Le secteur florissant des jeux d’argent est dans le collimateur des autorités. Un juge interdit au loto sportif de laisser jouer les chômeurs et les Länder veulent réguler l’usage des machines à sous.
Cette branche ne connaît pas la crise. L’an dernier, les entrepreneurs du secteur des machines à sous ont réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros. Par exemple, l’entreprise de Paul Gauselmann, surnommé le « roi des bandits manchots » affiche un bénéfice en progression de 22 % sur un an. Une ère de prospérité menacée par le revers de sa médaille.
La plupart se trouve dans les brasseries
Car le nombre d’accros au jeu progresse parallèlement : ils sont 600 000, chiffre en augmentation constante. 80 % d’entre eux affirment que les machines à sous sont responsables de leur dépendance. « Les automates aiguisent l’addiction » commente Ilona Fuschenmittler de l’association « accrocs au jeu » : « il est possible de miser toutes les cinq secondes, Il y a la lumière le bruit et ces boutons qui donnent l’impression au joueur qu‘il peut prendre le contrôle de la machine ».
En Allemagne, la plupart de ces bandits manchots ne se trouvent pas dans les casinos, où les accros peuvent se faire interdire l’entrée, mais dans les brasseries. Directement accessible pour les clients, sans aucun contrôle des tenanciers. « Interdire les automates serait illusoire mais il faut les rendre moins addictifs : c’est une urgence » insiste Klaus Wovereit le maire de Berlin.
La capitale a vu proliférer les salles de jeux et les casinos comme des champignons. L’Ordnungsamt, le service municipal qui délivre les licences, en décompte 523 et le nombre d’automates a doublé en cinq ans.
Pour combattre ce fléau, les Länder veulent organiser la riposte. Si la loterie et les paris sportifs sont de leur ressort, les jeux de hasard sont de la compétence de l’Etat qui en perçoit les taxes lucratives.
La répartition des compétences pourrait changer avec la renégociation du « contrat des jeux de hasard » à la fin de l’année entre l’Etat et les Länder. Les Länder veulent récupérer la mise car « l’Etat assure mal son devoir de suivi des joueurs dépendants et de leurs problèmes d’endettement » selon Wovereit.
Interdit aux chômeurs de longue durée
Réunis à Berlin, les ministres présidents ont proposé de réguler l’usage des automates. Avec des propositions concrètes : espacer le délai entre les mises et abaisser le seuil des pertes possibles en une heure de 80 euros à 45 euros. Protéger les consommateurs les plus pauvres a également motivé la décision d’un juge de Cologne.
Dans le Land de Rhénanie Westphalie, il est désormais interdit aux guichetiers de paris sportifs d’encaisser les mises de chômeurs de longue durée. Une amende de 250 000 euros menace « si l’argent parié n’est manifestement pas en rapport avec les revenus du joueur », selon les motivations de la décision. Une appréciation difficile à mettre en application en pratique.
« Nous ne savons pas comment notre personnel va pouvoir demander à un client s’il est Hartz IV (chômeur de longue durée) » s’interroge le porte-parole du groupe Westlotto : « il est souvent très difficile de le deviner ».
(source : dna.fr/David Philippot)