Le groupe fribourgeois Escor dévoilera jeudi au public ses plans du futur casino de La Tène. L'entreprise vient d'ouvrir une maison de jeux au Monténégro, dans laquelle elle a investi dix millions de francs. Le directeur d'Escor, Christian Vollmer, veut mettre quasi le double à Thielle. Interview.
Christian Vollmer, vous êtes pour l'instant le seul à briguer la concession offrant la possibilité d'ouvrir un casino à Thielle. La voie est quasi libre pour vous, non?
Il ne faut pas crier victoire trop vite! Nos concurrents ont jusqu'au 31 décembre pour s'annoncer. Mais nous avons beaucoup travaillé et nous continuons à tout faire pour présenter, en étroite collaboration avec La Tène, un projet de qualité. Nous avons donc d'excellents atouts à faire valoir face à d'éventuels autres concurrents. Et si, à l'été 2011, le Conseil fédéral se prononce en notre faveur sur recommandation de la commission fédérale des maisons de jeux, alors le casino de Thielle pourra ouvrir mi-2012.
Mais comment expliquer que vos concurrents ne se soient pas manifestés? Neuchâtel n'est pas suffisamment attractif?
La plupart des concurrents ont été surpris qu'une concession soit accordée à Neuchâtel. Ils s'attendaient à des concessions pour Zurich. C'est peut-être pourquoi ils mettent du temps à réagir.
Pensez-vous vraiment que notre région ait un bassin de population suffisant pour faire tourner un casino?
Absolument! Il existe 19 casinos en Suisse, et il y a clairement un trou dans cette zone. La Confédération l'a bien compris. Du coup, le potentiel de clientèle est même l'un des plus importants du pays, sachant qu'il n'y a pas de concurrence: les plus proches casinos se trouvent à Berne, Fribourg, montreux ou Courrendlin! A La Tène, on dénombre 450 000 joueurs potentiels, soit 450 000 personnes vivant à 30 minutes du casino en voiture.
Combien allez-vous investir dans ce projet? On parle de plusieurs millions?
Précisément 19 millions de francs pour l'ensemble du projet, à savoir la construction du bâtiment, des accès, l'achat des équipements intérieurs, des machines à sous etc. En guise de comparaison, le groupe Escor vient d'ouvrir cet été un casino au Monténégro, où nous avons investi 10 millions.
Quelles retombées financières espérez-vous?
Le chiffre d'affaire annuel est estimé entre 25 et 30 millions de francs. L'installation du casino sera donc intéressante pour la région, puisque sur la base de ces chiffres, nous verserons 14 millions d'impôts aux collectivités publiques: 8 millions pour la Confédération et 6 millions pour le canton. Quant à La Tène, elle y trouvera aussi un intérêt, puisque 90 places de travail seront créées.
Allez-vous engager du personnel local?
Nous serons obligés de commencer avec des croupiers expérimentés qui viennent de l'extérieur, en attendant de former du personnel. Entre 20 et 30 employés viendront donc de toute la Suisse au départ, pour 40 à 50 employés neuchâtelois.
Vous êtes également copropriétaire et président du casino de Locarno, et briguez une nouvelle concession à Zurich. Le business des maisons de jeux est-il rentable?
Oui, très rentable en Suisse. Dix-huit casinos sur 19 sont dans les chiffres noirs: seul celui de Davos se porte moins bien. Mais les frais pour obtenir une concession sont immenses: en 2001, nous avons dépensé dix millions en postulant pour cinq concessions. Et nous avons obtenu... une demi-concession à Locarno! L'autorisation de Neuchâtel sera accordée pour onze ans. Si nous l'obtenons, nous devrons rapidement amortir nos investissements.
Pourquoi avoir choisi de vous implanter au Monténégro?
Le marché en Suisse était fermé depuis 2001 et on ne pouvait pas s'attendre à ce que d'autres concessions soient attribuées. C'est pourquoi nous avons cherché d'autres marchés: l'Allemagne, la France et l'Italie sont saturées, alors que le Monténégro dispose depuis 2006 d'une loi favorable.
La police neuchâteloise estime qu'un casino dans le canton aura des conséquences sur la criminalité (notre édition du 27 mars). A quoi faut-il s'attendre?
C'est absolument faux, et ça ne se confirme pas ailleurs! Nos établissements sont strictement surveillés, et la Confédération nous oblige à élaborer des règles pour lutter contre le blanchiment d'argent et éviter que des personnes à risque deviennent dépendantes au jeu.
Que ferez-vous pour éviter le blanchiment?
A Locarno, lorsque nous constatons qu'un client joue de grosses sommes, nous le questionnons pour savoir d'où vient l'argent. Nous effectuons 3000 à 4000 interviews de clients chaque année. Les automates dans les bistrots, moins contrôlés, génèrent davantage de problèmes et de cas sociaux! /VGI
Séance publique d'information: jeudi de 19h à 21h, Marin, Espace Perrier, en présence du Conseil communal, de la direction d'Escor et des architectes
(source : arcinfo.ch/VIRGINIE GIROUD)