De mémoire de client du casino du Tréport, on n'avait jamais vu ça ! Samedi soir à partir de 20 h 30 et dimanche après 17 heures, ils ont été priés de quitter les lieux suite à un mouvement de grève du personnel.
Samedi à 20 h 30, les clients qui voulaient entrer au casino du Tréport étaient gentiment refoulés. Même chose dimanche après 17 heures. Ceux qui étaient déjà installés aux jeux de table et aux machines à sous étaient invités à quitter les lieux. Ceux du restaurant étaient conduits vers une porte dérobée, sitôt le repas avalé. Quant au cinéma, la séance fut purement et simplement annulée.
Cette fermeture surprise a été prise à contre cœur samedi par la direction, à la suite d'une grève d'une bonne vingtaine d'employés, soit la plupart de ceux en poste cette nuit-là. La police des jeux s'est déplacée et a fait fermer l'établissement.
Réunis devant le parvis du casino, les grévistes brandissaient des pancartes où on pouvait lire « 1 million d'euros aux actionnaires et zéro euro aux salariés », le tout en soufflant bruyamment dans des vuvuzelas.
Conflit sur l'ouverture du casino, le 24 décembre
Au milieu de cette cacophonie, Stéphane Gatius, directeur général du casino, essayait de convaincre les salariés de regagner leur poste de travail : « Vous encourez des risques en abandonnant votre poste de travail. Vous êtes dans l'illégalité car l'établissement est une délégation de service public et si vous ne reprenez pas le travail, je suis obligé de fermer ».
Le point de vue de la direction est loin d'être partagé pat Béatrice Guinvarch, déléguée du personnel et déléguée syndicale CGT : « Le casino du Tréport est une délégation de service public mais il s'agit d'une entreprise privée, le préavis de grève a été respecté et la grève est légale. Si on était fonctionnaire, cela se saurait ! ».
En pleine négociation annuelle, le souhait de la direction d'ouvrir le casino le soir du 24 décembre a déclenché la grève. « Le Tréport est l'un des seuls casinos à ne pas ouvrir le soir du 24 décembre. Ce n'est pas un acquis mais un droit d'usage. On fait grève cette nuit jusqu'à la fermeture mais on n'exclut pas d'en faire d'autres avant le réveillon, si la direction ne revient pas sur sa décision », déclarait samedi soir la déléguée syndicale.
« Les casinos de Dieppe et Cayeux ouvrent le 24 décembre, tous les restaurants ouverts font le plein, on ne peut pas se permettre de perdre une telle recette. Les salariés sont payés double ce soir-là et certains étaient d'accord pour travailler », souligne pour sa part Stéphane Gatius.
« Dans les négociations, nous réclamons aussi le 13 e mois et une augmentation. Les actionnaires ont touché 1 million d'euros et nous, on nous propose 1,8 % d'augmentation », s'insurge Béatrice Guinvarch.
Sur ce sujet, le directeur a refusé de s'exprimer comme sur les autres revendications, en avançant que les négociations annuelles se poursuivaient. La prochaine réunion aura lieu à la fin du mois.
Les salariés n'ont pas eu la patience d'attendre. Hier à 16 heures, un deuxième appel à la grève a été suivi par l'ensemble des employés provoquant une nouvelle fermeture.
A 17 heures, l'établissement était vide. « Et en plus on a voulu me remettre en main propre une lettre notifiant une mise à pied conservatoire. J'ai refusé de la prendre exigeant qu'on me l'envoie, d'autant qu'aujourd'hui, (hier : ndlr) je suis en repos. C'est une entrave délibérée au droit de grève », contestait la déléguée syndicale.
Demain soir vers 22 heures, lors de l'arrivée de la nouvelle équipe, le personnel devrait décider de reconduire ou non le mouvement. « Le casino sera à nouveau fermé », assurait Béatrice Guinvarch.
(source : courrier-picard.fr/KARI
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