Casino.2010.décembre
n=center>Casinos
= En France :
Rien ne va plus...mais
les jeux ne sont pas faits. A l’international : paris sur
l’avenir et crise économique
n=center>par
n=center>Jean-Pierre
G. Martignoni-Hutin
n=center>(
sociologue)
n=center>------
En
France le gambling casinotier affronte une décroissance
structurelle et conjoncturelle, qui perdure du fait de la crise
économique. Le ministère de l’intérieur a
annoncé une série de mesures pour aider la profession.
Au niveau international, la santé des casinos apparaît
moins morose, mais de Macao à Singapour en passant par Las
Vegas, les situations sont très contrastées. Alors que
Sin City connaît la pire dépression de son histoire (
les revenus du Strip reculent de 20% depuis 2008), le magnat
américain des tapis verts Sheldon Adelson a investi 5,5
milliards de dollars dans un gigantesque resort - le Marina Bay Sand
- situé dans la cité Etat de Singapour
n=center>---
Contrairement
à la Française des jeuxnt class="normal" nAME="sdendnote2anc" HREF="#sdendnote1sym">1
et au PMU les 197 casinos français ne profitent pas de la
crise, bien au contraire. Après avoir affichés une
forte régression sur les six premiers mois de l’exercicent class="normal" nAME="sdendnote2anc" HREF="#sdendnote2sym">2
( - 6%) ils viennent de publier des résultatsnt class="normal" nAME="sdendnote3anc" HREF="#sdendnote3sym">3
en décroissance ( - 2,1% du PBJ à 2,29 milliards
d’euros) pour l’ensemble de la saison 2009/2010nt class="normal" nAME="sdendnote4anc" HREF="#sdendnote4sym">4,
après trois années marquées par une forte chute
du PBJ (- 20 %).
Si
cette décroissance inaugurée avec l’arrivée
de l’euro est structurelle, un certain nombre d’éléments
conjoncturels et règlementaires ont grandement accentué
le phénomène : perte de l’anonymat pour
jouer aux machines à sous, interdiction de fumer, resserrement
du dispositif alcool/circulation routière…, image
jeu=drogue véhiculée par la doxa du jeu pathologie
maladie qui nuit aux casinos…
Au
niveau national cette dépression n’arrange pas les
finances des grands groupes casinotiers : Partouche, Barrière,
Joa, Tranchant…. Au niveau local, elle inquiète les
exploitationsnt class="normal" nAME="sdendnote5anc" HREF="#sdendnote5sym">5
et les municipalitésnt class="normal" nAME="sdendnote6anc" HREF="#sdendnote6sym">6
des « villesnt class="normal" nAME="sdendnote7anc" HREF="#sdendnote7sym">7
casinos », dont certaines dénoncent « un
désengagement de Bercynt class="normal" nAME="sdendnote8anc" HREF="#sdendnote8sym">8 ».
Etienne Blanc ( président de l’AIPEVICnt class="normal" nAME="sdendnote9anc" HREF="#sdendnote9sym">9
et député maire de Divonne) craint paradoxalement «
que les petites communes ne puissent plus contrôler l’activité
de leur casino, si le ministère de l’intérieur
devient la seule autorité de tutelle nt class="normal" nAME="sdendnote10anc" HREF="#sdendnote10sym">10»
Ce dernier a fait evolué récemment la réglementationnt class="normal" nAME="sdendnote11anc" HREF="#sdendnote11sym">11
« pour faciliter la gestion des casinos, alors que ceux
ci connaissent une situation économique difficilent class="normal" nAME="sdendnote12anc" HREF="#sdendnote12sym">12 »
Ces mesures visent à :
simplifier
les procédures : par exemple en matière de poker,
autorisation du poker Omahant class="normal" nAME="sdendnote13anc" HREF="#sdendnote13sym">13
qui sera taxé à 2% contre 4% pour le texas hold’em
assouplir
les règles de gestion : par exemple en matière de
machines à sous pour mieux adapter l’offre à la
demande
Trois mesures d’ordre
technique complètent le dispositif =
Harmonisation
des règles des tournois de poker
Possibilité
d’étendre le dispositif d’accepteurs de billets
sur un plus grand nombre de MAS, avant que le casino puisse modifier
leur TRJ
Réduction
du nombre annuel de vérifications techniques exercées
par les SFM
Jean-Pierre
Cot ( délégué général du syndicat
Casinos de France) s’est réjoui de ces nouvelles
dispositions, destinée à aider les casinos «
qui sont dans une mauvaise passent class="normal" nAME="sdendnote14anc" HREF="#sdendnote14sym">14 »
Difficile de prévoir cependant si ces modifications qui visent
à « aider des casinos en crisent class="normal" nAME="sdendnote15anc" HREF="#sdendnote15sym">15 »,
suffiront à redynamiser une profession qui - selon Michel
Roger, Président de Casino de France - était dans « une
crise latente depuis deux ans »nt class="normal" nAME="sdendnote16anc" HREF="#sdendnote16sym">16.
