Le nouveau casino qui ouvrira cet été à Mers sera le neuvième du littoral seinomarin, aux confins de la côte picarde. Il suscite des espoirs mais aussi des craintes.
Un nouveau casino sur le littoral ? C'est chose acquise ou quasiment depuis mercredi soir, avec l'annonce faite par le ministère de l'Intérieur - et relayée par la sous-préfecture d'Abbeville - d'autoriser la création d'un nouvel établissement à Fort-Mahon, mais aussi à Mers-les-Bains
C'est Sébastien Guivarch, à la tête du Bowl'in café mersois, qui a lancé le projet accepté au conseil municipal mersois en novembre 2010. « Il y a beaucoup de casinos en Seine-Maritime mais peu sur la côte picarde », remarque celui qui faisait partie « de l'équipe du casino du Tréport » alors que son père en était le directeur ! Le jeu, c'est presque dans les gènes… « J'ai fait une demande pour cinquante machines à sous, une table de blackjack et une table de texas hold'em poker. Le restaurant sera créé tout de suite dans une petite configuration (trente-cinq à quarante couverts), le temps que nous resterons dans les locaux du bowling où j'envisage une ouverture provisoire en attendant les locaux de 1 400 m² » qui devraient sortir de terre juste à côté, d'ici « un an à un an et demi ». Dès lors, la capacité du restaurant sera « multipliée par trois ou quatre ». Sébastien Guivarch, qui compte créer une vingtaine d'emplois dès l'ouverture puis une vingtaine d'autres par la suite, reste néanmoins prudent : « J'ai eu l'information par la sous-préfecture mais j'attends l'arrêté ministériel. »
Au Tréport, on craint la « multiplication des casinos »
A la tête du casino tréportais (groupe Joa), Jean-Marie Grosse reste encore plus circonspect : « Je n'ai pas été informé officiellement par mes autorités de tutelle de la création d'un casino à Mers, je ne me prononcerai donc pas là-dessus. » Cela dit, il craint pour son chiffre d'affaires, la « multiplication » des sites de jeux ne multipliant pas les clientèles. Au Tréport (ville sœur de Mers-les-Bains), on compte « cent quatre machines à sous de un centime à 2 €, quatre tables de jeux (deux de blackjack, une de roulette anglaise et une de boule), un restaurant très bon et idéalement placé en bord de plage. Sans oublier l'exploitation d'un cinéma ». La fréquentation quotidienne du casino peut varier « d'environ 500 visiteurs un jour de semaine à 1 200 l'été. Tout dépend de la saison, des week-ends ». Une clientèle qu'il n'entend pas laisser partir à Mers, à quelques centaines de mètres, sans riposter devant cette nouvelle concurrence. Le prélèvement municipal opéré sur le produit brut des jeux est de 12 % au Tréport. « Le business a diminué de 30 % depuis 2007 dans la profession », soupire Jean-Marie Grosse. La crise n'a pas épargné les temples du jeu. D'où ses craintes accrues…
Au casino de Dieppe, la directrice Brigitte Lemercier admet que « Mers est bien plus près du Tréport que de Dieppe. Il y aura donc plus d'impact sur le casino du Tréport. Une offre de jeux supplémentaire, cela fera bouger la clientèle, c'est certain, mais sans que cela ait une conséquence sur nous à Dieppe ».
(source : paris-normandie.fr/Anne-sophie Groué)