Gambling   France:  jeux de grattage, loteries instantanées  Française des  jeux, marque, stratégie marketing, crise économique…
Illiko,  ça banque illico ? 
La  Française des jeux lance  une nouvelle  marque   ombrelle  - Illiko - pour promouvoir ses jeux instantanés,    fidéliser sa  clientèle, trouver de nouveaux joueurs. « Petite »  révolution marketing  dans les jeux de grattage ou adaptation à la  crise ?
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 Depuis quelques semaines la Française des jeux (  11,4 milliards de CA  en 2011) a complètement « rénové »  (1) sa gamme de jeux instantanés. Ces cartes à gratter à forte  notoriété ( Banco, Millionnaire, Astro, Vegas, Cash…) comportent  désormais un « nom de famille commun » – Illiko  -  inscrit en haut du ticket , sur fond mauve foncé. La FDJ  espère, à travers cette nouvelle stratégie marketing, « séduire  un public plus féminin, plutôt  jeune de 25-40 ans » comme  l’a indiqué à l’AFP (2) le directeur général adjoint de la  FDJ, Patrick Buffard. Elle souhaite également augmenter son volume  d’affaires en matière de jeux de grattage. Une vingtaine - très  connus – ( confer annexe 1) sont disponibles dans les 35 000 points  de vente « en dur » de l’opérateur et autant - moins  connus – ( confer annexe 2) qu’on trouve uniquement sur internet  (exclu web). Ces jeux ont pesé plus de 5 milliards d’euros l’année  dernière, en progression de 17 % sur un an et de 50 % sur trois ans. 
Une  stratégie de marque
Offensif,  l’opérateur national vise 1 million de nouveaux gratteurs  dans  les trois prochaines années pour des jeux qui attirent déjà 23  millions de joueurs et représentent 44 % des ventes. Ambitieux. On  ne voit pas en effet par quelle magie  une « marque et une  couleur commune » suffiraient pour attirer de nouveaux joueurs.  A suivre.
Certes,  les Français sont « champions du grattage «  ( 3) -  1,9  milliards de tickets vendus en 2011 ! -  mais il n’est pas  certain que cette « petite » révolution  - qui apparaît  comme une pure « stratégie de marque » - donne « un  nouvel élan grand public »  à cette gamme de jeux comme  l’espère l’opérateur. Certes, la couleur retenue est tendance.  Mais elle a été choisie depuis plusieurs années déjà par  d’autres opérateurs de jeux, par exemple Joacasinos. Elle commence   donc peut-être à dater. Certes, le nom de la marque commune «   aux gratteux » français (4) – Illiko - souligne tout à la  fois :
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     la rapidité ludique : ces jeux sont  	généralement gratter « rapidement »t sur le lieu de  	vente ou à proximité immédiate et jonchent souvent les trottoirs  	de nos villes… 
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     la rapidité d’encaissement : le joueur  	gagnant est payé cash et  	sur le champ pour les petites sommes. Pour promouvoir son jeu «   	Banco », FDJ avait déjà utilisé il y a quelques années le  	vocable illico dans  	sa forme orthographique correcte, pour souligner cette rapidité du  	« tout, tout de suite » qui caractérise les loteries  	« instantanées »( «Banco, ça banque illico ».) 
Le  risque de phagocyter  l’identité de chaque jeu
Mais  dans le même temps  cet habillage commun prend le risque de  phagocyter « l’identité de chaque jeu » pris  séparément. Identité et notoriété fortes  qui associent  immédiatement  chaque jeu de grattage à un univers ludique ou  symbolique particulier, immédiatement capté par le joueur et auquel  il s’était habitué progressivement Le  milieu du jeu, le monde des casinos et de Las Vegas pour « Black Jack, Brando & Brenda, Vegas, Poker ».  L’univers du foot pour Goal. La  figure emblématique du riche et de la richesse pour « Millionnaire »  etc...
Les  publicités pour ces différents jeux - souvent très réussies -  participaient grandement à ces associations. La FDJ ne fera  désormais plus de pub télé spécifique sur un jeu particulier.  Economies. Traduction en jargon marketing : « un  territoire publicitaire pour chaque marque produit c’est terminé ».  Problème : les jeux de grattage de la FDJ se ressemblent  désormais tous un peu, même si sur le ticket « la marque  illiko » apparaît en second plan par rapport au nom de chaque  jeu.  La FDJ semble penser qu’en « capitalisant sur une  marque », le bénéfice va rejaillir sur tous les produits de  la marque. A voir. L’opérateur affirme également « qu’il  est devenu difficile de promouvoir individuellement chaque jeu ».  On aimerait bien comprendre pourquoi. Les publicités pour ces  différents jeux ont largement contribué à leur succès, outre leur  intérêt ludique spécifique.
Miaou,  wouah wouah !!... le succès de « Poils à gratter »
L’avenir  dira si l’opérateur historique a fait une bonne pioche marketing  avec ce relookage et cette stratégie d’homogénisation, ou au  contraire  s’il a pris des risques et a «  misé lourd »  (5) sur Illiko en bousculant les habitudes des joueurs qui ont des  manies, des croyances, des coups de cœur et aiment bien naviguer  dans un « univers ludique connu en partie maitrisé »,  même  s’ils ne sont pas forcément rétrogrades en matière de  nouveautés, comme le prouve le succès de « Poils à  gratter ». Commercialisé en janvier 2012, ce jeu exploite  l’univers des deux principaux animaux domestiques nationaux :  le chien et  le chat . Il se situe donc ( du moins à un premier  niveau d’analyse)  aux antipodes des symboliques ludiques  traditionnelles exploitées par la Française des jeux ( or, argent,  croyance, richesse, las Vegas le monde du jeu et des casinos…). Il  s’est pourtant vendu à 78 millions d’exemplaires en  quelques mois !
