Les salles de jeux seraient la cause de la pénurie des pièces de monnaie dans la sous région.
Le goût de l'argent facile à travers les jeux du hasard s'est emparé depuis quelques années de nombreux Camerounais. Chacun y va de son génie, toutes les opportunités sont alors saisies. Et c'est dans cette mouvance que les salles de jeux, aux machines adaptées, ont envahi les quartiers de nos villes. Pour " tenter sa chance ", avec n'importe quel montant d'argent, nul n'a besoin d'emporter avec lui des sacs de pièces. On les trouve toujours sur place, aussi bien à l'intérieur de ces machines géantes, véritables gouffres à sous, mais aussi auprès du " katika ", nom générique attribué aux gérants de ces salles de jeux, " conseiller " pour les nouveaux arrivants dans cet univers où l'envie de gagner devient une vraie drogue. Et face à la pénurie des pièces de monnaie que connaît nos commerces depuis quelques temps, personne n'avait imaginé l'origine de cette disparition soudaine. Il aura fallu attendre le lancement, il y a quelques semaines, des nouveaux billets de banque entrés en circulation avant hier, au cours d'une téléconférence organisée au siège de la Beac à Yaoundé, pour apprendre de la bouche du gouverneur de cette institution monétaire, Jean Félix Mamalépot, que : " les pièces de monnaie sont confisquées par les salles de jeux ".
Simple coïncidence ou pure situation stratégique, les salles de jeux sont toujours situées à côté des bars et autres snacks. Elles sont reconnaissables par des signes extérieurs qui leur sont propres, à savoir des images représentant des jeux des cartes, des écriteaux clairement identifiés du style " Salle de jeux " ou simplement " casino ". L'entrée à ces salles est certes libre, mais réservée uniquement aux joueurs, dans la plupart de cas. " C'est pour la simple sécurité de nos joueurs ", précise Denis, gérant d'un casino situé au quartier Bépanda Tonnerre à Douala. Les machines ont plusieurs spécialités, mais le prix du jeu reste le même : 100 francs Cfa, ou ce qui en tient lieu. Car à coté des vraies pièces de monnaie, des jetons sans valeur financière réelle sont souvent utilisés. " C'est à cause de la rareté des vraies pièces que plusieurs propriétaires de salles de jeux ont décidé de programmer la machine pour qu'elle puisse recevoir ces pièces que nous achetons au Nigeria ", affirme un gérant de casino. " Certains clients avaient pris l'habitude de rentrer avec les vraies pièces. Ce qui nous handicapait énormément ", poursuit-il, comme pour justifier l'introduction de ces nouvelles pièces dans le système des jeux.
Tout dépend donc de la programmation. Car au delà de ces " fausses " pièces d'une valeur de 100 francs, certaines machines peuvent aussi recevoir les pièces de 25 francs Cfa. Généralement de deux types (poker et Bali-Bali ), on peut apparemment gagner de grosses sommes d'argent dans ces jeux. " Le poker peut payer jusqu'à 450 000 francs Cfa. Le Bali Bali quant à lui paie jusqu'à 100.000 francs. Toute cette somme d'argent peut sortir en un seul coup de la machine, mais il arrive que la machine ne contienne pas assez de pièces de monnaie. Dans ce cas, elle affiche le reliquat que moi même je me charge de payer ", déclare un autre gérant. Le gain, d'après le gérant aidé par d'autres joueurs, " dépend de la mise ". " Tu vois, si tu avais mis cinq pièces tu aurais gagné 50.000 francs au lieu des 11 000 francs ", le gérant essaie de temps à autre d'expliquer et de vanter le jeu à ceux qui le découvrent. Mais le goût de gagner beaucoup d'argent peut alors conduire les éventuels joueurs à reverser tout ce qu'ils possèdent, voire ce qu'ils ont déjà gagné, dans la " gueule " de la machine. Avec pour seule motivation, le pari d'avoir pris le risque. Quelques fois, dans certaines salles, des messages de la direction constituent des véritables sujets de réconfort. " Votre consolation est de 10% par tranche de 5.000 francs. Elle représente les frais de taxi ". C'est-à-dire que par pitié, pour un jeu perdu de 5.000 francs, le gérant peut remettre à l'infortuné 500 francs Cfa, comme frais de taxi. En attendant la prochaine mésaventure.
(source : fr.allafrica.com/Lazare Kolyang)