A leur manière, ils avaient du talent. Mais hier, les trois prévenus turcs ou italiens convoqués au tribunal de Bourg n'ont pas levé le mystère sur leur technique qui leur aurait permis de gagner jusqu'à 15 000 euros par soirée au casino.
À Annemasse comme à Divonne. Et pour cause, avec un mandat d'arrêt international aux fesses, ces messieurs-dame ont préféré se faire discrets… En restant en Angleterre, en Allemagne ou en Bulgarie où ils auraient aussi leurs petites mauvaises habitudes. En novembre 2005, le trio a joué et gagné… Beaucoup. Mais à trop gagner, on est vite repéré puis surveillé. Les caméras de l'établissement de Haute-Savoie détectent que ces deux hommes et leur dame effectuent des marquages sur les cartes en jouant au stud-poker.
Annemasse alerte alors Divonne qui visionne à son tour ses cassettes. Les arnaqueurs sont repérés. Ils sont même interpellés un peu plus tard. L'un explique alors qu'il n'est qu'un petit complice défrayé à 3 000 euros par jour, l'autre dit l'inverse. Quant à celle connue comme une tricheuse très adroite dans les casinos britanniques, elle est contrôlée à l'aéroport de nice, mais relâchée… Ses compagnons effectuent quatre mois de détention provisoire avant d'être placés sous contrôle judiciaire… Mais depuis l'hiver 2008, ils n'ont guère donné signe de vie à la justice.
À l'audience d'hier, on a appris que le trio savait repérer les « bleuets » chez les croupiers pour tromper leur vigilance. Bref du travail de professionnel.
Pour leur défense, Me Sylvain Cormier s'est permis de demander leur relaxe… Un culot argumenté par des remarques intéressantes. Il a expliqué que le visionnage des vidéos ne permettait pas de voir leurs cartes marquées et que ces marques différaient à quelques jours près d'un casino à l'autre… Un défaut de preuve un brin déstabilisant, même si au regard des antécédents de nos escrocs, leur culpabilité ne pouvait guère laisser de doutes dans l'esprit du tribunal. Au regard de leur passage derrière les barreaux, le procureur a demandé à l'encontre des deux hommes une peine de 12 et 10 mois de prison dont 8 et 6 mois avec sursis, et une amende de 2 300 euros. Leur amie s'est elle vue invitée à payer 4 000 euros d'amende. Mais face à la complexité de l'affaire, et peut-être pour en savoir un peu plus d'ici là, le tribunal correctionnel de Bourg a mis l'affaire en délibéré au 30 mars.
(source : leprogres.fr/Olivier Leroy)