Après Le Tréport et Cayeux-sur-Mer, deux nouveaux casinos pourraient ouvrir leurs portes d'ici 2013 à mers-les-Bains et Fort-Mahon. Une manne pour les communes.
Que demande le peuple ? Du pain, et des jeux, pardi. Sur le littoral picard, les accros aux machines à sous et autres jeux de table auront bientôt de quoi être rassasiés.
Les projets de deux nouveaux casinos, à mers-les-Bains et Fort-Mahon, viennent d'être examinés devant la Commission des jeux du ministère de l'intérieur.
La réponse, très attendue, devrait tomber d'ici six semaines. L'enjeu est de taille, pour ces deux communes, qui espèrent des retombées substantielles de l'ouverture de ces établissements. Car si un casino participe à l'attrait touristique d'une commune, il permet surtout de remplir les caisses des collectivités.
Le casino financera la lutte contre la mer
C'est le cas par exemple à Cayeux-sur-Mer, où le casino, ouvert en 1992, offre à la commune une manne annuelle de 400 000 euros. «Sans le casino, de nombreux projets comme le réaménagement récent du port du Hourdel n'auraient pu voir le jour », se félicite le maire Yves Masset.
Le casino participe aussi pour moitié au budget de fonctionnement de cette ville de 2 800 habitants. Et les futures recettes seront affectées au financement de la réalisation d'épis (2, 5 millions d'euros à la charge de la commune), destinés à protéger Cayeux des risques de submersion marine.
Aussi, la perspective de voir s'ouvrir deux nouveaux casinos sur le littoral picard n'est pas vraiment du goût du maire, qui craint de voir ses ressources diminuer. « Je me pose des questions, quatre casinos sur une côte de 70 km, je ne trouve pas ça très judicieux. »
À mers-les-Bains, où l'on s'apprête à renouer avec une tradition qui a perduré de 1850 à 1987, date de la fermeture du septième et ultime casino de la ville, on ne partage évidemment pas cet avis. «La Picardie est la seule région de France qui ne compte qu'un seul casino sur son littoral, rappelle le maire UMP Emmanuel Maquet. Cela permettra au contraire de renforcer l'attrait touristique du littoral, et la concurrence va stimuler l'offre. »
Le futur casino, qui pourrait ouvrir ses portes dès 2013 près du bowling, sur la zone commerciale située à l'entrée de la ville, participera également à renflouer les caisses de la collectivité, qui percevra 15% du produit brut des jeux (différence entre les mises et les gains), soit environ 500 000 euros par an.
«Mais c'est aussi une vingtaine d'emplois supplémentaires, et un élément qui participera à l'attrait de la station balnéaire, insiste Emmanuel Maquet. D'autant qu'un casino, c'est l'assurance d'une animation tout au long de l'année. »
De nombreuses communes françaises voient dans les établissements de jeux une manne providentielle. Au risque, selon certains, de créer une «casino-dépendance », «sinon malsaine, au moins risquée », souligne Sébastien Camillieri, auteur d'une thèse de droit public sur la question.
À Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie), la baisse des recettes du casino a par exemple conduit la commune à devoir augmenter ses impôts locaux. La dépendance aux jeux, c'est bien connu, peut-être dangereuse.
(source : courrier-picard.fr/FABRICE JULIEN)