Dans la Marne, à Mers-les-Bains dans la Somme, Larmor-Plage dans le Morbihan et même Kourou en Guyane : les élus sont nombreux à ambitionner un projet de casino sur leur territoire.
Le syndicat mixte d'aménagement du lac du Der a désigné le mois dernier le groupe Joa pour construire un casino dans la commune de Giffaumont-Champaubert. Pas de salle de spectacle mais un restaurant de plus de 500 mètres carrés, 75 machines à sous dès l'ouverture au printemps 2014, 120 à terme. Construit sur les bords de l'un des principaux bassins de rétention de la Seine pour 7,5 millions d'euros, le casino compte attirer des clients dans un rayon de 80 à 90 kilomètres avec des tables de poker et de black-jack ainsi qu'une roulette anglaise. De quoi créer une cinquantaine d'emplois dès l'ouverture et rapporter plus de 1 million d'euros à l'horizon 2018, selon l'estimation « prudente » du groupe Joa. Selon le député Charles de Courson, président du Syndicat du Der, cette manne pourrait servir à financer la poursuite de l'aménagement touristique du plus grand lac artificiel d'Europe. Le projet devra encore être autorisé par le ministère de l'Intérieur.
Une fièvre contagieuse
Du côté de Lorient, la station balnéaire de Larmor-Plage veut implanter, en lieu et place du camping municipal, un casino, un hôtel et un restaurant. Le projet a été adopté par le conseil municipal, la société Service Public 2000 a été désignée pour servir de conseil. Mais ce serait le quatrième dans un rayon de 50 kilomètres et l'opposition a lancé une pétition pour conserver le camping. En Picardie, Mers-les-Bains veut renouer avec une tradition qui a perduré de 1850 à 1987, date de la fermeture du septième et ultime casino de la ville. En novembre 2010, la collectivité a choisi le délégataire de service public du futur établissement : la société Bowl'in Café. Si elle obtient toutes les autorisations nécessaires, l'entreprise pourra construire l'établissement, adossé à un bowling, où seront proposés des jeux de table et des jeux électroniques. non loin de là, la commune de Fort-Mahon souhaite, elle aussi, pouvoir rouvrir un établissement fermé depuis 1998. Après avoir obtenu, en 2007, le classement de la ville en station balnéaire, la municipalité a soumis, en juin dernier, le projet à enquête publique. Au terme de la procédure, le groupe Vikings Casinos devrait être retenu comme délégataire.
Au total, l'Hexagone compte 195 casinos situés dans 180 villes et les établissements emploient 17.000 personnes. Les élus suivent attentivement l'évolution du produit brut des jeux (PBJ), différence entre les mises et les gains des joueurs dont la municipalité concernée perçoit directement 15 % du montant... Après trois années dans le rouge, le fameux PBJ a progressé de 0,95 %, à 2,32 milliards d'euros en 2011, dont 212 millions pour les jeux de table et 2,1 milliards pour les 23.000 machines à sous. Le casino d'Enghien-les-Bains dans le Val-d'Oise se classe au premier rang avec un PBJ de 157 millions d'euros et le petit casino de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) à la dernière place avec 300.000 euros.
Si une partie des élus rêve d'attirer de nouveaux casinos, les professionnels tentent, eux, dans le même temps, de négocier le cahier des charges qui les lient aux municipalités afin d'alléger leurs charges. Ils pointent du doigt le fait que la crise économique et l'interdiction de fumer dans les casinos ont refroidi l'ardeur des joueurs.
(source : lesechos.fr/Julie Chauveau avec Domi
nique Charto
n et Guillaume Roussa
nge)