En 2009, la profession avait déjà tiré la
sonnette d’alarme en soulignant que « six casinos
sur dix perdaient de l’argentnt class="normal" nAME="sdendnote17anc" HREF="#sdendnote17sym">17 »
Les conséquences de cette situation ont été
multiples :
Autre
conséquence qui fait sens sur le futur de la profession, quand
Lucien Barrière a présenté aux marchés
« un projet ambitieuxnt class="normal" nAME="sdendnote22anc" HREF="#sdendnote22sym">22 »
pour son introduction en bourse, certains « analystes
dubitatifs nt class="normal" nAME="sdendnote23anc" HREF="#sdendnote23sym">23»
n’ont pas manqué de souligner :
Résultat
des courses, « aux portes de la Boursent class="normal" nAME="sdendnote24anc" HREF="#sdendnote24sym">24 »
Dominique Desseigne (51% des actions) a du renoncer à cette
opérationnt class="normal" nAME="sdendnote25anc" HREF="#sdendnote25sym">25,
car les investisseurs ont répondu non à la question :
« Faut il miser sur le groupe Lucien Barrière ?nt class="normal" nAME="sdendnote26anc" HREF="#sdendnote26sym">26 »
Le PDG d’Accor Gilles Pelisson, qui cherchait depuis longtemps
le moment opportun pour céder sa participation de 49%, aura
finalement raté son « coup de poker sur Lucien
Barrièrent class="normal" nAME="sdendnote27anc" HREF="#sdendnote27sym">27 ».
D. Desseigne a t il été trop ambitieux dans ses
promesses de « rentabilité » au marchént class="normal" nAME="sdendnote28anc" HREF="#sdendnote28sym">28
ou trop symbolique dans sa communicationnt class="normal" nAME="sdendnote29anc" HREF="#sdendnote29sym">29 ?
Difficile de répondre. Une chose est certaine, les
investisseurs ont jugé « ce bel actifnt class="normal" nAME="sdendnote30anc" HREF="#sdendnote30sym">30
que constitue Lucien Barrière ( 37 casinos, 16 hôtels,
6600 salariés, 1,06 milliards d’euros de chiffre
d’affaires, 33% des parts de marché) n’était
pas - pour l’instant - « une valeur d’avenirnt class="normal" nAME="sdendnote31anc" HREF="#sdendnote31sym">31 »
Mais le propriétaire du Fouquet’s n’a sans doute
pas dit don dernier mot, car ce qui le motive c’est de «
tenir l’engagement fait à sa femme Diane Barrière
Desseigne avant son décèsnt class="normal" nAME="sdendnote32anc" HREF="#sdendnote32sym">32 »
Le 30 novembre dernier, en marge de l’inauguration du casino de
Lillent class="normal" nAME="sdendnote33anc" HREF="#sdendnote33sym">33
- le plus gros investissement du groupe jamais réalisént class="normal" nAME="sdendnote34anc" HREF="#sdendnote34sym">34
- , D. Desseigne a confirmé qu’il étant « en
pourparlers avec des fonds nt class="normal" nAME="sdendnote35anc" HREF="#sdendnote35sym">35»
Malgré
ces nombreux déboires et cette morosité qui perdure ,
nous pensons cependant que les
jeux ne sont pas faits
pour les casinos Français. Quelques « signes
encourageantsnt class="normal" nAME="sdendnote36anc" HREF="#sdendnote36sym">36 »
apparaissent dans les résultats de la saison dernière.
« Les casinos vont moins mal grâce au pokernt class="normal" nAME="sdendnote37anc" HREF="#sdendnote37sym">37 »,
qui apporte une nouvelle clientèle, plus jeune. Dans notre
dernière étude nationale réalise dans les
casinos, nous avons noté la synergie existante entre le poker
en ligne et le poker en dur. Certes le succès du poker en
ligne (que nous avions annoncént class="normal" nAME="sdendnote38anc" HREF="#sdendnote38sym">38)
se confirme mais cela ne va pas forcément enlever des clients
aux casinos en dur, comme le pensent certains observateursnt class="normal" nAME="sdendnote39anc" HREF="#sdendnote39sym">39.
