Le casino fait l'objet d'une fermeture administrative d'une semaine voulue par le ministère de l'Intérieur. Une première en France.
La sanction est tombée : une semaine de fermeture administrative. Le casino de Gujan-Mestras, le deuxième de Gironde derrière celui de Bordeaux, par son activité, est fermé depuis lundi pour une semaine. C'est un épisode de plus dans les relations extrêmement compliquées entre cet établissement construit en 2004 par Frédérique Ruggieri (mais finalement nanti des autorisations et donc ouvert en 2006) et les fonctionnaires de la direction des courses et des jeux. En cause, « un acharnement administratif et des contrôles aussi tatillons qu'incessants », dixit Sentob Toledano, le directeur de la Socodem, la société qui gère le casino.
Nombreux contrôles
Un avis qui lui appartient. Mais du côté de la direction des courses et jeux et même du ministère de l'Intérieur qui a entériné la décision de fermeture administrative, les arguments sont différents. Ce ne sont pas les multiples procédures engagées qui sont reprochées aux responsables du casino de Gujan, mais leur refus systématique de respecter dans le détail la très stricte réglementation qui s'applique aux casinos et aux jeux en général. On souligne que de nombreux contrôles ont été effectués, dont deux, en 2010 et 2011, par le service central des courses et jeux. Que des infractions ont été constatées et notifiées sans qu'elles soient prises en compte. « Tous les casinos se plient aux obligations de la réglementation, sauf le casino de Gujan-Mestras », fait-on remarquer du côté du service des courses et jeux.
190 000 euros de pertes
« Nous avons donc une semaine de fermeture administrative, réplique Sentob Toledano, parce que, par exemple, nous n'avons pas respecté le délai pour l'annonce des tournois de poker, deux semaines au lieu de trois. Ou encore parce que nous n'avons pas formé aux machines à sous un membre du comité de direction chargé... des tournois. » Il estime le casino « persécuté » et ce n'est pas Marie-Hélène des Esgaulx, la sénatrice maire UMP de Gujan, qui va le démentir : « C'est une sanction trop lourde et décalée parce qu'elle porte sur une période aujourd'hui révolue. Ce casino est maltraité par l'administration des jeux depuis le départ et ça continue. Je le prends très mal parce qu'à travers le casino, c'est aussi Gujan qu'on montre du doigt. »
Deux recours en référé ont été déposés la semaine dernière devant le tribunal administratif contre l'arrêté de fermeture signé le 24 février dernier. Mais aucun n'a abouti. Les responsables du casino de Gujan se réservent toutefois le droit d'entamer une nouvelle procédure devant le tribunal administratif, dans le but d'obtenir réparation du manque à gagner lié à cette fermeture, estimé à 190 000 euros.
De son côté, l'administration des courses et jeux n'en démord pas. « Tous les casinos doivent appliquer à la lettre la réglementation, établie pour garantir la sincérité et la sécurité des jeux. Depuis plusieurs années, on a constaté à Gujan-Mestras des manquements structurels à la réglementation. »
Une première en France
Pour Roland Léas, responsable du casino de Soulac et président du syndicat des casinos indépendants français, « cette fermeture administrative est regrettable, mais on ne peut accuser l'autorité de tutelle d'avoir pris cette décision à la légère. Elle est au contraire tout à fait exceptionnelle. C'est une grande première en France. »
Le dossier du casino de Gujan était en effet parvenu jusqu'à la commission supérieure des jeux où siègent des représentants de l'État et des professionnels. « Il est rare qu'un dossier de cette nature parvienne jusqu'à elle, observe Roland Léas. Ensuite, c'est la direction des libertés publiques et de la réglementation ou le cabinet du ministre de l'Intérieur qui prennent la décision. »
(source : sudouest.fr/David Patsouris)