PARIS — Pour tenter d'endiguer la baisse de leur chiffre d'affaires, les casinos recrutent des joueurs de poker sur internet pour les amener à participer à des finales richement dotées autour des tables de casinos, une fois qualifiés dans des tournois sur internet.
Au cours du dernier week-end, Vanessa Selbst, une joueuse de poker américaine a gagné 1,3 million d'euros en remportant le Partouche poker Tour à Cannes, qui avait vu s'affronter 30.000 participants depuis décembre 2009.
Lors du même week-end, lors d'un tournoi du world poker Tour (WPT) au casino Tranchant d'Amnéville (Moselle), un joueur suisse Sam el Sayed a décroché 426.000 euros contre 540 autres joueurs qui avaient déboursé chacun 3.500 euros.
De jeudi à dimanche le casino d'Enghien, fleuron du Groupe Barrière et premier des 197 casinos français pour le chiffre d'affaires, organise la finale du Barrière poker Tour 2010. Lors du tournoi final, quelque 300 joueurs s'affronteront à 14 kilomètres de Paris avec la perspective pour le vainqueur d'empocher au moins 120.000 euros.
Depuis le 30 juin, l'Autorité de Régulation des Jeux en Ligne a délivré 22 agréments pour le poker en ligne à des opérateurs étrangers et français. Parmi 22 agréments, six sont allés à des groupes de casinos (Partouche, Barrière, Joao, Tranchant) et deux à des regroupements de casinos indépendants, soit les trois quarts des 197 casinos français.
En France, seuls les casinos et les cercles de jeu, comme l'Aviation Club de France à Paris, sont autorisés depuis 2007 à organiser des tournois de poker. Du coup, les casinotiers français vont chercher sur internet de nouveaux clients pour leurs salles de poker.
"Il y a une vraie continuité entre le poker en ligne et le poker au casino", estime Eric Cavillon, responsable du poker dans les casinos Barrière. Lors d'un tournoi récent dans un casino du groupe, dit-il à l'AFP, des participants ont ainsi gagné leur droit d'entrée (1.650 euros) après s'être qualifiés sur le site Barrièrepoker.fr en misant ... 10 euros.
Ouvert le 17 septembre, le site - une association du Groupe Lucien Barrière et de la Française des Jeux - est en "plein développement et connaît de débuts encourageants", assure Eric Cavillon.
"Il y a une logique du passage du poker en ligne au poker en +dur+", explique Bruno Louy, directeur de l'Ecole française de poker (EFP). Selon lui, un joueur amateur de l'EFP s'est ainsi qualifié pour la phase finale du WPT d'Amnéville en misant 20 euros sur internet pour finalement décrocher 7.000 euros au casino.
Mais, poursuit Bruno Louy, "l'organisation de tournois de poker dans les casinos coûte cher" : il faut en effet un croupier par table pour s'assurer de la sincérité des parties et des batteries de caméras.
Au casino d'Enghien, par exemple, 400 caméras tournent en permanence et le personnel dispose de listes noires de joueurs de poker ou d'autres jeux de tables (black-jack notamment) indélicats, souligne Bruno Cagnon, PDG de l'établissement (casino, hôtel) Barrière d'Enghien.
Le coût logistique des tournois et le montant des prix attribués lors de ces tournois nécessite donc de nombreux joueurs puisque ce sont eux qui financent les tournois avec leurs mises, explique Bruno Louy. "La base de la pyramide (tournois sur internet) doit être le plus large possible pour que le haut de la pyramide soit bien doté", dit-il.
La finale des world Series of poker lundi à Las Vegas (Etats-Unis) a été remportée lundi soir par un Québécois de 23 ans, Jonathan Duhamel qui a empoché 8,9 millions de dollars (6,4 millions d'euros).
(source : google.com/AFP)