Propos recueillis par Yvette Granger - leprogres.fr
Quel est le risque de devenir addictif ?
Dr Christian Digonnet, psychiatre et spécialiste des addictions -
Le risque est variable selon le produit et le comportement. Par exemple, parmi ceux qui boivent de l'alcool, 13 % des hommes et 7 % des femmes sont dépendants. Chez les fumeurs, le pourcentage est plus fort : 60 %.
Que sait-on de l'addiction des joueurs ?
Dr Christian Digonnet -
Pour le jeu, je n'ai pas connaissance de chiffres, mais il y a des joueurs pathologiques, et aussi bien des hommes que des femmes.
Toutefois, il faut distinguer différents comportements. Le joueur de casino connaît à un moment donné de gros problèmes d'argent. En général, il se fait soigner en se faisant interdire. Mais les entrées des casinos restent souvent des passoires.
Les accros aux jeux de grattage sont plus nombreux. En plus, on est déjà souvent dans une problématique sociale difficile.
Ici, la particularité est que cette addiction est souvent déjà associée à l'alcool et au tabac.
Le poker génère-t-il un comportement particulier ?
Dr Christian Digonnet -
Les joueurs classiques de cartes qui se rendent dans des cercles peuvent être très accros mais ils sont peu nombreux. En revanche, nous sommes très inquiets par la mise en ligne de jeux comme le poker, qui va faire exploser le nombre. Je vois déjà des jeunes qui foutent en l'air leurs études parce qu'ils passent leurs jours et leurs nuits à jouer en ligne. Or là, le jeu devient complètement déshumanisé, c'est un jeu solitaire. En plus, on est à la croisée de deux addictions : le jeu et internet.
Quelles sont les cibles fragiles ?
Dr Christian Digonnet -
Ce sont des personnalités qui ont déjà du mal avec le contact social et qui ont pris l'habitude de passer beaucoup de temps devant l'écran d'ordinateur. Les Romains demandaient du pain et des jeux mais c'était un spectacle. Ici, le joueur est tout seul dans une pièce.
C'est pareil pour le pari en ligne.
Un conseil ?
Dr Christian Digonnet -
Je voudrais dire aux jeunes : surtout, faites gaffe !
(source : leprogres.fr/Yvette Granger)