Le pôle addictologie de Bordeaux soigne aussi les accros aux jeux. Récit de Marc Auriacombe, dont le service participe à une étude nationale.
Une condamnation à trois ans de prison, dont un ferme : c'est la peine prononcée en 2010 par le tribunal de Dax contre un jeune homme de la région qui avait puisé dans certains comptes de clients de la banque qui l'employait pour satisfaire sa passion du jeu.
Une passion née dix ans auparavant, quand il mit pour la première fois les pieds dans un casino et, malheureusement, gagna. « S'il avait perdu, les choses auraient peut-être été différentes, note le professeur Marc Auriacombe, qui dirige à Charles-Perrens l'équipe spécialisée en addictologie, associée avec d'autres (1) au sein du Centre de référence sur le jeu excessif du CHU de Nantes.
« Le CRJE, explique Bénédicte Hérissé, chargée de communication au CHU de Nantes, a décidé de mener une recherche d'envergure nationale afin d'identifier les facteurs liés au développement d'un problème concernant le jeu. Cela avec l'objectif de mettre en place des actions de prévention plus efficaces et d'adapter les prises en charge thérapeutiques proposées aux joueurs en difficulté. » Le CRJE lance donc un appel à des volontaires.
« Un malentendu »
À Bordeaux, le pôle addictologie de Charles-Perrens soigne les accoutumances, avec ou sans substances. « Nos travaux, explique le professeur Auriacombe, sont centrés sur les comportements addictifs, que ce soit à une substance (tabac, alcool, cannabis, héroïne, cocaïne et autres drogues) ou à d'autres objets d'addiction (jeux d'argent, Internet, alimentation). Nous utilisons une approche multidisciplinaire, de la neurobiologie à la psychologie et à la sociologie. » Mais, précise-t-il, « il y a un malentendu. Les addictions n'ont rien à voir avec les substances. Elles surviennent quand le patient perd le contrôle sur la source de plaisir. Le jeu étant une source de gratifications, il y a nécessité d'un système de contrôle. Internet, évidemment, accentue cette perte de contrôle ».
Pour Marc Auriacombe, personne n'est à l'abri. « Deux éléments interviennent : les circonstances et les facteurs propres à la personne », assure-t-il. En matière de jeu, il n'existe, d'après le centre du CHU de Nantes, aucune donnée chiffrée. Mais on estime qu'entre 0,5 et 3 % de la population présenterait des problèmes liés à la pratique des jeux de hasard et d'argent. À Charles-Perrens, la prise en charge individualisée est souvent quotidienne, et le pôle propose aussi des activités de groupe tournées vers la socialisation et la culture. Et le professeur Auriacombe insiste : « Il faut absolument affirmer que le patient est tué à petit feu mais que nos thérapies sont efficaces. »
(1) L'hôpital Marmottan, à Paris ; l'université de Paris Ouest Nanterre ; l'hôpital Louis-Mourier, à Colombes ; l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille ; le CHU de Clermont-Ferrand ; et l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif.
(source : sudouest.fr/Hélène Rouquette-Valeins)