Les établissements de jeu ont gagné un peu moins en 2008 que l’année précédente. Internet est leur nouvel eldorado.
Les casinotiers suisses ne sont pas au bord de la banqueroute, mais ils ressentent, eux aussi, les effets de la crise. Pour se refaire, et surtout pour assurer leurs recettes futures, les maisons de jeu parient d’ores et déjà sur Internet.
La Fédération suisse des casinos (FSC) a présenté hier son chiffre d’affaires 2008: 992 millions de francs. Des revenus encore confortables, mais qui baissent: –2,7%. Sur le premier trimestre 2009, la diminution est encore plus sensible. Elle atteint près de 10%. Si la tendance se confirme – ce qui est probable – ce recul va se payer cash pour la Confédération et les cantons. Car l’impôt sur les casinos A va entièrement à l’AVS. Celui sur les recettes des casinos B finance l’AVS (60%) et les cantons (40%). Au total, en 2008, 517 millions de francs ont été empochés par l’Etat.
Vu que le Conseil fédéral a annoncé en début d’année qu’il comptait revoir son imposition à la hausse, la FSC ne se prive pas aujourd’hui de remettre la pression sur les autorités. Outre la mauvaise conjoncture, nos élus sont d’ailleurs désignés comme indirectement responsables de la baisse du chiffre d’affaires. «Nous subissons le contrecoup des législations antitabac déjà en vigueur dans certains cantons», insiste Marc Friedrich, chef du secrétariat de la FSC. Cela est particulièrement le cas au Tessin, dans les Grisons et à Saint-Gall.
Concessions pour le Net
Pour compenser la désaffection des fumeurs, et les victimes de la crise, les casinotiers misent sur Internet. «Nous nous préparons à nous développer sur la Toile», confirme Marc Friedrich. Le Casino de Montreux est déjà candidat à une extension online. Cas échéant, il pourra s’appuyer sur l’expérience de son groupe (Barrière) qui exploite un site en France. D’autres établissements, plus petits, travaillent sur des solutions «maison». Pourquoi? Parce que le Conseil fédéral joue dorénavant la même carte que les casinos suisses. Le gouvernement a récemment accepté de légaliser les casinos online. Comme il le fait pour les établissements physiques, il s’apprête à octroyer un certain nombre de concessions Web, après mise au concours.
La commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) a rendu un rapport fouillé sur le sujet. Elle chiffre les gains possibles, en 2012, entre 42 et 174 millions de francs, selon les modèles de taxation. Mais Berne veut aujourd’hui aussi ouvrir le marché du casino online à un maximum d’acteurs… Pour la FSC, pas question que d’autres raflent la mise. «Nous allons insister auprès des autorités pour que seuls les casinos suisses puissent exploiter des sites de jeu sur Internet.» La partie ne fait que commencer.
(source : tdg.ch/CÉDRIC WAELTI)