A sa façon, l'affaire qui secoue le handball illustre l'addiction des Français. Paris sportifs, hippiques ou jeux de hasard : ils ont joué 31 milliards d'euros l'an dernier. Un record.
Cocher des numéros, gratter à qui mieux mieux, tâter du bandit-manchot ou bien miser sur tout. Sur tout et souvent n'importe quoi, comme hier soir encore, lors de cette affiche de rêve opposant les obscurs footballeurs estoniens du Levadia Tallinn à leurs compatriotes de Tammeka Tartu. À ceux que l'ennui guetterait aujourd'hui, signalons d'ailleurs les 68 autres compétitions diverses et variées déjà au programme de ce mercredi sur le site betclic.fr. Soixante-huit compétitions qu'il convient de multiplier par autant d'enjeux intermédiaires : du score à la mi-temps jusqu'à celui entre la 20e et la 30e minute, en passant peut-être bientôt par la hauteur de la pelouse au terme du match.
La crise dope le Loto
Deux années après la fin du monopole de la Française des jeux (FDJ), jamais donc les Français n'auront autant joué et dépensé. Aux 30 milliards d'euros d'économies laborieusement traqués par le gouvernement, rappelons ainsi ce record de 31,6 milliards misés l'an dernier dans l'Hexagone (lire ci-contre). Deuxième loterie mondiale avec ses 35 000 points de vente dispersés parmi quelque 12 000 villes et villages, la FDJ notamment ne connaît pas la crise. Mieux, elle en profite, avec 27 millions de joueurs misant désormais en moyenne 8 euros par semaine.
Des jeux « rassurants »
« Dans une période de crise, les gens ont besoin de soupapes de décompression qui leur permettent d'imaginer que l'on peut faire fortune », explique le sociologue Denis Muzet. « Ces jeux introduisent aussi l'idée d'une certaine égalité devant les jeux de hasard, ce qu'ils ne retrouvent plus dans la société. »
Loin d'avoir renoncé à ses fondamentaux en proposant pourtant une vingtaine de jeux différents, l'opérateur historique a même réussi le pari de faire à nouveau du loto la première de ses attractions. « Encore une fois, c'est assez logique que les jeux traditionnels profitent plus que les autres de la situation économique », poursuit le président de l'institut Médiascopie. « Ils sont à la fois rassurants car bien identifiés, classiques et sans risques. Ce sont aussi des jeux de proximité, c'est-à-dire qu'ils offrent aux parieurs du lien social avec la possibilité d'avoir un contact humain dans ces points de vente où l'on peut partager ses peines. »
Promis à un effondrement certain lors de l'ouverture à la concurrence des jeux en ligne en 2010, FDJ et PMU ne se seront paradoxalement jamais aussi bien portés que depuis. Car si le poker et autres « cash games » régalent bel et bien les groupes privés (7,6 milliards d'euros, 295 000 joueurs), la surabondante offre de paris sportifs est en revanche loin d'entraîner la demande en ligne. Tandis que plusieurs des 13 opérateurs ont déjà quitté la table malgré l'effet dopant de l'Euro de foot et des Jeux olympiques, les autres dénoncent l'injustice du sort fiscal que leur réserve l'État.
Peu de paris sportifs en ligne
Fans de foot et de tennis en tête, notons tout de même qu'environ 120 000 comptes de parieurs sportifs sont aujourd'hui actifs en France, mais loin, bien loin, des 500 000 accros aux courses en ligne du PMU.
Que ceux enfin qui souhaitaient s'initier ce soir lors du match de hand Toulouse-Montpellier se fassent hélas une raison : la sulfureuse affiche a subitement disparu hier des écrans radars Internet.
(source : sudouest.fr/Sylvai
n Cotti
n)