Par
ailleurs la fréquentation des casinos augmente légèrement.
Il y a eu un peu plus de monde dans les casinos la saison dernière,
mais les gens dépensent moins. nous ne croyons pas cependant,
comme le pensent certains, « que les casinos ne font plus
rêvernt class="normal" nAME="sdendnote40anc" HREF="#sdendnote40sym">40 »
ou que la crise a déclenché des réactions
sous jacentes dans l’esprit des gens, qui s’interrogent
sur « le sens de la société de
consommation nt class="normal" nAME="sdendnote41anc" HREF="#sdendnote41sym">41»
L’activité
restauration/spectacle/animation a progressé également.
« L’avenir du casino c’est le loisir au sens
large, le jeu, la danse, les restaurants, les bowlings… nt class="normal" nAME="sdendnote42anc" HREF="#sdendnote42sym">42,»
affirme Laurent Lassiaz, Président de Joa Groupe, 3°
casinotier national qui ouvrira en 2012 à Montrond les bains
un casino de nouvelle génération « ultra
designnt class="normal" nAME="sdendnote43anc" HREF="#sdendnote43sym">43 »
Mais
il est clair que même si des signes de « reprise »
apparaissent au niveau de l’économie mondiale, y
compris dans l’industrie des jeunt class="normal" nAME="sdendnote44anc" HREF="#sdendnote44sym">44,
la crise actuelle des casinos (qualifiée récemment de
« pire crise qu’ait connue le business »
par Sol Kerznernt class="normal" nAME="sdendnote45anc" HREF="#sdendnote45sym">45
) ne va pas disparaître par un simple coup de baguette magique,
marketing ou esthétique.
La
« chute du moral des ménagesnt class="normal" nAME="sdendnote46anc" HREF="#sdendnote46sym">46 »
- inaugurée en 2007 – plombe toujours la consommation.
Mais cet indicateur comporte une ambivalence . Comme le montre un
sondage Ifop nt class="normal" nAME="sdendnote47anc" HREF="#sdendnote47sym">47
, quand l’ambiance morose perdure les Français peuvent
souhaiter sortir, s’amuser et se détendre, par exemple
dans les casinos. Ils peuvent chercher dans les loisirs « des
exutoires à la crise », pour oublier leurs
difficultés, s’évader, faire un écart.
Face à cette demande, les casinos ont de bonnes cartes en main
pour distraire les gens. Encore faut il que nos concitoyens osent
franchir les portes d’un casino, ou quand ils les fréquentent
déjà, y reviennent.
Michel Roger (
Président de casinos de France) a beau déploré
objectivement un « taux de pénétration sur
la population de seulement 10 % nt class="normal" nAME="sdendnote48anc" HREF="#sdendnote48sym">48»,
on ne peut qu’approuver Georges Tranchant quand il observe que
« le secteur s’est reposé sur ses
lauriersnt class="normal" nAME="sdendnote49anc" HREF="#sdendnote49sym">49 ».
Au
regard de la connaissance que nous avons du secteur ( et des enquêtes
de terrain effectuées dans les exploitations) il nous apparaît
que la profession a peu investi en matière de R&D ,
qu’elle conçoit avant tout sous l’angle
technologique, marketing... Cela concerne la politique anti
churn ( connaître
finement les mécontentements de la clientèle existante
et les raisons du turn over) et la politique de conquête
( comprendre
pourquoi une majorité de Français ne fréquentent
jamais ou très rarement les casinos et à quelles
conditions ils pourraient les fréquenter). Souvent dans la
plainte, le lobbying politico ministériel et le deal
gouvernemental à cause d’une réglementation
contraignante et d’une lourde fiscalité, la profession
a sans doute peu ou prou oublié ces deux politiques ( qui
nécessite enquêtes approfondies quanti et quali,
expertises externes, client mystère…) dont l’acuité
augmente en période de crise. Par ailleurs en finançant
la doxa du
jeu pathologie maladie ( pour répondre aux attentes
gouvernementales en matière de jeu responsable) la profession
a peut être un peu vite occulté qu’il n’était
pas certain que - sociologiquement et culturellement - la
pathologisation des casinos les rendent attrayants.
