VIDEOSURVEILLAnCE | L’ancien directeur aurait mis en place un système non sécurisé, permettant de surveiller clients et employés à distance
Tables de jeu, automates, cuisines, arrière-salles: selon le journal SonntagsBlick, l’ancien directeur du Casino du Lac, à Meyrin, aurait surveillé ses clients et employés grâce à un système de caméras lui permettant de visionner les images à distance, depuis n’importe quel point du globe. A Berne, une procédure administrative a été ouverte à l’encontre du casino genevois.
Directeur de la maison de jeu jusqu’en 2009, le cadre du groupe français Partouche aurait fait installer ce système de caméras consultable à distance par une société tunisienne il y a quatre ans, comme le prouvent certains e-mails internes que le journal alémanique s’est procurés. L’adresse Internet permettant de visionner les images – tout comme les données d’accès – n’était pas sécurisée et avait été fournie à plusieurs personnes, raconte un ancien technicien de l’établissement. «n’importe quel hacker amateur pouvait s’introduire dans le système et se procurer des informations sur le casino et ses clients.» Grâce aux caméras, le directeur aurait ainsi pu épier à distance chaque recoin du casino, ses clients comme ses employés.
Sécurité exigée
Suite à ces révélations, la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) a ouvert une procédure administrative. Si la loi oblige les casinos à posséder un système de vidéosurveillance, elle exige également que celui-ci soit sécurisé et accessible par un nombre restreint de personnes. L’ordonnance sur les jeux de hasard et les maisons de jeu est claire: le casino «veille à ce que seules aient accès aux enregistrements les personnes qui en ont besoin pour accomplir leur tâche».
Images gardées 28 jours
Une ordonnance du Département fédéral de justice et police de 2004 précise: «Le système de vidéosurveillance doit être protégé de toute intervention indue.» Ce dernier doit être actif 24?h/24 et permettre de surveiller le périmètre d’accès au casino, les salles de jeu ainsi que les locaux où sont conservés, transportés ou comptés «les jetons, l’argent ou les instruments de jeu». Objectif: «garantir une exploitation des jeux sûre et transparente», et «pouvoir retracer les flux financiers et les résultats des jeux, par exemple en cas de soupçon d’escroquerie ou lors de la contestation d’un joueur». Les images doivent être conservées dans un lieu sécurisé, 28?jours au moins. La loi exige que certains éléments – jetons, cartes et dés – soient reconnaissables. L’établissement doit en revanche prévenir employés et clients que ceux-ci seront filmés.
Etant donné la procédure en cours, l’actuel directeur du casino n’a pas souhaité faire davantage de commentaires. Il précise néanmoins: «nous bénéficions d’un accès à distance sécurisé à notre système de vidéosurveillance, afin que notre prestataire puisse effectuer de la maintenance, explique Fabrizio Barozzi. Mais dès qu’il n’y en a plus besoin, la prise est retirée pour éviter tout problème de hacking.» Et le directeur d’assurer: «Les caméras nous servent uniquement à surveiller l’exploitation des jeux ainsi que les accès au casino, et non pas nos employés.»
Le préposé fédéral à la protection des données – qui s’occupe des questions de vidéosurveillance aussi sur terrain privé – n’a pas encore été averti de l’affaire.
(source : tdg.ch/Chloé Dethure
ns)