Propos recueillis par Dominique Arnoult
Le projet de loi qui libéralise le marché du jeu sera débattu cet après-midi à l'Assemblée nationale. En 2010, la Française des Jeux, le pmu et les casinos devront faire face à une concurrence nouvelle. Le coup de gueule du président du groupe Partouche, propriétaire de casinos dont le Pasino d'Aix.
- Que pensez-vous du projet de loi sur l'ouverture des jeux d'argent en ligne ?
Patrick Partouche : Cette loi n'est ni plus ni moins qu'une mascarade visant à conforter le monopole du pmu et de la Française des Jeux. Le premier dispose de la filière hippique. Quant à la Française des Jeux, l'État l'a mise à l'abri en lui donnant le poker. Rien dans le dispositif n'est prévu pour les casinos.
- Ce sont donc les grands perdants ?
P.P. : Cela fait une dizaine d'années que je déclare que le jeu en ligne arrive et que la partie est loin d'être gagnée. La seule loi qui a été votée, avec un décret d'application intéressant nos établissements, concerne les tournois de poker. Quand je vois de quelle manière cette loi est bafouée, je pense qu'un nouveau texte
n'apportera rien du tout. Sur les quelque 200 casinos qui existent actuellement, il n'en restera plus, dans quelque temps, qu'une cinquantaine. Ce seront de grands établissements avec une offre d'animation comme à Aix-en-Provence.
- Les temps sont si durs ?
P.P. : Nous avons dû comprimer 400 emplois et licencier 100personnes. Nous avons arrêté tous les parrainages. Mais je reste optimiste,le groupe Partouche, ce ne sont pas que les casinos. Nous sommes, entre autres, des opérateurs de jeu en ligne autonomes et propriétaires de l'ensemble des technologies. Je suis donc optimiste.
- Votre groupe n'a pas attendu cette loi et propose depuis longtemps plusieurs sites de poker en ligne, ce qui vous a valu quelques déboires...
P.P. : J'ai été la seule personne à être condamnée pour cela en France. J'ai même été condamné à douze mois de prison avec sursis, mais j'ai fini par obtenir gain de cause en cassation.
- On vous reprochait d'avoir passé un accord avec une société située à Belize. Allez- vous régulariser cette situation quand la loi sera votée ?
P.P. : Plus de 1 000 amendements sont prévus. J'attends de voir ce que deviendra le texte.
- Vous préfériez continuer à fonctionner sans loi...
P.P. : Je préfère rester dans une zone grise dans laquelle j'ai pris mes marques que dans une pseudo zone blanche qui ne nous apporte rien.
- Quel est, dans votre chiffre d'affaires, la part des jeux en ligne ?
P.P. : C'est un chiffre que je communique aux actionnaires. Si vous voulez le savoir, une action du groupe Partouche vaut 3€.
(source : laprovence.com/Dominique Arnoult)