Dans
le même temps, nous avons parfaitement conscience que les
sciences sociales - et la sociologie spécialisée dans
le gambling pour
la part qui lui revient - n’ont pas de leçon à
donner aux managers de casino qui sont en première ligne dans
cette crise, et doivent jongler « entre prise de
décision stratégique et pilotage de l’entreprise
au jour le journt class="normal" nAME="sdendnote50anc" HREF="#sdendnote50sym">50,
« tout en gardant mobilisés leurs
collaborateurs nt class="normal" nAME="sdendnote51anc" HREF="#sdendnote51sym">51»
dans un environnement devenu imprévisible . nous avons juste
voulu rappeler aux casinotiers « que tout ce qui se mesure
s’améliore » et qu’il serait
certainement pertinent de faire monter en compétence
de manière pérenne la fonction recherche au
sein du secteur casinotier.
n=center>---------
Au
niveau international, la situation du gambling
casinotier
apparaît moins atone qu’en France, même si les
situations sont très contrastées. nous ne prendrons que
les exemples les plus symboliques Macao, Singapour, et bien entendu
Las Vegas l’ancienne Mecque
du jeu.
Macao
est désormais la capitale mondiale du jeunt class="normal" nAME="sdendnote52anc" HREF="#sdendnote52sym">52.
Cette ancienne colonie britannique, « fer de lance et
vitrine du jeu en Asie », a « détrôné
Las Vegas »nt class="normal" nAME="sdendnote53anc" HREF="#sdendnote53sym">53.
Le plus grand casino du monde - le Venetian – se trouve à
Macao. Ce gigantesque établissement ( 1 millions de m2) a
couté 1,8 milliards de dollars. Il comprend 850 tables de jeu,
4500 machines à sous. Il abrite le premier hôtel d’Asie
( le 2° du monde) avec 3000 suites, 350 boutiques, 20
restaurants, un stade de 15 OOO places !nt class="normal" nAME="sdendnote54anc" HREF="#sdendnote54sym">54
Si
– logiquement – Macao a été affecté
par la dépression, il faut parler de ralentissement, de
faiblesse passagère et non de descente aux enfers. En 2OO8 et
début 2009 les établissements de jeux ont traversé
« une mauvaise passe nt class="normal" nAME="sdendnote55anc" HREF="#sdendnote55sym">55»
à cause de la crise et du fait des restrictions de visas
décidées par Pékin ( 49% des joueurs de Macao
proviennent de Chinent class="normal" nAME="sdendnote56anc" HREF="#sdendnote56sym">56).
Mais en aout 2009 les casinos du territoire ont enregistré «
les plus importants revenus de leur histoirent class="normal" nAME="sdendnote57anc" HREF="#sdendnote57sym">57 »
La reprise s’est confirmé en 2010. (les revenus du jeu
ont augmenté de 70 % en juillet 2010, vis à vis de
juillet 2009). Les résultats globaux de l’année
2010 indiquent que désormais « Macao pèse
quatre fois plus lourd que Las Vegas nt class="normal" nAME="sdendnote58anc" HREF="#sdendnote58sym">58».
Les activités liées au jeu ont augmenté de 57,8
% l’année dernière, pour un CA de 17,7 milliards
de dollars !
Les
mégas projets – déjà installés ou
en cours de réalisation - témoignent de la
vitalité de l’ancienne enclave portugaise mais
aussi de la passion hors norme des populations asiatiques pour les
jeux d’argent et de la relation qu’elles entretiennent
avec le hasard. D’après l’économiste Aaron
Fischer ( Crédit lyonnais Securities Asia) « le
pari moyen en Asie est de 100 $, contre seulement 20 $ à Las
Vegas et cela est lié à la plus grande propension des
Asiatiques à jouer de l’argent nt class="normal" nAME="sdendnote59anc" HREF="#sdendnote59sym">59»
Trois
éléments caractérisent le dynamisme de Macao en
matière de jeux =
Le
gigantisme des réalisations, toutes plus « folles »
les unes que les autres
L’importance
du secteur casinotier dans l’ économie. Dans le
cas de Macao on peut véritablement parlé d’économie
casino avec les
multiples retombées positives ( emploi, fiscalité,
tourisme…) mais aussi du fait des risques encourus
(dépendance liée à une mono activité,
conséquences sociales du gambling sur les populations
locales…) Cette dépendance est elle que le premier
ministre chinois Wen Jiabao, lors d’une visite récente
dans cette région
administrative spéciale,
a appelé Macao à « développer une
économie diversifiée nt class="normal" nAME="sdendnote60anc" HREF="#sdendnote60sym">60»
90% des revenus des casinos de Macao proviennent en effet du jeu,
contre 50 % pour les casinos américainsnt class="normal" nAME="sdendnote61anc" HREF="#sdendnote61sym">61.
