Les cinq suspects interpellés par la PJ cette semaine devraient être déférés ce matin au parquet de Grasse. Le directeur du casino Barrière s’avoue impressionné par cette escroquerie inédite
C’est un scénario à la Ocean’s eleven qui a été déjoué, lundi soir, sur la Croisette, au casino Les Princes du groupe Barrière. Une arnaque high-tech jusqu’alors inconnue de ce côté-ci de l’Atlantique. Les cinq suspects arrêtés dans cette affaire de tricherie au stud poker étaient toujours en garde à vue, jeudi soir, dans les locaux de la PJ de nice. Ils devraient être déférés ce matin au parquet de Grasse, qui a ouvert une enquête pour « escroquerie en bande organisée ».
Un client italien et un membre du comité de direction du casino cannois ont été interpellés, lundi, en pleine salle de jeux. Deux autres ressortissants transalpins l’ont été le lendemain à l’aube, dans un hôtel du centre de Cannes. Puis un employé de casino niçois a été, à son tour, appréhendé.
22.000 € en 2 h 30
Quels liens entretiendraient ces suspects? C’est ce que s’attachent à établir les enquêteurs. Pour l’heure, on sait que le joueur « lisait » les cartes du croupier grâce à des lentilles infrarouges, capables de distinguer des signes, invisibles à l’œil nu, identifiant chaque type de carte. « Du grand art! », reconnaît le directeur des casinos Barrière de Cannes, Alain Fabre. « C’était indétectable, remarquablement fait. Il a fallu qu’on les examine dans une pièce noire avec un détecteur de faux billets pour déceler l’astuce. » Or, à ce petit jeu-là, « quasiment tous les coups sont gagnants ».
C’est ainsi que ce client italien, la cinquantaine, a raflé la bagatelle de 22.000 € en deux heures et demie, à coups de mises de 250 €. Sauf que, pour introduire ces cartes truquées à la table de poker, il lui fallait un complice « infiltré ». Forcément haut placé.
C’est là qu’interviendrait le cadre du casino. Le même qui s’apprêtait à récupérer le jeu de cartes, selon le directeur, qui a suivi la scène derrière les écrans de contrôle. C’est alors que « l’antigang » est passé à l’action, sous les yeux stupéfaits des témoins et des intéressés. « Son cas reste isolé », précise Alain Fabre, qui déplore « une forme de trahison ».
Plainte contre X
Au fil de l’enquête conduite ces dernières semaines par la police judiciaire, des surveillances auraient mis au jour des échanges entre le casinotier cannois et les trois Italiens. Les clients de l’hôtel sont suspectés d’être les complices du joueur aux lentilles magiques. Eux nient toute implication, affirmant être de simples touristes. Quant à l’employé de casino niçois, il pourrait avoir servi d’intermédiaire entre les différents protagonistes.
Pour sa part, Alain Fabre n’avait « jamais vu une telle fraude en trente ans de métier. Il y avait les billes truquées à une époque, mais c’était moins sophistiqué! » Sans être extravagant au vu des sommes en jeu, le préjudice est conséquent. Aux 22000 € mis sous séquestre s’ajoutent 44.000 €, raflés par les mêmes tricheurs présumés, le 14 août dans le même casino. Ce dernier a porté plainte contre X. Et envisage de renforcer ses procédures de contrôle.
(source :
nicemati
n.com/