La star, premier Français champion du monde de poker, s'allie à Marc Simoncini et aux deux fondateurs de Caramail. Les quatre ont investi pour reprendre un site de poker anglais existant, Winamax.
A la veille de la libéralisation des jeux en ligne, on se demandait quel site parviendrait à attirer le très convoité Patrick Bruel, icône des tables de jeux. Le suspens a pris fin : la star, premier Français à être devenu champion du monde de poker, ne ralliera pas les projets de sites de TF1, de M6, de Stéphane courbit ou encore d'un groupe de casinos comme Partouche. Il préfère s'allier avec le fondateur et dirigeant du site de rencontres Meetic, Marc Simoncini, pour devenir actionnaire d'un site de poker en ligne anglais existant, Winamax, qu'ont également rejoint les fondateurs de Caramail, Alexandre Roos et Christophe Schaming.
"Nous sommes quatre actionnaires, à peu près à parts égales, à avoir repris Winamax, qui va se porter candidat à l'obtention d'une licence de poker en France", a révélé Marc Simoncini dans un entretien aux " Echos ". Winamax aura l'exclusivité de l'image de Patrick Bruel, qui ne devrait pas participer à d'autres projets, et ne demandera pas d'autre licence que celle du poker. " Nous ne souhaitons pas opérer de paris sportifs, ces derniers vont constituer un des secteurs les plus concurrentiels et les plus complexes, notamment du fait des risques de fraude, nous préférons nous concentrer sur un domaine que nous connaissons bien, explique Marc Simoncini. Nous pourrons en revanche signer des accords avec des acteurs de paris sportifs pour proposer des offres croisées sur notre site et ceux de nos partenaires ".
Synergies avec Meetic
Bien que le poker n'ait au premier abord pas grand chose à voir avec les rencontres en lignes, des synergies existeront aussi avec Meetic. " Meetic possède une très importante base de données de clients qui, par leur tranche d'âge et leur statut de célibataires, constituent le coeur de la clientèle des paris en ligne et surtout des joueurs de poker, poursuit Marc Simoncini. Meetic pourra donc vendre des espaces publicitaires aux sites opérant dans ces secteurs, dont bien sûr Winamax".
Winamax, qui fonctionne en français et en anglais, compte plus de 700.000 inscrits sur ses sites dont 150.000 joueurs (les autres participant à des forums de discussion et de formation au poker) et se rémunère par une commission sur les mises. Ces dernières peuvent aller de 1 euro à 10.000 ou 15.000 euros en fonction de la table choisie par le joueur. La société emploie actuellement 30 personnes. Bien que basé à Londres (le site a une licence anglaise), "Winamax a une majorité de clients français et, après l'obtention de la licence, transférer le siège en France ferait du sens, estime Marc Simoncini. Les effectifs devraient également croître pour passer à une centaine de personnes fin 2010", c'est-à-dire quelques mois après l'obtention de la licence, attendue au printemps 2010. A moins d'un nouveau retard, car les licences devaient à l'origine être attribuées au 1er janvier de l'année prochaine. "Le retard législatif n'empêche pas l'ouverture du marché, en réalité il est déjà ouvert puisqu'il existe 25.000 sites dans le monde dont 20% en français ! explique le fondateur de Meetic. Le problème n'est plus d'ouvrir le marché mais de le réguler le plus rapidement possible".
On estime qu'il existe aujourd'hui environ un million de français jouant au poker en ligne, un chiffre qui pourrait potentiellement grimper à trois millions à terme et faire ainsi passer la valeur du marché de 150 à 500 millions d'euros (en montant brut de mises). Les français jouent majoritairement sur des sites étrangers, dont les géants américains Pokerstar et partygaming, mais aussi sur des sites leaders européens tels que l'autrichien Bwin ou l'allemand full-tilt. Tous ces sites se rémunèrent par une commission de 1,5 à 2,5% des mises. A laquelle s'ajoutera, en France, 2% prélevés par l'Etat.
(source : lesechos.fr/MYRIAM CHAUVOT)