La maison de jeu de la station thermale ouvre dans quelques jours un nouvel espace de jeu. La pression monte autour du Léman.
Saint-Julien-en-Genevois, Annemasse, Annecy, Meyrin, Divonne, Evian et Montreux. L’orbite lémanique attire les casinos comme la lumière les lépidoptères. «Ceux qui travaillent avec sérieux et en respectant le client auront toujours du grain à moudre», analyse Eric Perrin, nouveau directeur général du Casino d’Evian.
Ses préoccupations à lui — même si un casinotier se doit d’afficher le zen du triomphateur — le portent à regarder vers l’est (voir interview ci-contre) plutôt que du côté de Genève. Un aveu que son prédécesseur, Patrice Caillaux, n’avait jamais osé clairement faire, les lois de la concurrence imposant le masque de l’indifférence.A l’inauguration du casino montreusien, la direction de l’établissement évianais déclarait vouloir, en substance, «attendre pour voir». Pourtant, elle n’a pas traîné pour mettre en chantier sa nouvelle salle des machines à sous. Commencés en août dernier et achevés ces prochains jours, les travaux de réaménagement de la partie du bâtiment située sous sa coupole ont coûté la coquette somme de 2,7 millions d’euros. La réponse du berger à la bergère? «Pas du tout, répond Eric Perrin. Le concept retenu avait été programmé il y a cinq ans déjà, soit bien avant l’entrée en scène du groupe Barrière en Suisse. Seules des contraintes économiques en ont retardé la réalisation.»
Le concept, justement, rappelle les horizons lointains. Montreux a opté pour le thème musical, Evian choisit l’Afrique australe, avec paillotes dans les arbres, boucliers bantous, défenses d’éléphants et tout à l’avenant. Au milieu de cette savane factice ont évidemment été installées trente machines à sous supplémentaires, un nouveau restaurant et un nouveau bar. «Nous offrons plus qu’un casino, nous sommes un centre de loisirs, nous voulons donner des émotions à nos clients», martèle Eric Perrin, dont l’établissement compte désormais 287 machines à sous, 11 tables de jeu, 6 restaurants et 4 bars. Pour mémoire, Montreux dispose de 310 machines, 20 tables, 3 restaurants et 2 bars. A l’évidence, lui non plus n’est pas qu’un casino.
Côté marketing, l’établissement haut-savoyard entend continuer de ratisser sur la Riviera vaudoise et en Valais. Sa clientèle est d’ailleurs à 40% suisse (50% vaudoise, 50% valaisanne) et à 60% française (80% du grand Chablais, 20% du reste de l’Hexagone). Mais finalement, laquelle des deux enseignes deviendra celle du roi de la jungle du jeu? En fait, on ne s’entre-dévore jamais publiquement chez les casinotiers, même si la gourmandise leur fait volontiers avouer que, sans le concurrent d’en face, le jackpot serait bien plus appétissant.
(source : 24heures.ch/Edouard Chollet)