Après une année difficile, Patrick Partouche, président du directoire du groupe du même nom, sort enfin de son silence et se confie, plus déterminé que jamais, à L'Express.
Propos recueillis par Corinne Scemama - L'express
Dans un contexte de crise du secteur, vous avez davantage souffert que vos concurrents. Comment l'expliquez-vous ?
Patrick Partouche : D'abord, nous avons eu beaucoup de difficultés à renégocier notre dette, qui, rappelons-le, est due à nos dernières acquisitions [la Compagnie européenne de casinos et le groupe de Divonne]. Les banques nous ont imposé des contrats de prêts intenables. Et puis, le groupe Partouche n'est pas l'ami du pouvoir.
Vous n'êtes pas un peu parano ?
Non, pas du tout. On nous met en permanence des bâtons dans les roues. Prenez les jeux en ligne. J'ai raté un tour parce qu'on m'a empêché d'avancer.
Mais qui est donc responsable de l'échec de votre augmentation de capital de cet été, où vous n'avez levé que 2,8 millions d'euros, au lieu des 25 millions escomptés ?
Ratée, mon augmentation de capital ? Si à deux euros, le marché ne veut pas de mon action, il n'y a aucun problème: moi, j'en veux. Cette opération a finalement été très bénéfique pour la famille Partouche, lui permettant de transformer de la dette en capital. Grâce à elle, nous détenons aujourd'hui 80% des titres. Sans compter que je peux à tout moment refaire une augmentation de capital. Pour un ratage, ce n'est pas si mal, non ?
Ne regrettez-vous pas, malgré tout, d'avoir refusé de vendre le groupe en 2005, lorsque l'action valait 21 euros?
Moi, ma vie, c'est Partouche. Et c'est la même chose pour ma famille. Qu'aurions-nous fait si nous avions cédé l'entreprise ? Nous sommes des commerçants, des actifs. J'ai 46 ans et je travaille dans le groupe depuis 30 ans. Je ne compte pas m'arrêter de sitôt.
Ne craignez-vous pas qu'une telle occasion ne se représente jamais ?
Je suis un joueur et nous parlons de casino. Si jamais un jour je décidais de vendre, je saurai revaloriser l'entreprise.
En attendant, qu'allez-vous faire pour remonter la pente?
Tout est possible. Nous pouvons nouer des partenariats, vendre des casinos et nous débarrasser des canards boîteux. Mais il faut que les municipalités, trop gourmandes, y mettent du leur et que l'Etat réduise sa taxation sur le produit brut des jeux de 10%. Enfin, les casinotiers doivent tous être logés à la même enseigne. Une fois ces conditions réunies, on ira au combat. Et que le meilleur gagne...
(source : lexpress.fr/Corinne Scemama)