Pour renflouer son budget, le gouvernement grec veut combattre les jeux illicites. Un secteur qui génère quelque 4 milliards d'euros par an.
Dans la pléthore de réformes menées par le ministère de l'Économie et des Finances pour assainir les comptes du pays et augmenter les rentrées, la régularisation des jeux en ligne n'est pas de tout repos. Les casinos du pays ont décidé de déclarer «la guerre» comme ils le disent, au gouvernement et «d'empêcher le vote de la loi sur la libéralisation partielle du marché des jeux de hasard, quitte à aller jusqu'à la commission européenne déposer plainte contre la Grèce», affirme Dimitri Spiropoulos, employé d'un casino près de la capitale. Selon celui-ci, «libérer le marché signifie voir des jeux de hasard à tous les coins de rues et donc plus dans nos établissements. Résultat, avec cette loi, rédigée à la va-vite, des milliers de personnes perdront leur emploi par manque d'activité. C'est dramatique pour l'économie nationale déjà bien amputée», souligne-t-il.
Les casinos en colère
Il n'empêche, les autorités grecques veulent tenir tête à cette pression arguant leur volonté de ne pas laisser le pays devenir le «Las Vegas de la Méditerranée». Depuis le mois de mars, et la mise en vigueur du plan d'austérité, il s'agit là de la première réforme soutenue par plus de 70 % des Grecs, selon l'institut de sondage VPRC. Et pour cause, «l'attrait du jeu en Grèce est parmi les plus élevés en Europe et dans le monde», selon Georges Christodoulakis, haut responsable du ministère des Finances chargé de mener à bien la réforme du secteur. Et les chiffres de la société Gambling Comliance, le prouvent. En 2009, les bénéfices des jeux de hasard légaux ont atteint les 9,5 milliards d'euros.
Si l'industrie des jeux de hasard en Grèce est dominée par un opérateur historique, Opap, contrôlé par l'État, les autorités estiment aujourd'hui que le fléau repose dans les milliers d'activités illégales dans ce domaine. L'activité illégale de jeux est en pleine croissance; son chiffre d'affaires «s'élève à quelque quatre milliards d'euros», selon le ministre des Finances, Georges Papanconstantinou.
Un manque à gagner non négligeable pour le pays qui doit résorber au plus vite sa dette de 300 milliards d'euros. En attendant la préparation de cette loi et son vote au Parlement, le gouvernement grec devra affronter les manifestations des représentants de casino, ce midi, dans le centre d'Athènes.
(source : lefigaro.fr/Alexia Kefalas)