Pour  juguler le recul constant du nombre de joueurs, de nouveaux jeux de  grattage où l’on gagne plus souvent
Conscient  sans doute des risques de ce plan ambitieux  concocté dès 2009 et  doté d’un budget de 5 millions d’euros, la FDJ ne s’est pas  contentée d’une «  une marque ombrelle »  et d’une  couleur commune . Elle va lancer de nouveaux jeux, en supprimer  certains ( Morpion, Dédé), en relooker d’autres ( Banco le sera  en juin). Le « premier jeu de la gamme Illiko » (6) est  sorti en avril 2012. Il se nomme « 12 mois Extra », coute  2 euros et permet de gagner 100, 200, 500 euros chaque mois pendant  un an. Point important : il sera le jeu à la fréquence de gain  la plus élevée de la gamme  (une chance sur 3,1. )
La  se trouve sans doute l’information significative expliquant cette  «  petite » révolution effectuée par la FDJ sur ses  jeux de grattage . Les joueurs auront plus de chance de gagner. Un  ticket gagnant sur trois, contre un sur quatre auparavant. En  contrepartie les gains seront moins impressionnants et parfois étalés  dans le temps comme nous venons de le voir avec « 12 mois  extra ». Signe des temps, signe de crise ? Sans doute.
L’excellente  performance globale des jeux de grattage de 2008 à 2011 ( +52%)  masquerait  une réalité structurelle moins rose. « On observe  une baisse de l’attractivité des jeux de grattage, de leur  notoriété et en particulier un recul constant du nombre de joueurs  depuis plusieurs années » (7) qu’explique Sophie Renault (  Chef de groupe marketing jeux de grattage & intercatifs à la  FDJ) Ces jeux n’échapperaient donc pas au marasme économique  ambiant qui perdure et grèverait progressivement « le pouvoir  d’achat » et « le pouvoir de jouer » des  français.
Fidéliser  les joueurs de grattage qui sont avant tout des occasionnels
Le  succès des jeux de grattage proviendrait en réalité surtout « des  jeux de grattage à durée de vie éphémères » alors que les  jeux pérennes souffrent de désaffection. Outre un cout important (  notamment en matière d’investissement publicitaire) cette  politique de « coups marketing » a un inconvénient. Elle  ne fidélise pas suffisamment. Conséquence, 60 % des joueurs de  grattage sont des « occasionnels » et l’opérateur doit  constamment séduire de nouveaux clients pour combler ce turn  over. Cette nouvelle marque ombrelle  vise donc principalement ces joueurs occasionnels particulièrement  volatiles.  « Il faut leur ( re) donner envie de jouer, rester  présent à leur esprit et leur proposer plus d’occasions de  jouer » précise Sophie Renault. (8)
Pour  mettre toutes les chances de sont coté la société dirigée par  Christophe Blanchard Dignac va accompagner le lancement de la marque  dédiée aux jeux de grattage, d’un vaste plan  de communication (  publicité TV, site internet dédié…) et de nombreuses  opérations  de proximité ou le réseau de l’opérateur historique (  détaillants, courtiers) sera fortement sollicité.
L’avenir  dira si le lancement d’une marque ombrelle est suffisante pour  redynamiser l’offre en  matière de jeux de grattage ou si au  contraire cette stratégie purement marketing n’est pas  progressivement rattrapée par la crise, y compris désormais pour  des jeux instantanés  basés sur l’achat spontané. En attendant  chacun peut découvrir :
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     actuellement  la publicité  pour la marque  	Illiko à la télévision, qui met en scène les différents jeux de  	grattage de manière amusante  
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     prochainement de nouveaux petits « tickets  	du bonheur » qui apparaitront chez les détaillants de la  	FDJ :   « Jules Ces’or » en juin (3euros)  	« Londres en 2012 » en mai ( 5 euros) 
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 © JP Martignoni , Lyon, France,   mai 2012, 211.doc
 Notes
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     « La FDJ rénove sa gamme de jeux de  	grattage pour lui donner un nouvel élan »  ( Dépêche  	AFP du 14 mars 2012) 
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     «  La FDJ rénove sa gamme de jeux de  	grattage pour gagner de nouveaux joueurs «  (Dépêche AFP du  	14 mars 2012) 
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     Vincent Montgaillard : «  Les  	Français champions du grattage «  ( Le Parisien, aujourd’hui  	en France du 14 mars 2012,30) 
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     Nom des jeux de grattage dans le jargon  	populaire du Québec, pays ou sont  fabriqués les jeux de grattage  	de la FDJ 
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     Jean Yves Guerin, « La Française des jeux  	mise lourd sur illiko » ( lefigaro.fr du 13/3/2012) 
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     « Lancement du premier jeu de la nouvelle  	gamme Illiko » ( dépêche AFP du 17 avril 2012) 
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     Sophie Renault « Illiko : une  	nouvelle marque pour promouvoir les jeux instantanés « (  	actualité FDJ publié le 13 mars 2012  sur groupefdj.com) 
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     Sophie Renault, ibidem 
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 Annexe  1 : les 18 jeux de grattage disponible désormais chez les  revendeurs de la  FDJ sous la marque Illiko
  
