Le contrat de délégation de service public (DSP) qui lie la ville de Lyon avec le casino Le pharaon depuis 2000 arrive à son terme le 31 mars 2010, et la Ville de Lyon vient donc de lancer un appel d'offre. Remettant en jeu cet antre du jeu qui trône dans une Cité internationale pas si fréquentée que ça, malgré un Hilton et quelques restos haut de gamme.
La Ville confirme toutefois avoir déjà reçu les propositions de plusieurs candidats. Ce type de procédures étant "un nid à recours judiciaires", et l'appel d'offres se trouvant actuellement dans une "phase secrète de présélection", l'adjoint délégué aux finances, Richard Brumm, n'a pas souhaité s'exprimer sur la question, afin de ne laisser prise à aucune réclamation des candidats.
Ce jeudi 5 mars, la Lyonnaise de Casinos a fait publiquement savoir qu'elle se portait candidate pour participer au renouvellement de l'appel d'offre lancé par la ville de Lyon. La SAS est une filiale du groupe belge Circus, spécialisé dans les activités de divertissement, qui exploite deux casinos en Belgique (Namur et Spa), quinze salles de machines à sous, une discothèque et un bowling. "Notre objectif est de donner une dimension européenne au casino de Lyon"
explique Sébastien Leclercq, directeur du développement qui instruit le dossier lyonnais chez Circus.
Partouche pointe le manque de dynamisme de la Cité internationale
La spécificité de la situation lyonnaise réside dans le statut même du casino propriété du groupe Partouche qui avait construit le lieu, ainsi que l'hôtel Hilton qui le jouxte. "Quelque soit le titulaire choisi à l'issue de l'appel d'offre, le groupe Partouche aura l'obligation de consentir au futur délégataire un bail aux mêmes conditions qu'aujourd'hui", précise Gilles Crottet, de la cellule des délégations de service public, à la Ville de Lyon.
Mais à moins d'une grosse surprise, Partouche devrait rester maître à bord du pharaon. En effet, le délégataire sortant a presque toujours été, dans les cas observés en France, à nouveau choisi par les municipalités. Il y a deux ans, le groupe Partouche avait déjà récupéré sa DSP du casino Le Lyon Vert, qui le lie aux communes de Charbonnières et de La Tour de Salvagny. S'il est peu probable que Partouche ne candidate pas pour son pharaon, il mettait en cause un manque de dynamisme de la Cité internationale dans son rapport annuel de 2007 , craignant pour elle un "avenir très morose".
Repères
1/ Le pharaon en chiffres (2008)
> 468 294 entrées
> 37 710 729 euros de produit brut des jeux (différence entre les mises des joueurs et les gains qui leur sont reversés)
(Source : Ministère de l'Intérieur)
2/ Le deal entre Partouche et la ville de Lyon
Quand Raymond Barre prend la tête de la mairie de Lyon, en 1995, la Cité Internationale sort de terre. Le « meilleur économiste de France » cherche un investisseur pour la construction d'un grand hôtel de rang international. L'équipe municipale en place profite de l'amendement Chaban-Delmas de 1988 autorisant l'ouverture des casinos dans les grandes villes de France, pour offrir la concession d'un établissement de jeu en échange de la construction d'un hôtel de luxe. Malin. Après une lutte sans merci entre Partouche, Barrière et le businessman Michel Boucau, c'est la bande à Isidore qui remporte le marché. Le leader européen des casinos met 270 millions de francs (environ 41 millions d'euros) sur la table pour la construction de l'hôtel Hilton, quatre étoiles luxe. Et a l'autorisation d'ouvrir le premier casino urbain de France (hors station thermale) dont le produit brut des jeux, en 2008, s'élève à plus de 37,7 millions d'euros. Lyon avait son hôtel de luxe pour attirer investisseurs et touristes, Partouche avait son deuxième casino de l'agglo.Franches poignées de main à l'appui.
(source : lyoncapitale.fr/Guillaume Lamy)