La belle histoire a viré au roman noir. Il y a deux semaines, sur une machine à sous du casino de Palavas-les-Flots (Hérault), Marie-Hélène, une Montpelliéraine, décrochait la lune : un jackpot record, le Megapot, mis en place depuis décembre parmi les 42 casinos du groupe Partouche, et qui, ce jour-là, tombe sur elle. Au total, 2 174 667,15 €, une gloire fugace, quelques bulles de champagne, un passage remarqué dans les médias, et un gros chèque remis dans les heures suivantes par les responsables du casino. Mais depuis cette semaine, l'affaire a pris une tournure toute différente : un autre joueur vient de saisir la justice, en affirmant être le véritable bénéficiaire du gain.
Le 6 mars, Marie-Hélène avait confié son billet de 50 € à Francis, un ami qui semble lui porter chance, et qu'elle appelle « mon trèfle à quatre feuilles », ainsi qu'elle l'avait alors raconté *. Et c'est Francis, un quinquagénaire palavasien, qui avait appuyé sur le bouton, stoppant ainsi la machine, et affichant le jackpot.
« J'ai été mandaté pour demander au procureur de la République de déclencher une enquête pour que la lumière soit faite sur cette affaire : le gagnant n'est pas cette dame », confirme aujourd'hui Me Luc Abratkiewicz, l'avocat montpelliérain de Francis. « Le gagnant, c'est celui qui appuie sur le bouton et qui a la baraka. Il faut saisir les images des caméras. Maintenant qu'il y a un litige, les jeux sont faits, et rien ne va plus. » Le parquet de Montpellier a saisi le Service régional de police judiciaire de Montpellier, qui va rapidement débuter l'enquête, en procédant à l'audition des deux protagonistes, et des employés présents ce jour-là au casino de Palavas.
« On est très étonné », estime Jean-Marc Masquelier, le PDG de l'établissement palavasien. « Quand le Megapot est tombé, cette dame s'est déclarée comme étant la gagnante, et ce monsieur qui était avec elle n'a eu aucune réaction. Le plus étonnant dans cette histoire, c'est qu'ils étaient ensemble, qu'ils ont dîné ensemble le soir au restaurant du casino, et que huit jours après, il apparaît un problème. »
Mais qui est donc le vrai gagnant, celui qui mise, ou celui qui appuie sur le bouton ? « Je suis incapable de vous répondre », poursuit le directeur du casino. « Le règlement dit qu'il faut payer le joueur qui se déclare. On a fait les vérifications avec les images, c'est bien elle qui a misé. Pour le reste, c'est un problème entre eux. » Au-delà du déroulement de l'enquête, qui pourrait ne pas déboucher sur la moindre infraction pénale, c'est bien un bras de fer juridique qui paraît désormais lancé. Jusqu'où ira-t-il ? Va-t-on en arriver à un blocage des fonds versés ? Ou bien Francis et Marie-Hélène vont-ils trouver une solution à l'amiable ? « L'histoire montre que les conseilleurs ne sont pas les payeurs », estime Jean-Marc Masquelier. « Et contrairement à ce qui a été dit, aucun employé n'a reçu le moindre pourboire, à l'issue de ce gain. »
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(source : midilibre.com/François BARRÈRE)