Equipés de salles de jeu et de machines à sous, ces paquebots naviguent dans un véritable paradis réglementaire et fiscal.
"Sur nos bateaux, le casino est une des activités phares." Angèle Paul, la porte-parole de Croisières de france , manie avec humour la métaphore maritime. Et pour cause : les spacieuses salles de jeu installées dans ses navires attirent les passagers. Les compagnies de croisières, qui savent s'y prendre pour faire tourner leurs roulettes et chauffer leurs tapis verts, ne lâchent aucun chiffre sur leurs recettes, mais des estimations circulent. Comme celle de Ryan Wahlstrom, le fondateur du Cruise Market Watch : "Le poids des casinos flottants devrait représenter 11 % du chiffre d'affaires à bord des croisiéristes. Soit une recette de 670 millions d'euros en 2012 au niveau mondial." Alléchant.
Croisières de france vient d'ailleurs de rénover les 570 mètres carrés de son casino embarqué sur Horizon 2012, où "les passagers viennent pour jouer, passer un bon moment ou prendre un verre", poursuit Angèle Paul. Pour fixer les idées, le paquebot Allure of the Seas de la compagnie américaine Royal Caribbean International, avec ses 456 machines à sous et ses 27 tables de jeu, rivalise avec les 500 machines et 35 tables du plus grand casino de france, à Enghien-les-Bains.
Mais si les croisiéristes font briller bandits manchots et tables de jeu, ce n'est pas seulement pour répondre à la demande, c'est aussi par opportunité juridique. Les casinos flottants naviguent dans un véritable paradis réglementaire. A l'eau les lois contraignantes des casinos classiques, par-dessus bord la lourde fiscalité des machines à sous sédentaires !
"Les casinos embarqués fonctionnent dans les eaux internationales, ils ne sont donc pas soumis à la législation de leurs homologues terrestres", confie Valérie Kaczala, porte-parole de MSC Croisières. Les "continentaux" reverseraient plus de la moitié de leurs recettes au fisc. Jean-François Cot, délégué général du syndicat Casinos de france, fait son calcul : "Les 195 casinos français ont reversé 1,25 milliard d'euros à l'Etat et aux collectivités territoriales sur l'exercice 2010-2011, soit 55 % de leur produit brut des jeux." En mer, en revanche, aucune fiscalité ne s'applique : les revenus des mises non converties en gains s'ajoutent au chiffre d'affaires des compagnies de croisières. Passagers, faites vos jeux, tout va bien !
(source : lexpress.fr/Thomas Loeillet)