Dans le contexte concurrentiel de plus en plus tendu, la maison de jeu s’est lancée dans une campagne de séduction et dans une certaine démocratisation.
«Je vous donne les chiffres du budget 2004, soit 53 millions d’euros pour les machines à sous (82 millions de francs suisses), mais je ne devrais vraiment pas le dévoiler, car le conseil d’administration n’en a pas encore pris officiellement connaissance», se risque Claude Blot, président de la Société Financière du Domaine de divonne (SFDD). L’homme s’est fait connaître dans la tentative de sauvetage du Casino de Genève. «Peut-être cela a-t-il desservi notre image. Je ne sais pas! Mais nous n’avons rien à nous reprocher.» Il a des coups de gueule, le verbe leste. Il laisse quelques informations filer, pas trop nombreuses non plus. Le milieu des casinos n’est pas très bavard, et celui de divonne a été historiquement d’une discrétion proverbiale.
Troisième au classement
En 2003, divonne a perdu sa deuxième place pour occuper le troisième rang du classement officiel français des casinos. La concurrence aujourd’hui, depuis l’ouverture du Casino de Montreux, des salles de jeu de Meyrin à Genève, de Saint-Julien en zone frontalière, la présence d’Evian, pousse la société propriétaire de divonne à ouvrir les portes de son univers feutré. C’est ce qu’elle a démontré hier, lors d’une conférence de presse. Le prétexte est tout trouvé: le casino fête, en 2004, le 50e anniversaire de l’inauguration du nouveau casino. L’ouverture d’un «cercle de jeu» date de 1912, mais voilà, il aurait fallu être en 1962 pour fêter 50 ans, ou 2012 pour le centenaire, c’est un peu loin. «Nous devons faire parler de nous. Montreux a su le faire. Ils ont multiplié les inaugurations. Il est évident que nous avons perdu une clientèle sur l’Est lausannois, pas beaucoup, un effritement. Evian souffre plus, mais il nous faut réagir», concède Claude Blot. Les manifestations en 2004 se veulent ambitieuses. Toute personne fêtant 50 ans l’an prochain a droit à une nuit d’hôtel pour deux, un dîner et du champagne. Des concerts, une tombola spéciale: une cinquantaine d’événements annoncés visent à faire parler du Casino de divonne, et ce durant toute l’année. Toutes les fêtes du calendrier fourniront une occasion de célébration.
Sentiment tenace de l’interdit
Pour redresser la barre, divonne mise toujours sur son image de marque «d’élégance» (dixit Claude Blot), mais un luxe qui se veut devenir accessible à un plus large public. Opérant le virage d’une démocratisation, le casino s’ouvre depuis trois ans à des événements comme la Star Academy, dont le spectacle du 12 mars 2004 est déjà complet. «Le défi aujourd’hui est de trouver des nouveaux joueurs. Seuls 15% de la population jouent. Le sentiment de l’interdit est encore tenace», analyse Alain Mansion, un des administrateurs. Le golf, le festival de musique de chambre, le développement des activités thermales, sont la solution du complexe de divonne pour assurer une image de respectabilité engageante épinglée en boutonnière.
(source : 24heures.ch/Laurence Arthur)