Jean-Luc Zizzo, directeur de la filiale mentonnaise, dévoile le dispositif de sécurité pour éviter que se reproduise le scénario cannois. Et pour déjouer toute complicité interne
Sans baronnage, il ne peut y avoir tricherie ». Jean-Luc Zizzo, directeur du Casino Barrière de Menton, est formel. La complicité interne est la base des différents plans échafaudés par les fraudeurs. Comme l’a récemment démontré l’affaire des cartes marquées à l’encre sympathique, détectable par lentilles infrarouges au sein de l’établissement Les Princes à Cannes.
« Là on est entré dans la troisième dimension ! C’est très difficile de déceler une telle tricherie, explique Jean-Luc Zizzo. Cela prouve le professionnalisme de nos confrères cannois. D’autant que la somme était relativement courante pour ce type de jeu ».!
Les casinos, face à l’avancée permanente des techniques de triche, seraient-ils condamnés à une véritable course à l’échalote face aux escrocs ? Un peu à l’image du dopage dans le sport, ils sont, en effet, contraints d’imaginer les pires scénarios, afin de les contrer. D’ailleurs, il existe bon nombre de possibilités de diminuer le facteur chance, même si à Menton, la dernière tentative de fraude date d’avant 2000 !
« Nous avons été épargnés, certes, mais nous devons rester vigilants », souligne Jean-Luc Zizzo.
Planning des salariés : rotation et discrétion
À commencer par la surveillance du personnel. Ce contrôle est très hiérarchisé. Il y a tout d’abord le croupier. Il travaille sous l’autorité d’un chef de table, lui-même soumis à la vérification d’un chef de partie. Viennent ensuite un membre du comité de direction, puis le directeur de la salle de jeux.
Rien n’est laissé au hasard, pas même le planning des salariés : « De nombreuses rotations sont organisées, afin d’éviter toute habitude entre employés, explique le directeur du casino mentonnais. De plus, l’emploi du temps est tenu secret entre différentes catégories ».
Un registre des malversations et des protagonistes
N’oublions pas également l’autorité de tutelle, la police judiciaire. Elle mène une enquête de personnalité sur chacun des salariés lorsqu’il postule pour un emploi dans un établissement de jeux. Y compris le directeur ! Les forces de l’ordre portent également un regard pointu sur les entrées. Même si l’accueil, beaucoup plus chaleureux, vient d’être totalement revu au Casino de Menton, le client est obligé de décliner son identité avant de pénétrer dans les lieux.
« Nous sommes abonnés au système Griffin. Il s’agit d’un recueil des tricheurs mondiaux. Un registre où sont enregistrées toutes les malversations connues, ainsi que les protagonistes ».
Impossible de passer dans les mailles du filet. Comme il est irréalisable d’échapper à la surveillance des caméras. « Elles nous permettent de confirmer certaines intuitions. Mais aussi au client de régulariser son paiement en cas de doute ».
Les bandes concernant les flux financiers - caisses, machines… - sont conservées 28 jours. Pour le reste, « la discrétion est de mise ». Bref, toutes les mesures sont prises pour contrecarrer les plans des fraudeurs.
Finalement, ils ont peut-être plus de chance de gagner normalement que de… tricher !
(source : nicematin.com/J.-f. Malatesta)