Les policiers continuent de faire le ménage dans les cercles de jeux parisiens. Selon les sources, entre seize et dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue lundi matin «en Corse et sur le continent», dans le cadre de l'enquête sur le Cercle de jeux Wagram, l'un des plus prestigieux du pays. Après celle de juin, il s'agit de la deuxième grande vague d'interpellations dans ce dossier mené par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de paris pour «extorsion de fonds en bande organisée».
Cible principale de ce raid, Jean-Angelo Guazelli, dont un frère a été tué dans un règlement de comptes en 2009, a été interpellé à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il s'agit d'une figure présumée du gang de la «Brise de mer», du nom d'un bar de Bastia où ses membres avaient leurs habitudes. Ce groupe criminel est soupçonné d'avoir voulu mettre la main sur le Cercle de Jeux Wagram, l'un des plus prestigieux de paris, situé à proximité immédiate des Champs-Elysées et disposant, notamment, d'une quinzaine de tables de poker.
Un vaste système de comptabilité occulte
Le coup de filet de lundi a été mené par les Offices centraux de lutte contre la criminalité organisée (Oclo) et pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), avec des effectifs de plusieurs directions régionales de police judiciaire. Les gardes à vue entamées lundi peuvent durer jusqu'à quatre jours s'agissant de criminalité organisée.
Les premières arrestations en juin avaient visé une trentaine de personnes gravitant autour du Cercle Wagram et de l'Eldo, un établissement de la place de la République (IIIe arr.). Depuis, les policiers ont mis au jour un vaste système de comptabilité occulte. Huit personnes ont été mises en examen en juin, parmi lesquelles le Corse Antoine Quilichini, 38 ans, fiché au grand banditisme. D'autres noms apparaissent dans ce dossier, mêlant anciens policiers ou policiers actifs, politiques, acteurs, dont un, qui a joué dans la série de Canal+ "Mafiosa", est mis en examen.
Employé municipal à Levallois-Perret et organisateur de dîners people
Parmi les interpellés de lundi figure Jean Testanière, éducateur de jeunesse très impliqué dans l'aide aux handicapés et «connu dans les milieux politiques et artistiques». Employé municipal à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), ce sexagénaire a été membre de la direction du Cercle Wagram et est entendu «à ce titre», selon une source policière. Il «organisait des dîners people» au Wagram, selon ces sources.
Le député-maire PS de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi, successeur de Dominique Strauss-Kahn à la mairie, a été entendu récemment, mis en cause par un ancien employé pour ses liens présumés avec le responsable du Wagram, Philippe Terrazzoni, originaire comme lui de l'Alta-Rocca (Corse-du-Sud) et soupçonné de faire partie du grand banditisme corse. Des accusations "calomnieuses" et "diffamatoires", a tonné François Pupponi.
Une enquête a également été ouverte cet été après la disparition de près de 15.000 euros parmi les espèces mises sous scellés dans le cadre de l'enquête Wagram et entreposées dans les locaux du SCCJ, qui avait effectué la première opération "mains propres".
On compte une dizaine de cercles de jeux en France, la plupart à paris où les casinos ne sont pas autorisés. Environ 90 % de leur chiffre d'affaires provient du poker et le reste du baccarat, du chemin de fer ou de la roulette. Cette activité génère beaucoup d'argent liquide.
(source : Le
parisien.fr/S.M. et Ph.L. avec AFP)