Sa
capacité à faire venir des clients étrangers –
de préférence très riches - attirés par
un enfer du jeu
à la hauteur de leur fortune.
Mais
c’est justement sur le terrain de la concurrence, que Macao
risque d’être rattrapé par de nouveaux entrants.
Singapour a inauguré en aout 2010 une Babylone
du jeu « des affaires et de la détentent class="normal" nAME="sdendnote62anc" HREF="#sdendnote62sym">62»
: le Marina Bay Sand. « Le casino fou de Singapournt class="normal" nAME="sdendnote63anc" HREF="#sdendnote63sym">63 »
- dépasse l’imaginaire le plus débridé :
trois tours de 55
étages (200 mètres de haut), reliées par une
terrasse de 340 mètres (pesant 50 000 tonnes et accueillant
un parc de 1,2 hectare une piscine à débordement de 146
mètres), 600 tables de jeu, 1500 machines à sous, 2560
chambres, 280 boutiques,10 000 employés….
Sheldon Adelson –
73 ans – qui a déjà à son actif le
célèbre Venetian de Las Vegas (1,5 milliards de $) a vu
grand dans cette opération. Il estime que c’est ici que
ce joue « le futur du jeu ». Le magnat
américain espère attirer des joueurs d’Indonésie,
de Malaisie, de Thaïlande, du Vietnam, d’Australie , du
Japon et même la clientèle chinoise qui fréquente
déjà massivement Macao. En 2015, la fréquentation
pourrait atteindre 17 millions de visiteurs dans la région,
contre 9,7 millions actuellement. Mais S. Adelson devra faire
avec les mesures
prises en faveur du jeu responsable pour protéger les
populations locales : conseil national pour les problèmes
de jeu, interdits de jeu, droit d’entrée pour les
autochtones, montant de perte maximale, information prévention.
D’après Gillian Koh ( chercheuse à L’institut
d’étude politique de la nationale University de
Singapour) ces mesures « ont été nécessaire
pour faire accepter les casinos par une majorité nt class="normal" nAME="sdendnote64anc" HREF="#sdendnote64sym">64»
Il
faut dire que la prude et curieuse Singapour ( les ventes de
chewing-gum sont interdites comme celles du magazine Play Boy !)
a considéré pendant 40 ans les casinos comme des
« activités indésirables ». Ce
n’est qu’en 2005 que le premier Ministre – Lee
Hsien Loong – a autorisé la construction de deux
établissements : le gigantesque Marina Bay Sand et Le
Resort World Sentosa. Cet établissement, qui a ouvert ses
portes en février 2010 sur une thématique festive
centrée sur les parcs d’attractions, possède 530
tables de jeu, 1300 machines à sous, 12 tables de pokernt class="normal" nAME="sdendnote65anc" HREF="#sdendnote65sym">65
La
situation à Las Vegas apparaît beaucoup plus sombre
qu’en Asie. À l’image d’une Amérique
plongée dans la crise,
la cité du péché
subit de plein fouet la baisse de pouvoir d’achat des ménages
américains, la paupérisation de certains d’entre
eux. Mais cette crise économique s’ajoutant aux
attentats du 11 septembre n’a pas empêché la
réalisation de nouveaux mégas projets dans la célèbre
cité du nevadant class="normal" nAME="sdendnote66anc" HREF="#sdendnote66sym">66.
C’est
notamment le cas du City Center. Un vaste complexe immobilier à
l’architecture étonnante inauguré en décembre
2009. Cette réalisation de MGM Mirage ( qui possède
déjà 9 hôtels casinos à Vegas) est
pharaonique : 8,5 milliards de $, 12 OOO emplois crées.
