PARIS — Pour renouer avec ses années fastes, le Palm Beach de cannes, avec son casino célèbre mais déficitaire, est voué à muer en un complexe touristique de luxe. Reste à trouver un riche investisseur dont le projet séduise toutes les parties.
"L'ambition est simple: faire du Palm Beach l'un des principaux sites de tourisme haut de gamme de la Côte d'Azur", explique à l'AFP Fabrice Paire, président du directoire de Groupe Partouche, qui exploite le casino, la discothèque et le restaurant situés à la pointe de la célèbre Croisette, avec vue panoramique sur la baie de cannes.
Inauguré en 1929, le Palm Beach fut pendant les "années folles" un haut-lieu de la jet-set, entre monarques et artistes, accueillant l'Aga Khan comme Marlene Dietrich.
Après guerre, une fois réparés les dégâts des bombes, les grandes soirées mondaines reprennent. Mais l'ancien plus grand casino d'été de France voit son étoile pâlir au fil des décennies et ferme finalement en 1991.
Il rouvre en 2002 avec Partouche, qui y transfère les machines à sous et tables de jeux qu'il exploitait à l'hôtel Carlton. Mais le Palm Beach se dégrade et "a toujours été déficitaire", perdant plus de 8,5 millions d'euros en 2011, selon M. Paire.
Une situation pesante pour Partouche, qui exploite 49 casinos en Europe dont 42 en France ainsi qu'une quinzaine d'hôtels et des établissements thermaux, et dont les comptes sont dans le rouge depuis plusieurs années. Et mercredi, le groupe a publié un chiffre d'affaires semestriel en recul.
Alors, pour renverser la vapeur et recréer le mythe, une longue réflexion tripartite s'est engagée entre Partouche, titulaire d'un bail emphytéotique jusqu'en 2027, la mairie de cannes et le Syndicat des propriétaires de la Pointe Croisette, qui possède la parcelle de 1,7 hectare où est bâti l'ensemble.
Elle vient d'aboutir à un vaste projet de transformation. Une réunion est encore prévue en juillet mais "nous avons déjà un consensus sur tous les grands axes", indique M. Paire.
"Le cahier des charges est quasi bouclé et on prévoit un appel à investisseurs cet été", précise à l'AFP David Lisnard, adjoint au maire de cannes.
"On est en phase sur le principe et on navigue dans le bon sens, main dans la main avec la mairie", confirme à l'AFP Patrick Pimpaud, du Syndicat des propriétaires.
Les trois parties souhaitent un Palm Beach rénové "dans les volumes et les hauteurs actuels" mais incluant une réouverture de la piscine historique, une éventuelle salle de spectacles de plusieurs milliers de places, ainsi qu'un pôle restauration et un hôtel de luxe avec des chambres côté mer.
Plus de 100 millions d'euros seront nécessaires à cette mue. Avec en filigrane l'espoir d'attirer la riche clientèle férue de Côte d'Azur, de luxe et de jeux d'argent, dont de plus en plus de Russes et de Chinois.
Mais le projet retenu devra "respecter l'équilibre du site, son histoire et son identité", prévient M. Lisnard. Toute opération immobilière avec des logements est "exclue".
Du côté des investisseurs potentiels, "il y a déjà 5 ou 6 marques d'intérêt", dit M. Paire.
Des Saoudiens, des Russes, des Qataris, mais aussi deux groupes français, dont l'un actif dans le luxe.
"S'il était intéressé", LVMH, présent dans l'hôtellerie de luxe avec sa marque Cheval Blanc, "serait tout à fait dans le cadre", note une source proche du dossier.
"Ce qu'on veut, c'est un investisseur de qualité et solvable", relève M. Pimpaud.
La mairie a déjà écarté un projet saoudien futuriste qu'elle jugeait démesuré et ostentatoire.
Au besoin, le Groupe Partouche pourrait céder son bail aux investisseurs.
Mais il souhaite continuer à exploiter le casino, qui compte une centaine de machines à sous et, les bons jours, une vingtaine de tables de jeux.
(source : google.com/AFP/Audrey KAUFFMANN)