Traditionnellement, le 31 décembre est une soirée aussi prisée qu'un vendredi 13.
Le casino Barrière d'Enghien-les-Bains attend près de 4 000 personnes jeudi soir, son maximum. C'est la seule soirée de l'année où le plus important casino de France fermera à 5 heures de matin, au lieu de 4. Comme toujours, le réveillon est une soirée d'affluence pour les établissements de jeux : la fréquentation est supérieure de 20 à 30 % à celle d'un vendredi ou d'un samedi ordinaires. «C'est équivalent à un vendredi 13», précise-t-on à Enghien.
Cette Saint-Sylvestre clôt une année 2009 «à oublier», selon Jean-François Cot, délégué général du Syndicat des casinos de France. Six casinos sur dix sont dans le rouge. Sur un total de 197 casinos, c'est donc près de 120 établissements qui perdent de l'argent. Du jamais-vu.» L'exercice 2008-2009 (clos fin octobre) s'est soldé par un recul de 8,2 % du produit brut des jeux (les sommes perdues par les joueurs), à 2,3 milliards d'euros. Le seul point positif est une amélioration dans les jeux traditionnels, notamment le poker.
Paris sportifs et poker
«En deux ans, le produit brut des jeux a reculé de près de 20 % et les réductions de personnel ont concerné environ 1 000 personnes sur 18 000, déplore Jean-François Cot. Nous espérons que 2010 sera l'année de la fin de la baisse, en attendant une embellie en 2011.» Il redoute des fermetures l'an prochain. «Une dizaine d'établissements au moins sont en situation délicate, poursuit-il. Mais comme les casinos sont des délégations de service public municipal, il est très difficile de les fermer.» L'interdiction de fumer dans les lieux publics depuis début 2008, puis la crise ont porté un mauvais coup aux casinos. Mais ils souffrent aussi d'une image ringarde auprès des jeunes.
Dans ce contexte, la libéralisation des jeux d'argent sur Internet en 2010 est une nouvelle épreuve. Seuls les paris sportifs et le poker seront autorisés (les machines à sous et les autres jeux de table resteront interdits), mais les joueurs pourraient préférer rester chez eux devant leur micro-ordinateur. Face à La Française des jeux, au PMU et à des sites Internet (comme Bwin…), les grands casinotiers n'auront pas la partie facile. «Nous lancerons un site de poker uniquement, confie au Figaro Georges Tranchant, président du Groupe Tranchant. Il serait normal que les casinos aient une compensation en étant les seuls autorisés à proposer des jeux de casino sur Internet, comme c'est le cas en Belgique.»
En mai, le groupe, avec Joa et lucien Barrière, a porté plainte contre onze sites Internet de jeux opérant déjà en France sans autorisation. «Le dossier sera examiné en correctionnelle les 9 et 10 février, précise Georges Tranchant. Nous souhaitons que ces sites soient interdits en France pendant un ou deux ans.»
(source : lefigaro.fr/Mathilde Visseyrias)