Jeudi 7 mai 2009 : Promosud vend pour 5 milliards d’hôtels et de casinos
Un protocole de vente a été signé, le 1er mai, entre Promosud et le groupe Barrière, spécialiste des casinos. 20 % de la SHN (Méridien) et 40 % des Casinos de Nouméa seront cédés pour 5 milliards de francs.
C’est une surprise. « Même les actionnaires minoritaires ne sont pas encore au courant », glisse malicieusement Alain Descombels, président de Promosud, la société de promotion touristique de la province Sud.
C’est même une surprise de taille : un accord financier a été trouvé entre Promosud et le groupe Lucien Barrière, premier casinotier de France.
Selon le protocole paraphé le 1er mai, Promosud cédera au groupe privé 20 % des actions de la Société des hôtels de Nouméa (SHN), dont elle détenait 90 % au total. Barrière obtiendra également 40 % de la SNC Casino, actuellement contrôlée à 90 % par sa maison mère, la SHN.
Au total, ce paquet d’actions sera vendu 5 milliards de francs (1 milliard pour les actifs SHN, 4 milliards pour ceux des casinos). Un bon prix pour la collectivité, assure Alain Descombels, que les acheteurs « n’ont pas du tout discuté ».
Pourquoi cette annonce express, en fin de mandature ? Des négociations « discrètes » étaient en cours depuis 2005, et l’accord aurait pu intervenir « il y a un an », sans la crise financière, explique-t-on à Promosud. De longue date, poursuit Alain Descombels, « nous étions à la recherche d’un partenaire privé qui pourrait nous épauler, grâce à un savoir-faire et une renommée internationale ».
Avec un chiffre d’affaires de 144 milliards de francs, 40 casinos, 15 palaces (comme le Fouquet’s à Paris ou le Majestic à Cannes), 100 restaurants et 3 golfs à travers le monde, « le groupe Barrière est ce partenaire-là : il a ses méthodes de gestion, qui permettront sans doute aux casinos d’être plus rentables, et il peut nous apporter une clientèle haut-de-gamme ».
Puisque « des gens d’Arabie saoudite sont prêts à aller à Deauville pour faire un golf », l’étiquette Barrière attirera les grosses fortunes d’Asie, d’Amérique ou d’Europe, parie Alain Descombels.
Un bon prix que les acheteurs « n’ont pas du tout discuté »
difficile à dire, puisque les tentatives de cet ordre (hôtels de luxe à Nouméa, golfs...) se sont toutes soldées par des échecs économiques, jusqu’à présent. Rappelons que 90 % des touristes qui font tourner le secteur sont des Calédoniens, ou des Métropolitains venus pour d’autres raisons (emploi, visite d’un proche), selon un rapport de la chambre des comptes daté de janvier dernier.
Autre question : pourquoi céder 40 % des casinos nouméens à un privé, alors qu’il s’agit d’un secteur extrêmement rentable ? Pour Alain Descombels, « c’est la preuve que nous ne sommes pas des socialo-communistes, comme certains le disaient quand Promosud rachetait les parts de la SHN [entre 2006 et 2007, passant de 33 % à 85 % du capital, NDLR]. Au moins, nous vendons au prix du marché. »
Une pierre dans le jardin des anciens gestionnaires de la province Sud et de Promosud... En 1995, l’ex-président de la SHN, Michel Quintard, et le promoteur Alfio Zuccato avaient chacun reçu 5 % des casinos pour 20 millions de francs, alors que ces parts valaient entre 100 et 200 millions, selon la chambre des comptes. Aujourd’hui, estime Promosud, elles se vendraient 400 millions. Entre-temps, elles ont fourni à leurs détenteurs 3 millions de francs de dividendes par mois, à chacun, depuis treize ans.
Quant à l’idée de vendre une partie des casinos, elle n’est pas neuve non plus. En 2004, la précédente équipe (Daniel Laborde à Promosud, Michel Quintard à la SHN) s’était engagée avec un groupe d’investisseurs français, autrichiens et chinois. Le prix de vente de l’ensemble de la SHN était alors fixé à 6,8 milliards, alors que la valeur théorique de cet ensemble, dans l’accord signé le 1er mai, est de 14,7 milliards. Le double.