La perspective d'un casino à Lectoure inquiète Castéra-Verduzan et Barbotan qui alertent le ministre. Mais le maire de Lectoure ne manque pas d'atouts.
Vous souhaiterez-vous «bonne année» en misant quelques euros au casino ? Vous peut-être pas, mais d'autres oui… Nicolas Leroy le confirme : «Les fêtes de fin d'année sont la meilleure période pour notre activité.» Comme le directeur du casino castérois, Richard Audiffren, à la tête de celui de Barbotan, souligne : «Nous sommes ouverts 365 jours sur 365, et il est vrai que c'est la meilleure période.» La nuit de la Saint-Sylvestre devançant évidemment celle de Noël… D'accord aussi pour admettre que «la crise» se fait sentir dans l'univers du black jack et des machines à sous, les deux hommes partagent par ailleurs la même «crainte» : celle de voir sortir de terre deux concurrents, l'un à Lectoure, l'autre à Casteljaloux. «Pour moi, si cet établissement ouvre à 50 km d'ici, dans le Lot-et-Garonne, c'est moins 40 % assuré», affirme Richard Audifferen. Côté castérois, c'est Lectoure qui inquiète. Tellement inquiètes, les deux municipalités, qu'elles viennent de délibérer pour confier en commun, à une société spécialisée, «une étude d'impact».
Gérard Duclos : «Pour couronner 20 ans d'efforts»
Le maire de Cazaubon-Barbotan, Claude Sainrapt, confirme : «Oui, nous avons alerté par courrier le ministère de l'Intérieur (n.d.l.r : qui est celui des Jeux), et oui nous attendons de savoir quel impact aurait l'ouverture de deux casinos si près des nôtres dans une région à faible démographie.» Les élus castérois et cazaubonnais savent combien «la manne du casino» fait du bien aux finances communales. «Un casino est aussi une entreprise comme une autre. Si elle n'est plus viable, elle ferme. Et adieu les emplois, 48 ici à Barbotan», ajoute le maire. Celui de Lectoure, qui ne peut plus donner cher des 313 emplois «menacés» par la fermeture de la base Intermarché, veut savoir : «Un casino à Lectoure, c'est faisable ou pas ?» Gérard Duclos ne cache qu'il est impatient de savoir ce que vont révéler les études de viabilité. L'une est faite à la demande de la mairie, l'autre commandée par le groupe d'Antoine Arevian. «Si les conclusions sont positives, c'est avec ce groupe que Lectoure se dotera d'un casino», confirme l'élu. Un local est déjà visé : l'ancien magasin Intermarché, qu'il faudra réaménager. Gérard Duclos sait bien que Castéra et Barbotan veulent «faire barrage». Il le regrette («c'est en se serrant les coudes et non en se combattant que l'on fait avancer le Gers»), mais il est déterminé : «Après plus de vingt ans d'efforts et d'investissements, Lectoure a obtenu le classement en station hydrominérale de tourisme qui nous autorise à candidater pour un casino. Si les études de viabilité sont positives, on va se battre pour l'obtenir. L'attractivité de notre ville, à la fois thermale et très touristique, n'en sera que plus grande».
Lectoure va construire son hôtel thermal de 35 chambres
Lectoure a accueilli 1 200 curistes en 2012. «Soit 7 % de plus qu'en 2011», souligne le maire Gérard Duclos. Sa «petite» station thermale monte et il ne veut pas que «Lectoure s'arrête en si bon chemin». Et de rappeler «plus de vingt ans d'efforts et d'investissements».
La station d'eau potable ultramoderne, le grand chantier pour que l'eau thermale coule au centre thermal. Et ce centre lui-même qui fut un grand chantier de rénovation d'un bâtiment existant pour donner le beau résultat que l'on sait. Qu'au bout «de tout ça», la récompense soit au rendez-vous, fait plaisir à l'élu. «Notre classement en station hydrominérale de tourisme n'est pas tombé du ciel». Ce classement donnant droit à postuler pour ouvrir un casino, pas question pour Lectoure «de passer à côté de cette opportunité s'il se confirme que le projet est viable». Autre opportunité à laquelle travaille la mairie : doter la ville d'un hôtel de 35 chambres. Un projet porté avec le groupe Valvital, qui exploite les thermes. Un hôtel thermal («les curistes iront par une passerelle des soins à leur chambre en peignoir s'ils le souhaitent») réalisé en lieu et place de l'ancien lycée devenu centre de long séjour.
Dans le domaine de l'art et de l'histoire, la ville, avec ses partenaires (région, département, communauté de communes), avance aussi. Ainsi, une nouvelle tranche de travaux de restauration des remparts va démarrer en mars prochain pour 1,5M€.
Reste «la tuile» Intermarché et ses 313 emplois. «On se bat et on se battra pour que ce site reste très actif en terme d'emplois.» Comme Lectoure se battra pour son casino.
repères
Le chiffre : 4
casinos > avec celui de Casteljaloux. Comme Lectoure, la station de Casteljaloux, dans le Lot-et-Garonne, est «partante» pour se doter d'un casino. 4 établissements de jeux sur un «si petit périmètre» faiblement peuplé, ça va faire trop, redoute-t-on du côté des établissements en place. «Le soleil se lève pour tout le monde», répliquent les postulants.
«En 2012, le chiffre d'affaires des casinos a reculé de plus de 20 % au plan national. Les casinos gersois s'en tirent mieux, mais si d'autres ouvrent, danger…»
(source : ladepeche.fr/Claude Sainrapt)