PARIS — Pour la troisième année consécutive, les 196 casinos français ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires mais moins forte que les deux exercices précédents, grâce à la belle santé du poker.
Dans un communiqué commun, les trois syndicats professionnels (Casinos de France, Syndicat des casinos modernes de France, Association des casinos indépendants français) ont annoncé jeudi avoir enregistré pour l'exercice du 1er novembre 2009 au 31 octobre 2010, une baisse de 2,1 %, du produit brut des jeux (PBJ, différence entre les mises des joueurs et leurs gains) à 2,29 milliards d'euros.
Cette baisse de 2,1 %, ajoutent-ils, "porte à 20 % la régression sur les trois dernières années".
L'été 2010 a vu le placement en redressement judiciaire des trois casinos de la holding de la Société française de casinos : Châtelguyon (Puy-de-Dôme), Gruissan et Port-la-Nouvelle (Aude). Le tribunal de commerce de Nice a déclaré le casino de Beaulieu (Alpes-Maritimes) du groupe partouche en état de cessation de paiement.
Mais les syndicats de casinos relèvent "quelques signes encourageants observés sur les derniers mois de l'exercice", après les baisses de 9 % (2007-2008) et de 8,2 % (2008-2009) provoquées principalement, selon eux, par l'interdiction de fumer.
"La fréquentation est en légère progression, disent les casinotiers, car les clients reviennent mais avec un pouvoir d'achat amputé par la crise, ce qui explique notamment la baisse de 2,9 % du PBJ" des quelque 22.000 machines à sous à 2,09 milliards d'euros.
Quant au produit des jeux de table (roulette, black-jack, poker ...) à 206,8 millions d'euros, il "s'améliore légèrement", relèvent les casinotiers qui voient "une amorce de rééquilibrage" entre les machines à sous (91 %) et les jeux de table (9 %). Les casinos voient arriver de nouveaux clients plus jeunes qui s'affrontent au poker, notamment le très populaire "Texas Hold'em poker", autorisé depuis 2008. Une clientèle appréciée des casinotiers même si le poker ne leur rapporte que 2 % des mises.
Les deux autres activités des casinos (restauration et spectacle/animation) "sont en progression, confortant les opérateurs dans leur souci d'ouvrir leurs établissements à une clientèle plus variée".
Au classement, l'indétronable casino d'Enghien (Val d'Oise) du groupe Barrière avec un PBJ de 150 millions d'euros, est suivie de ceux d'Aix-en-Provence (partouche), de Lyon (partouche), d'Amneville (Tranchant) en Moselle et de Deauville (Barrière).
Georges Tranchant, le fondateur du groupe éponyme (16 casinos), a précisé à l'AFP que son PBJ s'était limité à une baisse de 0,50 % et qu'il espérait voir son prochain PBJ dans le vert (1 % à 2 %), grâce une politique d'investissements "lourde" (construction de nouveaux casinos, rénovation, achat de nouvelles machines).
Pour autant, "la profession reste très attentive à l'impact de la concurrence des jeux en ligne". Ainsi, le PBJ du poker en ligne, évalué à 120 millions d'euros sur 4 mois, représente près de trois fois le PBJ annuel poker des casinos français.
Les casinotiers rappellent par ailleurs "leur attachement à la création rapide" du Comité consultatif des jeux (CCJ) prévu par la loi sur les jeux en ligne du 12 mai 2010. Selon des informations circulant avec insistance dans le milieu des opérateurs de jeux, Matignon refuse d'assumer la création de cette structure de coordination interministérielle.
Pour les casinotiers le CCJ "peut en effet assurer une bonne cohérence de la régulation du secteur des jeux d'argent en France entre opérateurs, anciens ou nouveaux".
(source : google.com/Pierre-Marie GIRAUD/AFP)