Ni présentation. Ni formule de politesse. Avant-hier, vers 21 h 50, au bout du fil, juste quelques mots lancés par la voix rauque d'un homme. Des mots à vous glacer le sang. Un engin explosif serait dissimulé dans l'enceinte du Royal Casino de Mandelieu.
Stupeur à la réception de l'hôtel. Mauvaise blague ? Ou réelle menace ? Il faut se décider vite. Analyse rapide par la gendarmerie des mots et du ton employé. Et le verdict tombe : l'appel semble crédible. L'hôtel de Mandelieu doit être évacué. Branle-bas de combat.
« Nous avons d'abord pensé à un feu »
Vers 22 h 10, la sirène retentit dans l'établissement. Puis les haut-parleurs crachent un message appelant les clients à sortir au plus vite. « Ça a été la panique totale, raconte Paolo, arrivé dimanche dans l'hôtel. J'étais dans la chambre avec mon épouse quand nous avons entendu l'alarme. Nous avons d'abord pensé à un feu. Nous sommes alors descendus le plus rapidement possible. »
En quelques minutes, l'hôtel et le casino sont intégralement vidés. Réunis dehors, les quelque 200 clients ont alors été invités par les forces de l'ordre à se rassembler sur le parking situé au bord de la Siagne, face à l'établissement.
Durant de longues minutes, ils restent là, sans savoir. « On nous a juste dit d'attendre ici, ronchonne Varisco, l'épouse de Paolo. Ce n'est que bien plus tard que l'on a su ce qu'il se passait. »
Les clients relogés dans les hôtels alentour
De loin, ils ont alors essayé de comprendre. Ils ont assisté à la valse des « pin-pon » et à l'agitation policière de circonstance. « Nous avons fait appel à une équipe de démineurs de Nice ainsi qu'à un maître-chien de l'aéroport, explique le lieutenant-colonel Giraud, qui commande la compagnie de Cannes. Nous avons fouillé chaque chambre, étage par étage. Puis, nous avons fait le tour des sous-sols et de l'ensemble des coursives ».
Il faudra plus de quatre heures pour que les 7 000 m2 du Royal Casino soient passés au peigne fin. Quatre heures que les clients de l'établissement n'ont, heureusement pour eux, pas passées sur le parking. Dès 23h, ils ont été conduits dans trois hôtels alentour. Tous n'ont cependant pas pu être relogés pour la nuit. La majorité a dû attendre dans la salle de réunion de l'hôtel l'Ermitage du Riou. Et ce n'est que vers 3 h 45 du matin qu'ils ont pu regagner leur chambre. Quand les forces de l'ordre étaient enfin assurées qu'il n'y avait aucun explosif dans l'établissement.
Car le coup de fil était en fait un canular. Une bien mauvaise blague qui risque de coûter cher, très cher à son auteur. Identifié dès hier par la gendarmerie, le plaisantin, qui se pensait sans doute anonyme, risque une peine de prison ferme et plusieurs milliers d'euros à payer. « En comptant le remboursement de cette nuit gâchée à nos clients et le manque à gagner de notre casino, on estime notre perte à plus de 75 000 euros », a déclaré, hier, Jean-François Chapel, directeur des opérations du Royal Casino.
(source : cannes.maville.com/Pierre Comet/Nice-Matin)