  
  
  
  
    | nom | Prix  			en euros | TDR :  			taux de redistribution | Chance  			de gagner | 
  
    | 12  			mois extra | 2 | 66% | 1  			sur 3,O9 | 
  
    | 2012  			année de la richesse | 3 | 68% | 1  			sur 4,55 | 
  
    | 7  			extra | 10 | 75% | 1  			sur 4 | 
  
    | Astro | 2 | 66% | 1  			sur 3,12 | 
  
    | Banco | 1 | 63% | 1  			sur 4,1 | 
  
    | Bingo | 2 | 66% | 1  			sur 4,36 | 
  
    | Black  			jack | 2 | 66% | 1  			sur 4,59 | 
  
    | Cash  			500 0000 euros | 5 | 75% | 1  			sur 3,83 | 
  
    | Goal | 1 | 63% | 1  			sur 4,83 | 
  
    | Jour  			de chance | 3 | 68% | 1  			sur 4,6 | 
  
    | Ligue  			1objectifs 50 000 euros | 3 | 68% | 1  			sur 4,2 | 
  
    | Milles  			bornes | 5 | 72% | 1  			sur 3,41 | 
  
    | Millionnaires | 10 | 74,21% | 1  			sur 3,83 | 
  
    | Morpion | 1 | 63% | 1  			sur 4,2 | 
  
    | Mots  			croisés | 3 | 68% | 1  			sur 4,52 | 
  
    | N°  			Fétiche | 2 | 63% | 1  			sur 4,45 | 
  
    | Poils  			à gratter | 2 | 65% | Non  			disponible | 
  
    | Solitaire | 2 | 66% | 1  			sur 3,4 | 
  
    | Vegas | 3 | 70% | 1  			sur 4,34 | 
Annexe  2 : les 19 jeux de grattage « exclu web »  disponibles uniquement sur internet ( FDJ.FR). Le taux de  redistribution est commun à tous les jeux (70%) sauf pour « dédé  sur le net «  ( 66%). Le joueur peut miser 0,5, 1 ou 2 euros   sur ces jeux qui ressemblent en réalité… à des machines à  sous ! :
 1000 carats
 Cash 20000  euros
 Chambre  Forte
 Coup double
 Dédé sur  le net
 Défi naval
 Eldorado
 Happy  flowers
 Lagon  paradis
 La ruée  vers l’or
 Les trois  gongs
 Les kumulos
 Mine d’or
 Pièce d’Or
 Precuis  Aurus
 Salsa  explosion
 Space color
 Star fortune