ALans-en-Vercors, une poignée d’habitants s’est mobilisée contre la construction d’un casino. La justice leur a donné raison. Pour le moment.
Tout commence le 20 mars 2003. Le conseil municipal de Lans-en-Vercors vote la création, à l’unanimité, d’un casino sur le site de l’Ecluse, une zone naturelle classée. Surprise pour les 2 300 habitants du village, pas au courant. Pour protester contre cette décision se crée alors l’association Lans Vegas : 130 adhérents, un journal d’opposition, des tracts et l’ambition affichée de contrer l’installation des machines à sous sur la commune. “Lans perdra-t-il son âme ? questionnent les opposants. Les machines à sous ne sont porteuses d’aucune valeur positive. Elles constituent un piètre modèle pour les 30% de jeunes du village”, sans compter que “le site de l’Ecluse (devra) être détourné de sa vocation naturelle”.
La mairie lorgne sur le jackpot
Pour Guy Charron, alors maire du village, tout est vu : “95 % des recettes fiscales de la commune viennent des ménages et 5 % seulement des entreprises. Il faut rééquilibrer la balance. Les recettes attendues du casino devraient au moins permettre de doubler le montant global de la taxe professionnelle”. Réponse de l’opposition : “la situation n’est pas critique au point d’imaginer n’importe quoi”. Fin 2003, le parc naturel régional du Vercors est défavorable au projet de casino qui devrait s’installer juste... à l’entrée du parc. Quant au conseil général, il émet un avis très réservé, arguant de “l’ouverture à l’urbanisation dans un parc naturel régional”.
Qu’importe, début 2004, la mairie vote la révision du plan d’occupation des sols (POS), puis enchaîne sur le choix du gérant. Ce sera le lyonnais Moliflor Loisirs (aujourd’hui JOA). Selon le budget prévisionnel du casinotier, son établissement rapportera à la commune 111 000 euros la première année, 671 000 euros la deuxième et jusqu’à 992 000 euros à partir de la cinquième année. Mais la commission des sites (chargée de veiller sur les sites historiques et pittoresques, de prendre l’initiative de leurs inscriptions et de leur classement) suspend le dossier... Avant de se prononcer “pour”.
Aujourd’hui, Jean-Paul Gouttenoire, le nouveau maire, se trouve dans une position complexe : “je suis obligé d’assumer les bêtises de mon prédécesseur, l’association Lans Vegas est contre nous et moi, personnellement, je suis contre le casino, c’est une question d’éthique”. Car l’histoire n’est pas encore finie : si la justice a invalidé la révision du POS, elle n’a pas encore rendu de jugement sur la validité du permis de construire accordé à JOA. Épilogue fin 2009, début 2010.
(source : lyoncapitale.fr/Dalya Daoud , Guillaume Lamy)