TERREBOnnE (PC) - Un casino où les clients ne misent pas d'argent a été ouvert en juin dernier à Terrebonne pour aider les joueurs pathologiques, mais l'efficacité de cette initiative soulève les doutes de certains spécialistes.
Au café Mini casino, l'achat d'un café à un dollar donne droit à 100 crédits pour jouer aux machines de vidéo-poker ou à 100$ de jetons pour s'installer à une table de black jack, de poker, de baccarat ou de roulette. De la même façon, un hamburger à trois dollars procure 200 crédits ou 200$ de jetons.
Aucun autre argent n'est dépensé ou gagné sur place, explique le propriétaire, Serge Sigouin, un joueur compulsif qui a mis 10 ans pour amasser les fonds nécessaires afin de réaliser ce projet. Sa clientèle se compose d'environ 140 joueurs.
"Un joueur compulsif, c'est comme un bébé: on ne peut jamais lui enlever son jouet", dit-il.
Sa méthode pour venir en aide aux joueurs consiste à leur donner l'occasion de comprendre qu'ils ont très peu de chances de gagner, dans un contexte où ils ne risquent pas de brûler toutes leurs économies.
"Comment accorder une valeur à des psychologues ou des psychiatres qui n'ont jamais joué eux-mêmes et qui recommandent d'arrêter de jouer?, demande M. Sigouin. Je trouve qu'il est plus réaliste d'inviter les gens à venir ici pour comprendre qu'ils n'ont aucune chance de réaliser leurs rêves en jouant."
Même si M. Sigouin reconnaît que son café n'est pas un centre de réhabilitation, les spécialistes de ce genre de soins doutent que l'initiative permette de sevrer durablement les joueurs compulsifs.
"Je n'y crois pas", dit carrément Claude Bilodeau, un joueur compulsif guéri qui a récemment ouvert un centre d'aide, et qui estime que le meilleur moyen pour se débarrasser d'un problème de jeu est d'arrêter de jouer.
"A mon avis, on maintien l'illusion et il suffit qu'une personne recommence à gagner pour qu'elle tente à nouveau sa chance dans un vrai casino", croit M. Bilodeau.
Le Centre Claude-Bilodeau, où une thérapie d'un mois coûte 3500$, mise sur la reconstruction de l'estime de soi et la réintégration de la société avec le soutien de différents médecins, psychologues et entraîneurs sportifs.
Selon un porte-parole du Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies, le casino "sans argent" de M. Sigouin serait le premier du genre au pays. "Un tel endroit peut apaiser les joueurs qui tentent de s'en sortir", a dit Richard Garlick. Selon lui, une étude serait nécessaire pour connaître l'effet réel de ce type de casino.
(source : mes
nouvelles.bra
nchez-vous.com/Michelle Macafee)