AFP - "Je suis un passionné de poker, je jouais beaucoup, peut-être trop, donc je me suis dit que c'était plus sûr d'être de l'autre côté de la table", explique Geoffray, 20 ans, aspirant croupier en formation pour le futur casino de Lille.
La plupart des autres élèves-croupiers lillois ont des profils variés - agent immobilier, pizzaiola, informaticien, étudiant en sciences économiques - mais ont en commun d'être amateurs de poker même s'ils n'avaient jamais mis les pieds dans une salle de jeux.
Avec le succès public du poker, de plus en plus de personnes sont fascinées par l'univers des salles de jeux: cela amène aux casinos des usagers mais aussi des demandeurs d'emploi.
Ceci d'autant plus que le type de poker pratiqué au casino est le "Texas hold'em", une discipline popularisée par des célébrités comme Patrick Bruel ou les émissions de télévision. Des films comme "Les joueurs" avec Matt Damon et les parties en ligne ont aussi contribué à sa diffusion et à faire du croupier, un métier à la mode.
David Dupas, directeur des jeux de table au casino de Lille, précise que quand l'opération de recrutement pour le casino de Lille a été lancée en partenariat avec la Maison de l'emploi en novembre, 60 candidats se sont présentés : 12 - dont trois femmes - ont été retenus.
Attention, "ce n'est pas un travail pour les vrais joueurs" prévient Geoffray. Car le croupier "est un animateur qui doit garder de la distance, rester neutre, tout en étant attentif", complète David Dupas.
Ce dernier, qui a vingt ans d'experience souligne qu'il faut rester "rapide, concentré, souriant", pendant des heures.
"Il ne faut pas être des génies des maths mais juste calculer rapidement et avoir une bonne mémoire", rassure de son côté une autre élève, Usha, 24 ans.
Ils ont 35 heures de formation par semaine sur des tables de black-jack, poker et roulettes authentiques. On apprend les subtilités des règles, à distribuer cartes et jetons avec aisance à la suite d'exercices répétés.
"Quand je rentre chez moi, je continue aussi à entraîner ma mémoire", explique Thais, 30 ans.
Les horaires de travail, de 16H00 à 4H00 du matin le week-end ne semblent pas les inquiéter. "C'est juste une question d'adaptation", note-t-elle.
Aucun diplôme n'est demandé, et il y a la possibilité d'évoluer vite et de travailler un peu partout dans le monde.
Il y a des écoles pour devenir croupier à Paris, Lyon, Bordeaux, Aix-en-provence et Nice, dont l'inscription varie entre 3.500 et 4.700 euros. Les formations en interne, comme celle du casino de Lille, sont gratuites mais organisées de façon irrégulière, en fonction des besoins des établissements concernés.
Le salaire brut d'un croupier en début de carrière est d'environ 1.350 euros bruts. En trois ou cinq ans, il peut devenir chef de table (2.100 euros), puis chef de salle.
"Ici ils n'apprennent pas seulement l'aspect technique, mais aussi le jeu responsable. Une psychologue leur apprend à reconnaître un joueur à risque, susceptible de sautes d'humeur. Le jeu doit rester un plaisir", souligne M. Dupas.
Les 12 élèves seront embauchés en CDI, après l'ouverture du nouveau casino Barrière de Lille, prévue pour février et d'autres formations pourraient ensuite être proposées en fonction des besoins.
(source : france24.com/AFP)