Elle abrite quatre hôtels, deux tours d’appartement,
deux centres de conférences, le Cirque du Soleil, une galerie
marchande, un casino. Le City Center c’est « le
pari écolo de Las Vegasnt class="normal" nAME="sdendnote67anc" HREF="#sdendnote67sym">67 »
conçu entièrement sur les principes du développement
durable. L’idée - selon Andy Cohen l’architecte
maitre d’oeuvre du projet - « construire une ville
verte au milieu du désert ». Voilà comment
Laetitia Mailhes ( envoyé spéciale des Echos) décrit
le lieu : « Saisissant contraste. Les six tours de
verre du City Center surgissent, presque incongrues sur le Strip,
l’artère sur laquelle se côtoient les plus grands
casinos de la ville. Dépouillées, drapées de
surfaces lisses et étincelantes, elles introduisent une
urbanité inattendue parmi les reproductions tronquées
de monument célèbres ( tour Eiffel, palais des Doges,
château du Roi Arthur) qui se bousculent sans vergogne le long
de l’avenue. Les grandes baies vitrées et les œuvres
d’art monumentales désarçonnent le visiteur dans
l’univers en trompe l’œil du Strip nt class="normal" nAME="sdendnote68anc" HREF="#sdendnote68sym">68»
C’est
également le cas du Cosmopolitannt class="normal" nAME="sdendnote69anc" HREF="#sdendnote69sym">69,
un méga hôtel casino de 3000 chambres ouvertnt class="normal" nAME="sdendnote70anc" HREF="#sdendnote70sym">70
le 15 décembre 2010. D’une hauteur symbolique de 52
étages, cette réalisation a couté 3,9 milliards
de dollars. Elle comporte un casino de 9 OOO m2 ( 1500 machines à
sous, 80 tables de jeu), 14 restaurants, un spa de 4600 m2, un
centre de convention de 14 000 m2
Mais
malgré ces paris sur l’avenirnt class="normal" nAME="sdendnote71anc" HREF="#sdendnote71sym">71
que représentent le City Center et le Cosmopolitan, les
dernières statistiques en provenance de Las Vegas soulignent
la cassure historique d’un développement ininterrompu
depuis les années 40. « Les revenus du jeu
déclinent de façon continue depuis trois ans. Les
dépenses dans les casinos ont reculé de 20 % depuis
2008 » note G. Schwartz (directeur du centre d’étude
sur le jeu de l’université du nevadant class="normal" nAME="sdendnote72anc" HREF="#sdendnote72sym">72).
C’est dans le domaine du chômage que les conséquences
de cette baisse d’activité sont le plus spectaculaires.
Le taux de chômage - le plus élevé du pays –
atteint 14,4%, contre 3,8% il y a 10 ans. C’est dans le domaine
de l’immobilier (les saisiesnt class="normal" nAME="sdendnote73anc" HREF="#sdendnote73sym">73
atteignent 23,6 %, la aussi un record national) que les conséquences
de cette dépression apparaissent le plus visibles. Voilà
comment S. Léon Dufour (correspondante de La Tribune) décrit
certains quartiers : « Loin des 6 kms qui modèlent
le Strip, le spectacle de la ville n’est en effet que
désolation. Des rues entières, bordées de
maisons que l’on devine autrefois coquettes, sont désormais
hérissées de panneaux à vendre. Jardins envahis
d’herbes folles, amoncellement de détritus, meubles et
cartons abandonnés à la hâte, le vent chaud qui
souffle du désert proche, accentuent l’impression de
ville fantôment class="normal" nAME="sdendnote74anc" HREF="#sdendnote74sym">74 ».
