Après le départ du président du directoire Sven Boinet, le gendre de Lucien Barrière vient d'installer aux commandes deux familiers du groupe.
«Je n'ai pas de complexe à dire que je suis encore là pour dix ans !», lance Dominique Desseigne. À 65 ans, le sémillant président du conseil de surveillance du groupe Lucien Barrière ne cache pas son admiration pour des patrons octogénaires comme Antoine Bernheim, Serge Dassault ou Paul Desmarais, dont il est «proche»… Et lui a aussi une mission, celle que lui avait confiée sa femme Diane, décédée en 2001: «transmettre le bâton à la quatrième génération». C'est dans une optique de régence donc, qu'après le départ du président du directoire Sven Boinet pour Pierre et Vacances, le gendre de Lucien Barrière vient d'installer aux commandes deux familiers du groupe, Christian Meunier, 55 ans, et Jacky Sticker, 56 ans, pour l'aider à conduire le navire à bon port. En espérant qu'un jour, Alexandre, 22 ans, ou Joy, 19 ans (tous deux étudiants) ou «peut-être un gendre», reprenne la barre… «Ça laisse du temps pour voir».
Un tandem complémentaire
Au passage, il fait aussi l'économie d'un salaire, bienvenue en cette période de gestion resserrée. «On a la chance d'avoir deux personnes de qualité, complémentaires et qui travaillent ensemble depuis quatre ans.» Entré chez Barrière en 1980, Christian Meunier a dirigé les palaces de Deauville, de La Baule puis, au directoire, les resorts tout en menant étroitement les ouvertures de l'hôtel Fouquet's à Paris et du Naoura Barrière de Marrakech. Jacky Sticker était, lui, l'homme des casinos d'accor (aujourd'hui actionnaire à 51 % de Barrière) avant de rejoindre il y a quatre ans le groupe comme patron des opérations de la région Sud. Il pilotait aussi les achats du groupe et le contrôle de gestion des casinos.
Un tandem donc, pour succéder à Sven Boinet. Durant ces cinq années, l'ancien manager d'accor, arrivé pour intégrer les casinos, a modernisé le groupe familial et insufflé la culture du résultat, tout en poursuivant son déploiement (Lille, Toulouse, agrandissement du Majestic…). «Il a permis au groupe d'affronter la crise sans renier la qualité de service, qui fait sa force», relève Dominique Desseigne qui garde l'œil sur tout, et qui en vacances, étudie la… concurrence. «Grâce à notre réactivité et aux nouveaux produits, on a perdu moins de couleurs que les autres.» Une baisse de 2,5 % seulement cette année, à 1,065 milliard pour le groupe, hors la Fermière de Cannes dont le Qatar détient désormais 22,7 % au côté de la famille. «Des gens qui pensent à long terme», se félicite «DD», qui fêtera en 2012 un siècle de saga familiale.
(source : lefigaro.fr/Carole Bellemare avec Corinne Caillaud)