. Mais les casinos ne recrutent qu'entre 150 à 200 croupiers par an. " C'est certes un petit secteur mais il marche bien", assure Damien Engels, directeur de la communication de l'école qui vient d'organiser une journée "portes ouvertes".
"Ce qui m'attire dans ce métier, c'est le monde du pari", explique Consuelo, 27 ans, venue se renseigner auprès de l'école. "Mais ça à l'air difficile, il y a de gros enjeux et beaucoup d'argent", ajoute-t-elle.
Black Jack, poker, roulette, les stagiaires de l'école s'exercent à compter vite et à "chiper" les jetons, c'est-à-dire à les ramasser rapidement par paquets de vingt.
Tristan, chez Cerus depuis cinq semaines, est en reconversion professionnelle. Chemise blanche, l'air concentré, il compte les jetons et fait jouer un jeune couple venu en savoir plus sur ce métier.
"J'ai toujours aimé l'univers des jeux", raconte Tristan. "Ce qui m'attire dans ce métier, c'est la pression, le contact avec la clientèle et l'idée de pouvoir voyager".
A en croire les responsables de l'école, tous leurs élèves trouvent un emploi. 55% des employés de jeux ont moins de 35 ans. Au-delà de cet âge, beaucoup de croupiers décident de changer de métier ou bien évoluent pour grimper des échelons au sein des casinos et des places se libèrent pour les jeunes.
Longtemps réservé aux hommes, le métier s'ouvre aux femmes depuis la fin des années 90 mais elles sont encore sous-représentées (38%).
Un jeune croupier commence avec un salaire net de 1.200 euros par mois, auquel s'ajoutent les éventuels pourboires: "Le métier demande une bonne connaissance en calcul mental mais aussi une bonne élocution et une bonne présentation", précise M. Engels. De plus, ajoute-t-il, les Français sont particulièrement appréciés dans ce métier pour leur "french touch" qui, selon lui, se concrétise par un comportement adapté face à la clientèle de luxe et une certaine élégance dans les gestes.
La profession, associée à la nuit et au monde du luxe, comporte aussi de vraies difficultés. Il faut accepter de travailler en horaires décalés et "debout" durant des heures.
Par ailleurs, si la France est le pays des casinos (196 sur le territoire), le secteur (15.500 emplois directs) connaît depuis cinq ans une baisse de 20% de son chiffre d'affaires. Les casinos ont récemment tiré la sonnette d'alarme auprès du gouvernement pour obtenir des aménagements d'horaires et la possibilité de mettre en place de nouveaux jeux tels que le jeu de la bataille, un jeu de cartes sur table, pour faire face à la crise.
L'avenir semble davantage tourné vers l'Espagne où le milliardaire américain Sheldon Adelson devrait implanter un gigantesque complexe de casinos. Le projet est pharaonique: construction de 12 hôtels, 9 théâtres, 3 terrains de golf, des salles de congrès et création de jusqu'à 200.000 emplois sur 10 à 15 ans. Rien que la première phase des travaux s'élèverait à 6,8 milliards d'euros.
En attendant, il reste les paquebots de croisière. Ils en font rêver plus d'un. A la sortie de l'école, un quart des élèves se dirigent vers des carrières internationales car les règles du jeu sont universelles. Il est toutefois conseillé de passer par le Royaume-Uni avant d'espérer être embauché sur un bateau.
Pour M.Engels, être croupier sur un bateau, c'est la garantie, "d'être nourri, blanchi et en prime, de voir du pays!"
(source : lepoi
nt.fr/AFP)