Moins
visible et sans doute moins représentatif - mais tout aussi
étonnant et dramatique - la crise qui fait actuellement
« vaciller » Las Vegas aurait entraîné
l’augmentation des SDF, qui vivent sous la villent class="normal" nAME="sdendnote75anc" HREF="#sdendnote75sym">75
dans une obscurité totale. 3 à 500 hobosnt class="normal" nAME="sdendnote76anc" HREF="#sdendnote76sym">76
sédentarisés
squattent les 300 kms de cet immense labyrinthe que constituent les
égoutsnt class="normal" nAME="sdendnote77anc" HREF="#sdendnote77sym">77
de Las Vegas. Voilà comment nicolas Bourcier ( envoyé
spécial du Monde) décrit ces homeless
d’un nouveau
genre : « Pauvres parmi les pauvres, ces miséreux
rejetés dans les entrailles de la ville doré, vivent
ici loin des regardsnt class="normal" nAME="sdendnote78anc" HREF="#sdendnote78sym">78 »
Triste ironie de l’histoire, cette population sort des égouts
la nuit pour récupérer les
orphelins, ces
pièces oubliées par les joueurs dans les bandits
manchots. « Une pratique ancestrale dans cette ville aux
200 000 machines à sous et surnommé le silver
mining, la pêche
à l’argentnt class="normal" nAME="sdendnote79anc" HREF="#sdendnote79sym">79 »
C’est
un journaliste local – Matthew O’Brien - qui a
découvertnt class="normal" nAME="sdendnote80anc" HREF="#sdendnote80sym">80
en 2002 cette population souterraine, composée de « paumés
alcooliques, clochards célestes, joueurs en fuite ou criminels
droguésnt class="normal" nAME="sdendnote81anc" HREF="#sdendnote81sym">81 »
Voilà comment il décrit les lieux et cette population
marginalisée, qui trouve un abri dans les égouts de la
cité du jeu : « tous ces endroits sont
extrêmement dangereux mais ils représentent
paradoxalement une étonnante protection. La fraîcheur
des canalisations les protège des grandes chaleurs. Les
policiers s’y risquent peu, tout comme les bandes. Et puis cet
anonymat furtif, leur permet de vivre tant bien que mal des excès
de Las Vegas nt class="normal" nAME="sdendnote82anc" HREF="#sdendnote82sym">82»
Parions
que cette cité dédiée au jeu, au sexe et au
spectacle sache rebondir, afin que le célèbre panneau
qui accueille les visiteurs – Welcome
to fabulous Las Vegas -
ne tombe pas dans l’anachronisme. Mais rien n’est gagné,
car les établissements de Las Vegas risquent d’avoir à
affronter prochainement un nouveau concurrent : les casinos
virtuels. Selon Dickinson Whright - un avocat spécialisé
du secteurnt class="normal" nAME="sdendnote83anc" HREF="#sdendnote83sym">83
- la victoire récente des Républicains au Congrès
pourrait accélérer la libéralisation des jeux en
lignent class="normal" nAME="sdendnote84anc" HREF="#sdendnote84sym">84,
curieusement toujours interdits aux Etats–Unis. L’Amérique
- pays libéral - a prohibént class="normal" nAME="sdendnote85anc" HREF="#sdendnote85sym">85
en 2006 le transfert de fond entre parieurs et sites de jeu,
interdisant de
facto les jeux
d’argent sur le web. S’il était légalisé,
ce marché représenterait « 22 milliards de $
la première année ; 26,7 milliards en 2015 nt class="normal" nAME="sdendnote86anc" HREF="#sdendnote86sym">86»
En
attendant rien n’empêche de découvrirnt class="normal" nAME="sdendnote87anc" HREF="#sdendnote87sym">87
Las Vegas – le dernier bastion des fumeursnt class="normal" nAME="sdendnote88anc" HREF="#sdendnote88sym">88
- et de passer une nuit dans l’une de ses 148 000 chambres
d’hôtels, grâce à la liaison aérienne
directe depuis Paris, inaugurée en mai 2010 par XL Airways.
Même blessé par la crise, Las Vegas reste un symbole et
le modèle d’une « hyper Amériquent class="normal" nAME="sdendnote89anc" HREF="#sdendnote89sym">89 »
qui n’a peut être pas dit son dernier mot. Des analystes,
interrogés récemment par le Las Vegas Sun, annoncent
que Las Vegas retrouvera ses revenus d’avant crise en
2014….pour ensuite les dépassernt class="normal" nAME="sdendnote90anc" HREF="#sdendnote90sym">90.
©
Jean-Pierre G. MARTIGnOnI-HUTIn ( sociologue)
Lyon,
France, Université Lumière, Lyon II, GRS, 4 janvier
2011
n=JUSTIFY STYLE="widows: 0; orphans: 0">nAME="sdendnote1sym" HREF="#sdendnote1anc">1
Confer JP Martignoni : jeux d’argent et crise
économique : nT COLOR="#000000">Succès
inattendu du jeu de grattage de la Française des jeux « Cash
500 000 euros » Cash nT COLOR="#000000">=
un jeu au nom évocateur, sur la thématique de l’Argent
et de l’Amérique » (octobre 2010, 3 pages)
n=JUSTIFY>nAME="sdendnote6sym" HREF="#sdendnote6anc">6
Ainsi pour Fréjus St Raphael confer l’article «
La crise ne joue pas le jeu : le rapport d’activité
dévoilé lors du conseil municipal laisse apparaître
une importante chute du CA du casino « (nice matin ,
maville.com du 8 -11-2010)
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Emmanuel Colombié : « Casinos : une
crise latente depuis deux ans « selon Michel Roger Pdt
de Casinos de France interrogé par l’Express (
L’Express.fr du 17-8-2010)
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Graphique de l’action Groupe Partouche en bourse de 2007 à
2010 confer : « Groupe Partouche : rester à
l’écart « ( Le journal des finances n°6375,
6 février 2010)
n=JUSTIFY>nAME="sdendnote28sym" HREF="#sdendnote28anc">28
Christophe Palierse : » Casinos, coup d’envois
au processus d’introduction = Barrière promet au marché
une rentabilité en forte hausse « ( Les Echos du
10 juillet 2010)
n=JUSTIFY>nAME="sdendnote29sym" HREF="#sdendnote29anc">29
En septembre 2010, Groupe Barrière a lancé, pour son
introduction en Bourse, une vaste campagne d’information avec
le slogan: « Le plaisir est une valeur d’avenir ».
