La Société du casino municipal de Pau récusée en 2006 réclame le jack-pot à la ville. Sans illusions….
Neuf décisions de justice sont déjà intervenues dans cette affaire. Mais en réclamant la somme de 14 576 955 d'euros à titre de réparation à la Ville de Pau, c'est une ultime action en indemnités qu'engage la Société d'exploitation du casino de Pau.
« Sans illusions », reconnaissait hier soir son responsable d'alors, Pierre-Louis Faure, 48 ans. Qui a pris connaissance du sens des conclusions qu'a déposées le rap- porteur public du tribunal administratif de Pau, François de Saint-Exupéry : il tend au rejet de sa requête.
Flash-back. Récusée le 12 juin 2006 par le nouveau maire, Yves Urieta, la société de M. Faure avait obtenu quatre mois auparavant la délégation de service public (DSP). Non sans qu'un furieux bras de fer ait opposé le délégataire sortant, le groupe Tranchant, qui gérait le casino de Pau depuis dix-huit ans, et le maire de l'époque, André Labarrère, qui allait subitement décéder le 16 mai.
Ce vieux dossier qui sera appelé demain devant le tribunal administratif renvoie donc in fine à la « fin de règne » très chahutée de l'édile. Mais ses acteurs d'alors, aujourd'hui tous drapés dans l'intérêt supérieur de la Ville, ne contribuent pas forcément à en pénétrer les arcanes…
Le fait est que le révéré député-maire avait bel et bien créé la sensation en se tournant vers la société que dirigeait Pierre-Louis Faure, fils d'un ancien directeur du casino de Pau.
C'est du reste à Pau que Pierre-Louis Faure, que nous avons joint hier soir, avait fait ses armes « casinotières » dès qu'il avait atteint sa majorité. En 2005, il s'était allié à Pascal Massoni, à la tête du casino de saint-denis de La Réunion, pour postuler à la reprise de la concession de l'établissement palois.
Dans le giron Tranchant
Au terme d'une nouvelle procédure de concession, engagée en juillet 2006, le casino de Pau allait revenir pour quinze ans dans le giron de Tranchant, resté seul en lice, le 13 septembre. « Nous avions déposé un dossier, rapporte Pierre-Louis Faure, mais la demande de caution a alors été portée à 4 millions d'euros », soit hors de portée d'indépendants explique le requérant.
Depuis, la nouvelle municipalité Lignières-Cassou, qui a à son tour hérité du dossier, est restée sourde à la demande d'indemnisation de la société de M. Faure. Et c'est dans ces conditions que l'affaire revient devant la juridiction administrative paloise.
Pour l'avocat de la Ville de Pau, Me Jean-Michel Gallardo, M. Faure ne peut prétendre à des indemnités, dans la mesure où sa société n'avait pas apporté les garanties financières nécessaires en temps et en heure.
C'est du reste à ce motif qu'Yves Urieta, prenant acte que la caution de 1,5 million alors réclamée n'avait pas été versée, avait résilié dans l'urgence le contrat passé avec la Société d'exploitation du casino de Pau.
« À deux reprises, renchérit Me Gallardo, la Ville a mis en demeure la société de M. Faure de justifier de la garantie et celle-ci s'y est refusée. Partant, son maire était fondé à résilier le contrat. Cela a été jugé dans les premières séries de procédures ». Un jugement du 30 juin 2009 a dit aussi que la Société d'exploitation du casino de Pau ne pouvait pas concourir car ses statuts n'étaient pas signés.
« Leur offre est entachée de plusieurs autres irrégularités grossières, si bien que leur candidature était nécessairement irrégulière », résume l'avocat.
Jean-Louis Pérès siégeait déjà à l'époque dans les rangs de l'opposition de centre-droit à André Labarrère : « On n'avait pas très bien compris les critères qui avaient été retenus pour que cette société soit choisie, se souvient-il. Cette affaire mal engagée au départ, poursuit l'élu en pesant ses mots, est l'une de celles qui m'a laissé le sentiment du manque de clarté des choses… »
Nous avons vainement tenté de joindre Yves Urieta, hier.
(source : sudouest.fr/Thomas longué)