Des voituriers du casino d’Enghien ont été entendus hier par l’inspection du travail. A Paris, les mises en fourrière se multiplient. Le métier de voiturier se développe, en dehors de toute législation.
Rien ne va plus au casino d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) ! Un vent de révolte souffle dans le petit monde de l’accueil de l’unique casino d’Ile-de-France. Après avoir supprimé le service de voituriers jusqu’à 16 h 30 en février, la direction envisage de le rendre payant en soirée, à un tarif qui pourrait être de 8 €.
Un projet qui fait bondir les sept voituriers qui craignent une perte importante de leur rémunération.
Très remontés, les voituriers, reçus hier à l’inspection du travail, à Cergy, dévoilent des pratiques plus que douteuses dont ils affirment être victimes depuis des années de la part des portiers. En mai 2008, dans un rapport accablant, l’inspection du travail confirmait « un dispositif de racket » à leur encontre. « On était leurs esclaves », témoignent anonymement plusieurs voituriers.
Dans les années qui ont suivi l’arrivée des machines à sous à Enghien en 2002, le business des portiers était plus que florissant. « Les pourboires qui accompagnaient leurs 1 600 € de salaire pouvaient assurer à certains une rémunération mensuelle de 6 000 €, aux deux tiers non déclarée » rapporte un employé. A l’époque, l’un des portiers se vantait de partir en vacances uniquement en hôtel cinq étoiles ou d’engloutir l’équivalent d’un smic pour faire le plein de son yacht… « C’est nous qui faisions tout le boulot, pour un salaire net de 1 450 € par mois, insiste un voiturier. On emmenait et on allait rechercher la voiture des clients jusqu’au parking, tandis que les portiers avaient juste à délivrer un ticket et à empocher les pourboires. En plus de cela, ils décidaient de nos pauses et de nos congés. » Les billets glissés par les clients au creux de la main des voituriers filaient systématiquement dans la poche des portiers.
Après le coup de semonce adressé par l’inspection du travail il y a deux ans, la direction a mis le holà et a imposé le partage équitable des pourboires entre les portiers et les voituriers. Les portiers ont alors vu leur rémunération fondre de moitié, tandis qu’à l’inverse celle des voituriers était multipliée par deux. « Entre les portiers et nous, cela s’est alors tendu, en particulier quand la direction les a informés du projet de service payant, en décembre, poursuit un voiturier. En plus, avec la crise, le nombre de nos clients a baissé. On ne gagne plus aujourd’hui que 2 200 € par mois. » Les voituriers réclament un salaire de 3 000 € si jamais la direction persiste à mettre en place son service payant.
Tous ont signé une pétition qu’ils ont également soumise à une partie de la clientèle, en attendant d’être reçus par le maire de la ville, Philippe Sueur (divers droite), auprès duquel ils ont sollicité un entretien. « Dans un contexte économique difficile, la clientèle n’appréciera guère de devoir payer cette nouvelle taxe », argumentent-ils. Contactée, la direction du casino du groupe Barrière n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.
(source : leparisien.fr/DANIEL PESTEL)