Cette communication mettait en image une grille dorée,
symbolisant l’entrée en Bourse, qui s’ouvrait
sur différents établissements Barrière :
le Fouquet’s, l’entrée de l’hôtel de
normandie, la salle des jeux du casino de Deauville ( confer
notamment : Les échos du 20-9 ; Le Figaro du
20-9,page 11 ; le journal des finances du 25 septembre 2010
page 5)
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« L’hôtel casino Barrière de Lille
inauguré en grandes pompes hier « ( nord Eclair
du 30 novembre 2010) ; « Le casino de Lille, dans
les dix premiers de France en 2011 » ( La Voix du nord du
30 novembre 2010)
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D’après Frédéric Dabi ( directeur du
département opinion et stratégies d’entreprise à
l’IFOP) ce sondage montre « que la crise n’a
pas segmenté socialement l’envie de loisirs des
Français » : cité par Katja Epelbaum :
« Une société entière tournée
vers les loisirs ? « ( Le Parisien 16 mars 2009) à
signaler que juste sous cet article du Parisien figurait une 1/2 de
publicité, fun et haute en couleur pour le casino d’Enghien
intitulé : « Journée découverte
, mythes et réalités sur votre casino »
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« Macao consolide sa position de capitale mondiale du jeu
« ( lescasinos.org du 17 juillet 2007) «
Macao nouvelle capitale mondiale du jeu ( lescasinos.org du 6 avril
2007) « Macao aurait déjà détrône
Las Vegas « ( lescasinos.org du 25 octobre 2006) ;
« Macao se rêve en Las Vegas d’Asie «
(les casinos.org du 30 aout 2004)
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Il est clair que la renaissance de Macao est à mettre en
relation avec la formidable croissance Chinoise et à celle de
Hongkong ( A. Rodier : « Les riches chinois font
flamber le marché de l’immobilier à Hong Kong «
( Le Figaro du 8-2-2010)
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Tom Arasi, PDG du Marina Bay Sands : « Le bâtiment
va devenir une icône reconnaissable dans le monde entier.
notre ambition est d’être le lieu au monde associant le
mieux les affaires et la détente » (cité
par Yann Rousseau ibid., Les Echos du 20,21 aout 2010)
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Confer l’article de référence de Yann Rousseau :
« Les nouveaux lieux de la mondialisation : Marina
Bay Sands : le casino fou de Singapour » ( Les Echos
20,21 aout 2010)
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Les hobos sont ces ouvriers migrants américains qui se
déplaçaient de Chicago jusqu’à l’Ouest
des Etats-Unis. Ils ont été rendus célèbre
par l’ouvrage de nels Anderson ( ancien hobo devenu sociologue
à l’Ecole de Chicago !) : « Le
Hobo sociologie du sans abri « ( nathan, 1993)
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Contrairement aux casinos français les joueurs peuvent fumer
dans les casinos de Las Vegas, qui ont obtenu une exception aux loi
anti tabac de l’Etat du nevada ( confer : = 1 :
Adam nagourney « Etats Unis : Las Vegas :
dernier bastion des fumeurs « (
Courrierinternational.com du 6 décembre 2010) ; 2 :
« Las Vegas : eldorado des joueurs de poker…et
des fumeurs » (pokerenlignenews.com du 7 décembre
2010)
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Sally Denton, Roger Morris : « Un hyper Amérique :
argent, pouvoir, corruption ou le modèle Las Vegas »(
2001, traduc. 2005, Editions Autrement Frontières , 541
pages)