afp - Dans un silence de cathédrale, à peine perturbé par le cliquetis des jetons et le bruissement des cartes, deux mille passionnés de poker s'affrontent durant tout le week-end à la Grande Halle de la Villette, à Paris, à l'occasion du plus grand tournoi jamais organisé en France.
Assis à la table 56, Gaétan Labonne ajuste sa paire de lunettes, de la musique dans ses écouteurs, en manipulant ses cartes. D'habitude, ce Tourangeau de 21 ans joue "avec des amis dans des cercles privés" et le plus souvent sur internet.
C'est justement en ligne qu'il s'est qualifié pour ce tournoi organisé par Winamax et qui représente la première des 69 étapes réparties dans 37 villes de France. Au total plus de dix mille joueurs sont attendus dans ces différents lieux après les qualifications en ligne qui ont débuté le 15 septembre.
Comme ce supporter du Paris-Saint-Germain, les participants sont en grande majorité des amateurs jouant sur la toile. "Ici, ils ont l'occasion de côtoyer des professionnels à l'occasion d'un tournoi gratuit. Pour eux, c'est un plaisir mais pour nous aussi car c'est grâce à eux que le poker s'est développé en France", explique Antony Lellouche, 30 ans, un joueur professionnel sponsorisé par Winamax.
C'est l'occasion, selon Patrick Bruel, comédien et actionnaire du leader du poker en ligne en France, de "créer un lien entre des gens qui n'ont pas l'habitude de se voir et qui, là, peuvent se rencontrer".
Un jeu qui lorsqu'il se pratique en salle permet d'entretenir "une sorte de proximité distante avec ses adversaires", selon Valentine Frichet, 36 ans, une participante dont l'entourage baigne dans le domaine.
"mentaliste"
Dan Helal, 41 ans, alterne quant à lui les tournois sur le net et en salle.
D'après lui, les qualités à avoir pour réussir dans ce jeu sont "la patience et la gestion des émotions".
"Il existe des gens très doués pour repérer les failles ou les forces de leurs adversaires en analysant leur attitude gestuelle et leur comportement", souligne-t-il.
"C'est vrai qu'il faut avoir un petit côté +mentaliste+. Etre capable de repérer les signes d'angoisse comme, par exemple, une carotide qui bat trop vite. C'est ce qui fait la différence entre un bon joueur amateur et un professionnel", fait remarquer Antony Lellouche.
Pour rejoindre les quelque 1.500 Français qui en ont fait leur métier, pas de secret: "Il faut jouer, jouer, jouer. Décortiquer les stratégies de jeu", estime Valentine Frichet, qui fait partie des quelques femmes (moins de 10%) à évoluer dans cette épreuve très masculine, où l'on peut aussi croiser, parmi les people, la comédienne Alice Taglioni.
"Il faut du sérieux et avoir de solides connaissances en statistiques", ajoute Gaétan Labonne, très économe dans ses gestes autour de la table.
Un avis également partagé par Dan Helal qui, en terme de stratégie, n'est pas un partisan du bluff. "Mon truc, c'est plutôt d'essayer le plus tôt possible et très vite de faire grimper mon stack (stock de jetons, ndlr) pour être capable de me relever si cela ne passe pas", explique-t-il.
Plus énigmatique, Valentine Frichet a aussi une recette bien personnelle pour mettre en difficulté ses concurrents. Elle dit utiliser "un peu de poudre de perlimpinpin".
(source : france24.com/
afp)