ÉTUDE. Les paris en ligne, légalisés il y a un an, n’ont pas changé la donne. L’environnement demeure difficile et la Bourse boude le secteur. Seuls les établissements les plus connus et les plus solides peuvent rester dans la partie.
Tout juste un an après la légalisation des jeux en ligne, rien n’est joué dans l’univers des jeux de hasard. Patrick Partouche, président du groupe éponyme, résume assez bien la situation?: « Trente-cinq opérateurs agréés et 35 qui perdent de l’argent! » Et d’ajouter?: « Il n’y a que la Française des Jeux et le PMU qui sont gagnants. »
Pourtant, les Français ont répondu présents, puisqu’ils ont misé depuis douze mois 9,5 milliards d’euros pour les jeux en ligne, dont 1,5 milliard sur les paris sportifs (y compris hippiques) et 8 milliards sur le poker, selon les données du Groupement des éditeurs de services en ligne. Toutefois, si une grande partie de l’offre est captée par les sites légaux, les sites non agréés n’ont pas disparu pour autant. Certains joueurs déplorent une offre officielle trop restreinte et dénoncent la complexité et la longueur de la création d’un compte client. Les sites de poker en ligne ont, par exemple, connu un très vif succès dans les premiers mois, mais l’euphorie est retombée et les revenus de cette activité devraient rester stables cette année. Enfin et surtout, la fiscalité pour les opérateurs français est plus lourde que dans d’autres pays européens, l’Italie par exemple. Cette loi 2010 sur les paris en ligne peut être améliorée, précise l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), qui a présenté au gouvernement un rapport avec de nombreuses propositions.
Pour les casinos français, qui espéraient une amélioration de la fréquentation de leurs établissements via le poker en ligne et ont beaucoup dépensé en publicité et en offres promotionnelles, l’essai n’est pas encore transformé. L’environnement reste difficile, même si le poker garde la cote. Le produit brut des jeux en France dans les établissements n’a pas cessé de s’infléchir depuis 2007. Après un recul de plus de 8 % en 2008 et en 2009, la baisse a toutefois été limitée à 2,1 % en 2010, à 2,3 milliards d’euros.
Trois ans de crise
Après trois ans de crise très dure, de nombreux établissements déficitaires ont fermé leurs portes et même les grands casinotiers n’ont pas été épargnés. Outre la crise, le secteur a été frappé, en France, par l’interdiction de fumer et par la présentation obligatoire d’une pièce d’identité, ce qui a fait chuter la fréquentation des établissements.
Face à cet environnement, les quatre sociétés du secteur cotées à Paris n’ont pas eu les mêmes cartes en main. Groupe Partouche, au bord du gouffre, a réussi à trouver de l’argent frais auprès de Butler Capital et la Fermière du Casino Municipal de Cannes a bénéficié du soutien de Fimalac (10 % du capital) et d’un des fonds souverains du Qatar, entrés à son capital (23,3 %). La Société des Bains de Mer a pu rester dans la partie, grâce à une situation financière solide, mais la Société Française de Casinos, en redressement judiciaire, pourrait bien quitter la table.
(source : i
nvestir.fr/Sylvie Aubert)