La réglementation sur le fonctionnement des casinos devrait être prochainement modifiée en Grande-Bretagne, de quoi attiser les convoitises de grands groupes britanniques et américains notamment.
Le nouveau texte de loi devrait être déposé fin 2003 et ne deviendra pas loi avant de longs mois.
Dans un pays où tout est prétexte au pari chez les fameux "bookmakers", les casinos n'attirent pas beaucoup les Britanniques. Ce paradoxe s'explique par une législation sévère, remontant aux années 60.
"Seulement 2 à 3% de la population adulte britannique sont déjà entrés dans un casino", explique le professeur Peter Collins, directeur du centre de recherches sur les jeux d'argent à l'université de Salford (nord de l'Angleterre).
"En France, par exemple, beaucoup plus de gens sont déjà allés dans un casino: le chiffre est de 30%", poursuit cet universitaire.
Mais ces chiffres devraient rapidement changer: la réforme de la législation prévoit la suppression de la "règle des 24 heures" qui stipule que tout joueur doit être membre du club privé affilié au casino depuis 24 heures pour pouvoir entrer dans des salles de jeu.
Selon la nouvelle réglementation, les casinos pourront également faire de la publicité, proposer des spectacles et offrir toute la gamme des jeux d'argent, de la roulette aux machines à sous, sans oublier la très britannique tombola, le "bingo".
"Cela devrait provoquer un changement radical dans le monde du jeu", estime Paul Korolkiewicz, expert du secteur au sein du cabinet de consultants KPMG.
"Je pense qu'il y a un énorme potentiel de croissance pour ce secteur", ajoute-t-il, en évoquant "ces gens qui n'ont pas accès aux casinos parce qu'ils ne veulent pas attendre 24 heures pour devenir membres ou parce qu'ils ne trouvent pas l'offre actuelle intéressante".
Selon le professeur Peter Collins, les recettes des casinos pourraient passer de 500 millions de livres (700 millions d'euros) actuellement à... 4 milliards de livres (5,7 milliards d'euros), une fois que la législation aura été changée.
Le groupe Kerzner International, qui possède entre autres l'immense casino Atlantis aux Bahamas avec son décor marin et ses 2.317 chambres d'hôtel, a ainsi acquis une licence d'exploitation pour un casino à northampton (centre de l'Angleterre).
Le mois dernier, le groupe américain Isle of Capri, fort de 15 casinos, a annoncé vouloir construire un énorme complexe de salles de jeu, restaurants et divertissements, à Coventry (centre).
D'autres groupes comme Harrah's Entertainment et Rival MGM Mirage, ont choisi de s'allier avec des entrepreneurs locaux.
"Les opérateurs britanniques connaissent très bien le marché local, mais ils devront répondre au défi posé par les grands groupes internationaux", souligne Paul Korolkiewicz.
Enfin, certains opérateurs ont déjà déniché un bon filon en pariant sur une particularité du marché britannique, la passion pour le football. C'est ce qui les a incités à approcher des clubs de football comme Manchester United et Chelsea pour construire des salles de jeu dans l'enceinte de leur stade.
"Cela pourrait devenir un secteur avec beaucoup de concurrence: il faut s'attendre à ce qu'il y ait des gagnants et des perdants", conclut Peter Collins.
(source : CourrierI
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