Le Mégapot est tombé dans la nuit de samedi à dimanche au Pasino. Son montant ? 1 975 304,85 €... Principe du jackpot progressif multisites : 225 machines à sous du groupe Partouche - dont huit au casino de Saint-Amand - sont reliées entre elles, ce qui démultiplie d'autant la taille du pactole à gagner. Les deux gagnantes ont reçu leur chèque hier matin des mains de Didier Hochart, le directeur.
Tassa et Valérie sont revenues sur les lieux où, cinquante-six heures plus tôt, la chance a tourné en leur faveur. Où leur vie, probablement, a basculé. Touchantes de naturel et de simplicité, elles ont répondu aux questions des médias. À aucun moment, elles n'ont songé à se cacher. Simplement, pour leur tranquillité, on ne citera pas leur nom. Ni la ville où toutes deux habitent. Une ville du Valenciennois.
Pour la photo, elles se sont réinstallées devant la machine n° 263. Cette machine où, dans la nuit de dimanche, elles étaient venues miser quelques dizaines d'euros et de laquelle elles ne se sont absentées que pour griller une cigarette au fumoir. Quand elles y sont revenues, un joueur a libéré la place, à court de monnaie. La chance a choisi son camp. C'est Tassa qui était au bouton. Les trois macarons se sont alignés. Valérie a levé les yeux vers l'écran : « Je me suis dit que ça allait être gros, mais il y avait trop de chiffres, que je n'arrivais pas à convertir : car je pensais n'en avoir gagné qu'une partie, en fonction de la mise. » Trop de chiffres aussi pour Tassa : « J'ai lu 190 000. Je vais m'offrir une petite Clio, ai-je dit. On m'a répondu que j'allais pouvoir m'en acheter cent... » Le sort a bien fait les choses. Tassa, 51 ans, divorcée, mère d'un garçon de vingt-deux ans, a décroché il y a quelques mois un job dans un restaurant, trente heures par semaine. Célibataire sans enfant, Valérie, 42 ans, élevée par des parents adoptifs, a connu le chômage et le RMI : elle retravaille depuis deux ans, à 130 heures par mois, sur une plate-forme téléphonique. Vivant dans le même immeuble, l'une au-dessus de l'autre, elles se sont connues il y a deux ans. Sont devenues très proches. C'est Tassa qui a entraîné Valérie au casino, où elle dit « se sentir bien ». Samedi, Tassa a fini son travail à 23 h. D'habitude, elle ne rechigne pas à faire une heure supplémentaire, pour arrondir ses fins de mois. Mais là, elle n'a pas voulu faire attendre Valérie...
« Des signes »
Elles avaient rendez-vous avec la chance, et Valérie en avait la prémonition : « Depuis trois semaines, j'ai reçu trop de signes. Par internet, une voyante me voyait gagner 40 000 E dans les six semaines. Et puis on était le 22 : tous les 22, il m'arrive quelque chose, que ce soit bien ou mal... »
D'abord une voiture
Quels projets ont-elles déjà ? Se mettre « un toit sur la tête ». Et d'abord changer de voiture. La Clio de Tassa a dix-neuf ans : « Elle ne passe pas au contrôle technique. » Valérie aura seulement fini de payer en juin une voiture qu'elle a achetée 2 000 € il y a deux ans, grâce à un prêt contracté par sa mère. Elle se verrait bien s'offrir un 4 x 4, pour elle et son fidèle compagnon : un chien husky. Un signe : toutes deux ont prévenu leur patron de leur situation, mais aucune ne se voit quitter son emploi avant d'avoir été remplacée. « Ce travail, disent-elle sur le même ton, on en a eu besoin et on a été bien contentes de le prendre. »
(source : lavoixdunord.fr/BERNARD DÉFONTAINE)