Loto-Québec emboîtera le pas à l'Ontario et équipera ses casinos d'un dispositif de reconnaissance faciale, capable de repérer en un clin d'oeil les joueurs pathologiques.
La société d'État lancera un appel d'offres dès cet automne, afin d'implanter de nouveaux scanners dans ses quatre casinos, dont celui du Lac-Leamy à Gatineau.
« Ça fait un certain nombre d'années que Loto-Québec regarde cette chose-là, dit le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy. On avait même fait des tests, il y a quelques années, mais la technologie disponible ne nous convenait pas tout à fait. On pense que le moment est venu. »
L'exemple de l'Ontario a joué pour beaucoup dans la récente décision de Loto-Québec. La Société des loteries et des jeux de l'Ontario (SLJO) achève d'équiper ses 27 casinos et salons de jeux d'un nouveau dispositif de reconnaissance faciale. Les deux tiers des établissements ontariens ont déjà reçu les caméras, et l'installation devrait être complétée d'ici la fin de l'année. « On s'est rendu voir en Ontario comment fonctionnait le système. On a été impressionnés », reprend Jean-Pierre Roy.
Autoexclusion
La technologie retenue par l'Ontario repose sur un système d'autoexclusion des joueurs pathologiques, similaire à celui qui existe dans les casinos québécois. En signant son formulaire d'autoexclusion, le joueur autorise qu'une photo de lui soit incluse dans une banque de données. Par la suite, si le joueur tente de pénétrer de nouveau dans un casino, et que la caméra le repère dans la banque de données, des gardiens de sécurité interviendront discrètement pour lui demander de sortir. Près de 15 000 personnes se sont inscrites sur les listes d'autoexclusion en Ontario, dont 120 dans la région d'Ottawa.
À l'hippodrome Rideau-Carleton d'Ottawa, la caméra est installée à la guérite de sécurité.
Même si la caméra prend une photo de toutes les personnes qui pénètrent à l'intérieur du casino, la SLJO assure avoir pris les précautions nécessaires pour préserver la vie privée des gens. « Si le dispositif de reconnaissance faciale ne trouve aucune correspondance dans sa banque de données, la photo est automatiquement effacée du système », assure Tony Bitonti, porte-parole du SLJO. En outre, les photos sont conservées sous formes de données biométriques illisibles, et ne figurent dans aucune autre banque de données. La commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Ontario, Ann Cavoukian, a été impliquée de près, ajoute M. Bitonti.
Le nouveau dispositif de reconnaissance faciale a déjà fait la preuve de son efficacité. En seulement trois mois, il a repéré 679 joueurs inscrits sur les listes d'autoexclusion. La moyenne annuelle, pour tous les casinos ontariens, est de 1000.
Pour l'activiste gatinois Bill Clennett, de la coalition Emjeu, le dispositif de reconnaissance faciale témoigne surtout... d'un sérieux problème de jeu pathologique en Ontario. « Ça démontre que les programmes d'autoexclusion ne sont pas sans failles. Et ce nouveau dispositif ne fait rien pour régler le problème à la source », dit M. Clennett.
(source : cyberpresse.ca/Patrick Duquette)