Ils se font appeler Mummy, Zorro, Wolf Moon, Phantom ou Queen of the Nile. Sapés comme des milords, rutilants comme des sous neufs, ils débarquent au petit matin, escortés par la Police judiciaire (PJ), section Police des jeux. Ils ? Les bandits manchots, les pousse-pièces, les aboyeuses... Fin de la boîte à fantasmes. L'arrivée de onze nouvelles machines à sous mercredi matin à Canet n'avait rien d'un polar à la Audiard. Au contraire.
1. Une machine sur la pyramide
7 h 30, le casino devient ruche. Une vingtaine d'employés luttent contre la montre. Certains sont là depuis une heure du matin. Les portes ouvrent au public dans 1 h 30 et il faut finaliser la mise en service des onze nouvelles venues et la redistribution du plan de salle. "C'est un moment décisif", témoigne Sébastien Canu. L'investissement est de 350 000 euros. "Nous réajustons ainsi notre offre deux fois dans l'année : avant les fêtes de fin d'année et avant la saison d'été", ajoute le directeur du joa casino de Canet, second établissement régional derrière la Grande-Motte. L'objectif est de toujours surprendre le client. Une vraie pyramide a même été construite pour recréer l'univers de Mummy ! L'enjeu est de taille. Depuis, l'interdiction de fumer, l'activité des casinotiers a dévissé de 30 %. L'an dernier, le produit brut des huit casinos des P.-O. glissait à 30 millions d'euros contre 32, lors du précédent exercice.
2. Un simple programme Linux
Bienvenue dans le ventre du bandit manchot. Qui n'a plus rien à voir avec son ancêtre inventé par Charles Fey en 1887. Tout est désormais informatisé. Surtout le taux de redistribution, pierre angulaire de la partie. "Il est en moyenne de 92 % chez joa", précise Sébastien Canu. Ce qui signifie que sur 100 euros joués, 92 sont redistribués sous forme de gains. Pas toujours encaissés. La loi interdit aux casinotiers de programmer leurs machines. Six sociétés spécialisées, agréées par le ministère de l'Intérieur, se partagent le marché. "Tout est électronique, décrypte le technicien. C'est un simple programme sur une base Linux. Il faut une quinzaine de minutes pour programmer une machine". Impossible ensuite de prédire quand tombera le jackpot. Exemple : pour une machine à trois rouleaux, 32 768 combinaisons sont possibles. Et, à chaque coup joué, le programme est complètement remélangé. "La fréquence des gains motive et fidélise les joueurs".
3. La police ne joue pas
Il est presque 9 h, tout est en place. Mais, le casino n'ouvre pas, malgré la dizaine de joueurs qui piaffe devant l'entrée. Un homme doit valider l'opération. Officier de police judiciaire, spécialiste des jeux, représentant du ministère de l'Intérieur, il préfère garder l'anonymat. "Ma mission se divise en quatre points. Je dois vérifier que le parc des machines est bien conforme à celui autorisé par le ministère. Que les machines sont bien sûr les emplacements prévus sur le plan de salle agréé. Que les taux de redistribution sont bien ceux annoncés par le casino. Et enfin, que la valeur des mises apparaît sur chaque machine".
A deux ou trois détails près, qui seront rapidement modifiés, le feu passe au vert. Pair et gagne. Dès l'ouverture des portes, les joueurs du matin, tous retraités, se jettent sur les nouvelles venues. Comme, en moyenne, 650 autres clients quotidiens. Sébastien Canu, directeur du joa casino de Canet, supervise l'installation des onze nouvelles machines à sous.
(source : lindependant.fr/