PARIS (Dow Jones)--Isabelle Parize, directrice générale de Mangas Gaming, le propriétaire du site de paris en ligne BetClic, espère une évolution du projet de loi sur l'ouverture à la concurrence des jeux en ligne, dont plusieurs points sont, selon elle, anticonstitutionnels ou provoquent une distorsion de la concurrence.
"Pour l'instant nous n'avons pas été entendus, mais nous ne désespérons pas", a déclaré I.Parize lors d'une rencontre avec la presse, en ajoutant que l'examen du texte au Sénat en janvier pourrait être l'occasion d'introduire des modifications.
Selon la dirigeante, l'obligation faite aux sites internet déjà en activité de remettre à zéro les comptes des joueurs français pour obtenir une licence d'exploitation est anticonstitutionnelle, car elle ne s'applique pas aux anciens monopoles que sont la Française des Jeux, ou FDJ, et le PMU, et ne respectent donc pas le principe d'égalité de traitement.
I.Parize a également estimé qu'il existait des situations de distorsion de la concurrence en faveur des actuels monopoles publics. Elle a notamment cité le fait que ces derniers puissent "prendre de l'avance" en termes de communication, puisqu'ils sont les seuls autorisés pour le moment à faire de la publicité, ou encore les liens existant entre ParionsWeb.fr, le nouveau site de paris en ligne de la FDJ, et FDJ.fr, son offre de jeux de loterie en ligne, qui restera sous monopole.
La dirigeante a également mentionné le fait que le PMU mette en commun les mises récoltées sur internet et celles recueillies dans son réseau physique, qui reste sous monopole, ce qui lui permet de reverser à ses clients en ligne des gains beaucoup plus importants que ne peuvent le faire les acteurs uniquement présent sur internet.
I.Parize a par ailleurs qualifié de "serré" le calendrier actuel du gouvernement, qui souhaite que l'ouverture du secteur soit effective au moment de la Coupe du monde de football, en juin 2010.
Le projet français d'ouverture des jeux en ligne a été adopté en octobre par l'Assemblée nationale, et doit maintenant être examiné par le Sénat.
La dirigeante n'a pas souhaité donner le pourcentage exact de son activité réalisée en France. Elle a simplement précisé qu'il s'agissait d'un marché "important mais pas majoritaire" dans le chiffre d'affaires total de Mangas Gaming.
Si elle reconnaît que la France est un marché "incontournable" pour le groupe, elle affirme que l'hypothèse de renoncer à demander une licence en France n'est pas exclue.
"On peut se poser des questions compte tenu du texte", a-t-elle déclaré, réaffirmant notamment que le niveau de prélèvement envisagé n'était "économiquement pas viable". Selon elle, un niveau "acceptable" de taxation se situerait autour de 1,5% à 2%.
Elle s'est également dit sceptique quant à la capacité des autorités à bloquer l'accès des joueurs français aux sites qui n'auront pas de licence. "Aux Etats-Unis, 80% des joueurs ont continué à jouer après l'interdiction du poker en ligne", a-t-elle souligné.
La dirigeante a enfin estimé que le plafonnement à 85% du taux de retour aux joueurs ne permettrait pas de créer une offre attrayante par rapport aux sites aujourd'hui en activité.
"Nous savons qu'au début nous allons perdre de l'argent sur la France, mais nous sommes convaincus que le gouvernement se rendra compte que cela ne fonctionne pas et reverra sa copie", a-t-elle ajouté.
Alors que le projet de loi prévoit de faire un bilan de l'ouverture du secteur après 18 mois, I.Parize a déclaré souhaiter que cette clause soit "ramenée à six mois".
Mangas Gaming est détenue à parité par l'homme d'affaires Stéphane Courbit et par la Société des Bains de Mer (BAIN.FR), l'exploitant des casinos et des hôtels de la Principauté de Monaco.
(source : easybourse.com/Amélie Baubeau/Dow Jones Newswires)